Elle avait passé cette porte, après ce qui lui avait semblé être de longues heures d'attente. Puis plus rien. Elle ne savait plus comment ni quand mais elle avait perdu le sens du temps. Il aurait pu se passer quelques jours sans qu'elle n'en fît la distinction avec les secondes. Tout ce qu'elle voyait, c'était la porte. La seule chose qui avait de l'importance. La porte. Le reste s'obscurcissait. Elle ne voyait plus que la pièce était immense et froide. Les murs qui étaient d'une blancheur immaculée ne l'importait que très peu. Elle n'entendait même plus le seul bruit perceptible à l'oreille, le ronronnement des moteurs. Elle était posée là. Elle semblait être une intruse dans ce calme robotisé. Elle était observée, comme elle observait la porte. Ils étaient tous penchés au-dessus d'elle. Ils la voyaient à travers leur vitre de plexiglass. Ils étaient masqués. Leurs mains pianotaient sur des panneaux de contrôle. Mais la seule lumière qui importait parmi tous ces voyants colorés était celle qui brillait autour du battant blanc. Elle s'était débattue un temps, pour atteindre cet accès. Elle savait que ce qui était derrière était important. Elle était attirée, comme une obligation vitale par cette sortie. Elle voulait l'atteindre mais on l'en empêchait. Sa rage atteignait la folie. Elle se sentait prisonnière. Elle avait hurlé, appelant au secours. Personne n'avait semblé esquisser le moindre geste en sa faveur. Il lui semblait que le monde tournait, l'engloutissait. Elle voulait se lever, pousser le battant et voir ce qui se trouvait derrière. Elle voulait rejoindre ce qui l'appelait derrière cette porte. Elle tombait dans des puits sans fond. Les ombres qui se dressaient autour d'elle enfonçant leurs griffes dans sa peau faisaient couler en elle la léthargie à l'état liquide. Ses muscles se paralysaient. Son corps semblait peser des tonnes. Dans un dernier élan de détermination, elle luttait contre cette affreuse sensation. Quand elle parvint à s'en arracher, elle fut attachée. Elle avait été ligotée, par des mains qui lui avaient paru invisibles. Ils la contemplaient sombrer de nouveau dans le sommeil. Elle se laissait faire, lassée de résister. Son dernier regard avant de plonger dans les ténèbres fut pour la porte, derrière laquelle se trouvait peut-être sa mère. Elle voyait son image qui se dessinait dans l'air, remplaçant les ombres monstrueuses et leurs griffes puissantes. Puis, le noir se fit et ce fut le silence.
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NOVA [Nouvelle version]
Science FictionEn l'an 6615, des astrohistoriens de la civilisation néo-terrienne de Nova découvrent la dernière relique de la vie terrienne "antique": un livre ! On l'estime datant du XXIe siècle et il est écrit en "paraglyphes". Cette découverte sera déterminant...