Chapitre 17

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— Vous avez une piscine ? s'exclama Cordélia.

— Oui, visiblement, siffla Ilo entre ses dents.

Depuis le début de la visite, le grand frère n'arrêtait pas de déprécier Asha, son mode de vie et le Clan auquel appartenait sa mère. Ils ne s'appréciaient vraiment pas. Téa, elle, avait été complètement oubliée, noyée par son hésitation qu'elle dissimulait derrière un masque de discrétion. La querelle naissante entre Ilo et Asha lui servait pourtant. Elle pouvait s'adonner à sa nouvelle habitude et occupation première, prendre des notes. Leur dispute lui permettait d'emmagasiner une quantité considérable d'informations sur les noviens.

— On est sur Nova, une planète si aride qu'on doit porter des bracelets de cheville protecteurs. Et vous les Savants, vous gaspillez de l'eau pour vos piscines ?

— Sache que la nôtre sert surtout à ma mère pour ses expériences.

— Des expériences. Pff... C'est du bidon tout ça. Si vous voulez vraiment améliorer la planète, vous devriez déjà vous pencher sur le système social.

— Il est très bien comme ça !

— Pour toi, oui.

— Qu'est ce que tu insinues ?

— J'insinue que...

— Ilo, chuchota Cordélia en le coupant, tu devrais peut-être...arrêter de tout détester, tu ne fais pas grand chose de plus qu'elle pour changer le monde.

— Écoute ta petite sœur... Ilo. Elle a plus de jugeote que toi.

— Premièrement, c'est Iloan. Troisièmement, j'ai clairement plus de jugeote, comme tu dis, que vous tous réunis ! Vous ne vous rendez pas compte du côté carnassier de ce monde !

— Pour avoir de la jugeote, il faut d'abord savoir compter. Après un, il y a deux, pas trois. Tu n'es vraiment qu'un sombre idiot !

— Asha, lui murmura Téa, tu en fais trop là !

Asha se tut, imitée par Iloan. Mais la tension était toujours présente.

— Alors... tu aimes la maison d'Asha, Cordélia ? dit Téa pour détendre l'atmosphère.

— Oh oui ! Beaucoup ! Toi aussi tu as une maison comme ça ?

— Évidemment. C'est une de ces enfants de privilégiés, répondit Iloan à la place de Téa.

— En fait, Téa n'a plus de parents. Voilà un mois que l'ACEED ne s'occupe plus d'elle.

Téa n'en crut pas ses oreilles. Asha la couvrait-elle ? Avec du recul, peut-être qu'elle profitait simplement de cette situation pour déprécier Iloan à son tour.

— Oh... Je ne savais pas. Tu as déjà douze ans toi ?

— Oui. Elle les a. Pas très grande pour son âge mais certainement pas une "petite demoiselle" comme tu dis.

Téa ne comprenait pas. Qu'est-ce que ça changeait qu'elle ait douze ans ou non ?

— Tu fais quoi comme métier ? s'intéressa soudainement Iloan.

Un métier à douze ans ?  Téa était totalement perdue.

— Elle me tient compagnie, la sauva de nouveau Asha.

— Pas de chance pour elle. On s'en va Délia.

Iloan prit sa sœur par la main et, sans un mot de plus, s'en alla.

— Très mature, constata Asha une fois qu'il fût parti. Partir pour avoir le dernier mot.

Tu n'es pas mieux, pensa Téa, sans rien dire.


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