La Cerise du Diable

Chapitre 6

Je la rattrape sur le parking. Mes doigts s'enroulent autour de son coude et elle se retourne, son poing levé, les yeux exorbités par la peur. Ca réaction est légèrement exagérée et je fronce les sourcils.

— Je ne ferais pas ça si j'étais toi, je gronde.

Son poing retombe le long de son corps quand elle croise mes yeux. Elle dégage son bras de ma prise et me fait face, les bras croisés.

— Qu'est ce que tu veux? s'énerve t elle.

— C'est toi qui est venu me voir, je lui rappelle.

— C'était une erreur de toute évidence! Je ne suis pas comme ces filles. Je n'ai pas l'intention de me mettre de la farine plein le nez pour ensuite me frotter à ta jambe comme une chienne en chaleur. 

Je souris malgré moi.

— Parfait! C'est tout ce que j'avais besoin de savoir! 

Je ne touche pas à la drogue qu'on vend. Ce n'est pas le cas de tous, Caleb adore s'en mettre plein le nez. Mais en lui tendant cette paille, j'avais besoin de savoir qui elle était. Seulement, si elle avait accepté mon offre, elle serait sortie de ma tête en une seconde et mon cerveau ne s'en porterait que mieux. Elle laisse échapper un soupir avant de se frotter le visage nerveusement.

— Je ... j'ai besoin d'aide.

— Et pourquoi je t'aiderais?, je ricane.

— Parce que ton ami serait mort sans moi, propose t elle.

Je m'approche d'elle, la dominant de 30 bons centimètres. Son corps se tend quand mes chaussures frôlent la pointe des siennes.

— Tu sauras que je prends ce que je veux, à qui je veux, quand je le veux. Mais surtout, je ne donne rien en retour, je murmure à son oreille.

Sa réaction me surprend. Ses lèvres tremblent et ses yeux s'embuent alors qu'elle s'éloigne désemparée. A peine a t elle disparu que je m'empresse d'appeler Antonio.

— Trouve moi qui fait chanter la sage femme. Vite et discrètement.

— Ca marche, je t'appelle dès que j'en sais plus.

Le gamin est inutile en pleine fusillade, par contre avec un ordinateur en main, il vous trouve le code de lancement de chaque bombes nucléaires du pays en moins d'une heure. Bon, j'exagère peut être un peu son talent, mais je sais que j'aurai ma réponse dans moins de 24 heures. 

Son désarroi m'a transpercé la poitrine. Mes sentiments sont décuplés à son contact et ça va finir par devenir un problème, mais je dois pouvoir régler le sien sans avoir besoin de la revoir. Je dégage l'abruti qui l'emmerde et je reprends ma vie. On sera quitte et ma queue pourra se reposer. 

Les vibrations de mon téléphone me tirent du sommeil.

— Quoi?!, j'aboie.

— J'ai tes infos Drake... Ca va pas te plaire.

— On se retrouve au Capriccio.

— Je t'y attends déjà.

Moins d'une demi heure plus tard, je le retrouve au bar du Casino. Assis face à lui, Antonio me tend des photos que j'examine avec attention. La première date du lendemain de notre embuscade à l'entrepôt des Russes et la seconde d'il y a deux jours. 

— C'est Derek, le Sergent d'Armes des...

— Hell's, je le coupe. Je sais. Le cabinet est sur notre territoire, il n'avait rien à y faire, je rage.

— Et bien en faite j'ai vérifié tous nos traités et le cabinet de Livia se trouve juste sur la frontière entre leur territoire et le nôtre, m'explique t il.

— Peut être mais le Dr Cohen a toujours travaillé pour nous!

— Le Dr Cohen est vieux et grincheux, ce qui est loin d'être le cas de Livia.

— Enlève ce sourire niais de ta bouche ou je tords à nouveau ton nez, je grince.

— Non mais je rêve, tu en pinces pour elle en faite.

Ma main se referme sur sa gorge. Ses mains s'agitent pour m'intimer au calme quand son visage devient violacé. 

— On ne peut pas te laisser seul deux minutes sans que tu essaies de tuer le gamin, râle Jimmy dans mon dos.

Caleb et lui s'installent autour de notre table. Je fusille le gamin du regard avant de la repousser contre sa chaise. Il frotte sa gorge en toussotant. 

— Heureusement que je t'ai demandé d'être discret, je fulmine.

— Je leur ai juste demandé de venir mais ils ne savent pas pourquoi, corrige t il.

— Pourquoi tu veux buter Derek? demande Jimmy en examinant les photos devant nous.

Caleb secoue la tête et commande une tournée. Un serveuse dépose des verres devant nous et j'invite Antonio a leur expliqué ce qu'il a trouvé. Je réfléchis en même temps qu'il leur expose les faits. Caleb sort son téléphone et me montre ce qu'il a écrit "Les Hell's? Elle en vaut vraiment la peine?!". Mon regard meurtrier répond à ma place et il secoue la tête en pinçant les lèvres.

— Tu veux dégommer le MC??, s'inquiète Jimmy. Cyriak ne va pas apprécié.

— Il faut que je trouve s'ils ont menacé certains de nos commerçants et...

Antonio me tend une liste contenant le nom d'une demi douzaine de commerçants autour du cabinet de Livia. 

— J'ai déjà vérifier ça! Ils ont proposé leurs services à tous ceux là. 

— Beau travail gamin, je le félicite. Je vais aller leur rappeler qu'on ne double pas la Cosa Nostra, je conclus. 

— Cyriak ne va pas aimer quand même, insiste Jimmy.

— Ce qu'il ne sait pas ne peut pas lui déplaire. J'irai seul et...

— Hors de question, on y va tous les 4 ou rien, s'énerve mon ami dont la loyauté sans faille me touche.

— Euh tous les 4?, demande Antonio avec une grimace.

— Tu resteras dans la voiture, hein?, je me marre en tapotant son épaule.

Chacun termine son verre avant de se mettre en route. Antonio est anxieux, il n'a pas l'habitude d'être sur le terrain. Mais aujourd'hui il n'y aura pas de mort, enfin normalement. Il faut juste que j'arrive à leurs remettre les idées en place sans attirer les soupçons sur Livia. S'ils se doutent une seconde de ce qu'elle provoque dans ma tête à chaque fois que je pense à elle, on est foutu. Dans ce milieu, avoir une faiblesse c'est mettre une cible sur son dos. Et quand on découvre la faiblesse de quelqu'un, on s'amuse à appuyer dessus aussi souvent que possible pour s'assurer de dominer l'ennemi. 

Mais la Belladone ne deviendra pas une faiblesse. Je règle ce problème, on sera quitte, et je ne la revois plus jamais. A force de le répéter, ça finira bien pas se réaliser, non?