La Cerise du Diable

Chapitre 26

Mon poing fracture son nez, j'enchaîne avec sa mâchoire. 

— Continue tant que tu veux, je ne dirai rien, rigole l'inconscient.

Mon portable ne cesse de s'allumer, des notifications de détection de mouvement au cabinet de Livia. Je vérifie l'heure, 17h, elle a encore 2 bonnes heures de consultations devant elle, j'ai le temps de le terminer. Je ne prends pas la peine de regarder la vidéo, comme toujours. Je ne m'en inquiète qu'en dehors de ses heures d'exercices. 

J'attrape une barre en ferraille et l'écrase contre ses côtés de toutes mes forces. Ses os craquent sous la puissance du coup, lui arrachant des hurlements de douleur. J'enfonce la barre dans ses côtes brisées.

— Toujours pas envie de parler?

— Va te faire f....arrrrrrrrghhhhhh

— J'ai pas bien compris, répète un peu?

 Je continue à jouer avec la barre un moment puis décide de passer à la vitesse supérieur. Ce Serbe est sacrément coriace. Il ne lâche aucune information et se gausse à chaque fois que je change d'outil de torture. Sa bouche en sang suite aux nombreuses extractions, ses paroles commencent à se faire difficile. 

— Trop... tard...

Il rigole et je me fige.

— Pourquoi trop tard? 

— Ils l'ont. 

Mon portable n'a pas vibré depuis un moment, ce qui n'est pas normal et je ne m'en suis pas inquiété avant. Je me jette sur l'écran et découvre avec horreur que je n'ai eue aucune notification depuis bientôt 40 minutes. Caleb comprend et me fait signe qu'il s'en occupe, il sort et je m'acharne sur ce salopard.

— Parle putain, elle est où?, je hurle en le frappant.

Son rire est ponctué de bruit immonde, ses poumons se remplissant de liquide. Il s'étouffe dans son propre sang et je le laisse gire sur le sol. Quand je retrouve Caleb, il est accompagné d'Antonio qui entreprend déjà des recherches. Jimmy m'appelle pour me confirmer ce que je sais déjà.

— Son cabinet est vide Drake. Le Serbe a parlé?

— Il est mort.

— J'arrive.

 Mon cerveau est en proie à une léthargie qui se répercute sur mon corps entier. Incapable de parle, de bouger, de penser. Caleb m'observe mais ne bouge pas non plus. C'est Derek qui me sort de ma torpeur en arrivant accompagné de son président et son hacker. 

— Mec, il faut s'activer. Allez, viens, on va la retrouver.

Je le regarde sans vraiment le voir. Je repense aux derniers mots que je lui ai dit, à notre dernier baiser, nos dernières caresses. Derek me pousse vers l'extérieur, je le suis sans vraiment y réfléchir. Jimmy est dehors avec une bonne partie de nos hommes et quelques Hell's. Sous ses ordres, chaque équipe est envoyée sur un entrepôt différents des Serbes. Caleb me met plusieurs armes dans les mains. 

— Les Serbes vont périr ce soir. Livia est notre priorité mais pas de quartier, on élimine tout ce qui bouge sans exception aucune, scande Jimmy.

Un cri de guerre que j'adore entendre habituellement, annonçant une boucherie sans nom et m'excitant au plus au point, raisonne dans la nuit tombante. Aujourd'hui il ne me fait rien, je suis vide. Des gouttes roulent sur la peau de mon visage. S'il lui arrive quelque chose... je crois que je ne m'en relèverai pas. 

La douleur d'un poing rencontrant ma pommette me sort de ma transe. Mon bras se lève automatiquement, braquant mon arme sur Derek qui vient de m'envoyer une droite magistrale.

— Bouge toi putain! Je t'en dois une, je compte bien t'aider à la retrouver mais je ne vais pas me jeter dans la gueule du loup avec une loque pareille!!!! Elle a besoin de toi alors concentre toi et bouge, hurle t il.

Son intervention a le mérite de me remettre les idées en place. Je hoche la tête et suis le mouvement. Je laisse mon peur et ma peine de côté. La rage et l'animosité les remplacent, coulant dans mes veines comme une drogue addictive. Le shot est puissant et je me transforme en monstre sanguinaire. 

Les heures s'enchaînent, leurs cachettes tombant une à une face à nos assauts. Sortant à nouveau bredouille d'une planque, Derek émet une hypothèse.

— Et si ils nous attendaient là où ma fille était détenue?

— Se serait trop facile, je contre.

— Ou alors c'est ce qu'ils espèrent depuis le début, nous attirer là bas. Tous ensemble. Ils n'avaient peut être pas prévu qu'on cherche à tous les descendre. Ils ont surement pensé qu'on irait directement là bas. 

— Dans quel but?

— Tous nous faire sauter. Imagine, les Hell's au complet et le plus gros de la Cosa Nostra, au même endroit, au même moment. Boom ... et la place est libre pour leur trafic d'êtres humains qu'on veut réguler.

— Livia a dit que c'était un test avec ta fille...

— Elle a surement raison, ils voulaient voir en combien de temps on serait là et à combien on viendrait.

— Ils vont tout faire sauter si on y va.

— Pas si on est plus malin qu'eux. 

— Qu'est ce que tu proposes?, je demande curieux.

— Juste, Jimmy, Caleb, Toi et Moi. Chacun un côté du bâtiment. On prend des silencieux et armes blanches au maximum. On progresse en douceur et en discrétion.

— Ca va prendre un temps fou, je m'inquiète.

— Dit toi qu'ils ne l'auront surement pas touché. Ils vont la placer au milieu du bâtiment comme un appât. 

— J'espère que tu as raison.

Il tape mon épaule en signe de soutien et nous rejoignons les autres pour se préparer à l'assaut. Après avoir informé mes amis de nos suppositions, nous changeons nos armes et nous mettons d'accord sur la meilleure approche à avoir. Les hypothèses et théories fusent et je ne peux m'empêcher de compter les minutes depuis sa disparition. Tout s'emboîte cette fois ci. Avec les Hell's, nous sommes les seuls à ne pas faire dans le proxénétisme et le traite d'êtres humains. Les Russes ont des accords avec nous. Cyriak tolère leurs trafics en échange d'une régulation et de certaines limites. Pas d'enfant, entre autre. Les Serbes veulent s'approprier notre territoire depuis des mois maintenant et nous faire tous exploser affaiblirait considérablement la Mafia Sicilienne, leur laissant le champ libre.