Chapitre 14

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— Devant les clients, un vendredi soir, hurle Cyriak. Tu te rends compte du chiffre d'affaire que tu me fais perdre avec tes conneries? Sans parler de la machine à sous que tu as détruite!

— C'est sa tête qui l'a détruite, pas moi, je marmonne.

— C'est ça fou toi de ma gueule en plus. Tu mériterais que je te botte le cul. Bordel, tu attends quoi pour régler tes problèmes de nana?!

— Je n'ai pas de problème! Il m'a cherché, j'ai riposté, c'est tout! 

— J'ai vérifié les caméras de sécurité imbécile. Il n'a même pas ouvert la bouche, enfin! Tu n'as jamais eue de problème avec les Hell's jusqu'à ce qu'elle débarque alors me prends pas pour un con. Depuis qu'elle est là tu te comportes comme un gamin instable, incapable de gérer ses hormones! Baise la, tue la, épouse la, fais ce que tu veux mais fais le, crie t il. Si tu ne gères pas le problème c'est moi qui vais m'en occuper.

 Mes narines frémissent de rage sous sa menace mais je ferme ma bouche face à mon Boss.

— Va donc soigner ton arcade, tu taches ma moquette, râle t il.

Je sors sans me faire prier. Jimmy m'attend les bras croisés contre mon 4X4. Sans un mot, il grimpe à mes côtés avant que je ne démarre. Une fois chez moi, je trouve de quoi soigner mon arcade et pose de la glace dessus. Jimmy nous a servi des verres de Tequila et j'en vide deux cul sec. 

— Bon, tu comptes m'expliquer ce qui s'est passé l'autre soir?, finit il par me demander.

— Elle m'a demandé de ne pas l'embrasser, je l'ai fait quand même. Elle m'a rendu mon baiser puis m'a repoussé en me reprochant de ne pas avoir respecté sa requête, je résume dans un souffle.

— Ah..

— Ah quoi?

— Bah en même temps si tu l'embrasses alors qu'elle te demande de ne pas le faire....

— Quoi?!, je m'énerve. Va au bout de ta pensée, je t'en prie, je l'invite les dents serrées.

— Quand tu fais cette tête j'ai pas envie de te dire ce que je pense! 

— Tu me soules Jimmy.

— Non, je crois que tu te soules tout seul! Tu es con, tu agis comme un con et après tu pleurniches.

— Je ne pleurniche pas! 

— Tu tapes sur tout ce qui bouge.

— Je le faisais déjà avant!, je le contredis.

— Pas sur nos alliés.

— J'aime pas sa gueule de con, j'y peux rien...

 — Drake, va la voir, va t'excuser et ... vas y doucement.

Je me ressers à boire et vide mon verre aussi sec. Mon pied frappe le sol à un rythme régulier.

— Je sais pas faire ça...

— Quoi? Y aller doucement ou t'excuser, se moque t il.

— Les deux. Je suis pas désolé, je vais pas lui dire que je le suis! Pis ce n'était qu'un baiser, merde! 

— Eh ben... on est pas sorti de l'auberge avec toi!

Je lui balance un coussin avant de rigoler avec lui. Je suis un cas désespéré, je le savais déjà mais apparemment il en prend seulement conscience. Mon téléphone s'active, annonçant du mouvement de son côté. J'ouvre la vidéo, elle danse dans son couloir, un balai à la main. Je ne peux retenir un sourire en la voyant aussi insouciante. Je me lève mais Jimmy m'arrête.

— Attends peut être demain... tu as vraiment une sale gueule là.

— Merci du compliment mais je veux juste pisser. Tu crois que la cuvette s'en remettra?

Quand Jimmy se décide enfin à partir, je prends mon téléphone et lui écris. Je ne veux pas me pointer à nouveau chez elle et la prendre par surprise. Alors je lui demande si je peux passer la voir ce weekend. Elle me propose de la rejoindre à la plage dimanche. C'est plutôt bon signe, enfin je crois. Je ne suis pas un expert en relation humaine mais je crois que j'ai une chance, encore faut il que je ne dise pas de conneries.. Serein, je m'endors rapidement. 

Quand j'arrive sur notre lieux de rendez-vous, je l'aperçois au loin. En maillot de bain, elle bronze tranquillement sur une serviette. J'enlève mes chaussures avant de marcher dans le sable jusqu'à elle. Sans un mot, je m'installe à ses côtés. J'avais prévu tout un discours, après des recherches intensives pendant 24 heures sur les 1001 façons de s'excuser d'un comportement inapproprié, mais une fois devant elle, je reste muet. Elle se redresse sur ses coudes et se tourne vers moi. Je ne peux pas voir ses yeux derrière ses lunettes de soleil et ça m'énerve. 

— Salut, souffle t elle avec un sourire timide.

— Salut. La dernière fois que j'ai vu quelqu'un avec un maillot de bain une pièce, c'était ma grand-mère, je me moque.

— Eh!, râle t elle. Il est très bien mon maillot de bain! Ta grand mère avait bon goût! 

— J'en sais rien, je ne la connais pas. 

— Oh ... je ne sais pas si je dois rire ou pleurer.

Je hausse les épaules indifférent. Elle pouffe avant de se rallonger. J'enlève mon t-shirt et commence à m'allonger mais elle m'arrête.

— Quoi?!

— Attends, wahou. Elle est magnifique. Je peux?

Je hoche la tête. Ses doigts effleurent mon dos, dessinant les contours de la pieuvre qui y est encrée. Son contact est aussi brûlant que de l'acide pourtant je rêve que ce moment s'éternise indéfiniment. Quand elle s'arrête, je me couche à même le sable. Nous restons côte à côte en silence. Je n'ai pas envie de tout gâcher en ouvrant la bouche et elle ne semble rien attendre de moi. Mes doigts trouvent les siens, je caresse sa main avec douceur et elle accepte de glisser la sienne dans la mienne. 

La Cerise du DiableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant