Chapitre 17

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Depuis que Derek est parti, Livia tremble dans mes bras. Elle a peur et je ne peux pas lui en vouloir parce que moi aussi. Il va falloir que je trouve comment le faire chanter sans avoir à raser le MC. 

— Qu'est ce qu'on va faire maintenant?

— On va aller chercher des affaires et tu passeras la nuit chez moi, le temps que je trouve une solution avec les gars.

— Mais..

— C'est pas discutable Belladone, je la coupe en pliant sa serviette. 


Le temps qu'elle regroupe quelques vêtements, je demande à mes hommes et à Antonio de nous retrouver à mon appartement. Sur la route, Livia reste silencieuse perdue dans ses pensées. On ne sait pas vraiment ce qu'on est l'un pour l'autre, malheureusement, on ne nous laisse pas le temps d'y réfléchir. Tout ce que je sais, c'est que je la protègerai coûte que coûte. La voir déambuler dans mon appartement me provoque des sensations jusqu'alors inconnue. J'aime la voir ici. Enfin... jusqu'à ce qu'elle tombe sur ça...

— Noooon, rigole t elle. Tu joues? 

— Hmm, je marmonne.

— J'ai hâte d'entendre ça.

— Rêve pas trop, je ne joue devant personne. Repose la tu veux?

— Attends, tu as peur que je l'abime?

Elle continue à rigoler et me cherche un peu plus en commençant à gratter les cordes de ma guitare. Ses accords font saigner mes oreilles et je grimace. N'y tenant plus, je lui arrache des mains et la pose en hauteur, hors de sa minuscule portée. 

— Bah ça alors... Tu joues les gros durs mais dès qu'on touche à ta guita...

Je la fais taire avec un baiser. Elle sourit contre mes lèvres avant de s'accrocher à ma nuque. Je la soulève, ses jambes s'enroulant autour de ma taille avec un naturel déconcertant. Un raclement de gorge nous interrompt. Livia rougit jusqu'aux oreilles avant de se laisser glisser le long de mon corps.  

— J'ai frappé mais apparemment vous étiez occupé, se moque Jimmy.

Caleb et Antonio entrent à leur tour et tout le monde s'installe autour de la table. Après leur avoir fait un rapide résumé de notre échange de tout à l'heure avec Derek, je leur demande:

—  Caleb, j'ai besoin que tu le files. Je veux tout savoir, où il dort, qui il baise, quand il va pisser, tout. 

Mon ami hoche la tête et s'en va s'acquitter de sa tâche. Il n'y a pas plus discret que lui, je sais qu'il ne se fera pas repérer.

— Antonio, je veux toutes les infos possible sur lui et toutes ses transactions bancaires. Je m'occuperai de les trier, contente toi de me trouver un maximum d'infos.

— Ca marche.

Le gamin se lève et s'installe sur mon canapé avec son ordinateur. Ses doigts pianotent à une vitesse ahurissante, Jimmy me sourit, il sait.

— Et moi je joue les gardes du corps? Tes clientes vont m'adorer, roucoule t il.

— Mais je ne peux pas consulter avec lui, me fait remarquer Livia.

— Il restera dans le couloir, mais tu ne peux pas retourner là bas seule. Les caméras ne suffiront pas, j'ai près d'un quart d'heure de route pour arriver chez toi, c'est un quart d'heure de trop. 

— Je commence quand?

— Demain, ça ira?

— Ouep. Je vais voir Elena. Je te retrouve à 8h là bas.

Quand Antonio le voit partir, il nous regarde tour à tour et finit par bondir du canapé.

— Je vais chercher depuis chez moi, conclut il. Je te transfère tout ce que je trouve.

Il s'enfuit aussi vite qu'il est venu et je secoue la tête amusé. Livia a profité de mon échange pour grimper sur une chaise. Perchée sur la pointe des pieds, elle tente d'atteindre ma guitare. Quand je la ceinture, elle crie de surprise avant de gigoter dans tous les sens hilare.

 — Joue moi un morceau s'il te plait, s'il te plait, s'il te plait...

— NON. Et arrête d'y toucher, je déteste qu'on tripote mes affaires.

— Tu y tiens tant que ça??

— Tu n'as pas idée, je ricane.

— Menteur, c'est juste pour me dissuader d'insister. Allez, s'il te plait, juste une chanson, s'il te plait, s'il te plait.

Elle me suit dans tout l'appartement en me suppliant. Elle fait battre ses cils avec exagération ce qui me fait rire jusqu'à ce que je comprenne que son petit jeu fonctionne. C'est vrai après tout, juste une chanson, c'est pas grand chose. Oh merde, elle va m'avoir! Je râle avant de lui tourner le dos. Si je ne vois plus ses grands yeux s'agiter devant moi, j'arriverai mieux à résister. 

Ma supposition était ridicule puisque je suis assis sur mon canapé face à Livia qui m'observe avec un grand sourire. Je commence à gratter des accords. La musique vibre sous mes doigts, j'adore ce moment. 

— Tu te moques d'Elvis mais tu joues du Johnny Cash.

Je souris parce que j'adore Elvis mais j'aime encore plus la taquiner. Je fredonne les paroles de "Hurt". Ma voix rauque écorche les mots mais en découvrant les frissons qui couvrent sa peau, j'en déduis que cela lui plaît quand même. La nuit commence à tomber, j'allume la lampe à arc à côté du canapé avant d'enchaîner avec "Personnal Jesus". Pour terminer je lui offre un cover d'Elvis sur "Love me Tender" avec un haussement de sourcils particulièrement ridicule qui la fait éclater de rire. Je me gave de ce son merveilleux et l'attire sur mes cuisses. Je ne peux m'empêcher de dévorer ses lèvres en caressant ses cuisses. Mes mains s'infiltrent sous son t-shirt et découvrent la peau douce de son dos. Quand je remonte le long de sa colonne, elle me stoppe paniquée. Elle se penche pour atteindre l'interrupteur mais je l'arrête.

— Qu'est ce que tu fais?

— Je préfère que la lumière soit éteinte, m'explique t elle.

— Non.

— Comment ça non?

— Je veux te voir.

— Je ne veux pas que tu me vois!

— Bien, dans ce cas je ne te touche pas. Je vais chercher à manger. 

Je la décale sur le canapé sans douceur et sors de mon appartement.

La Cerise du DiableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant