La Cerise du Diable

Chapitre 7

A peine garé devant le ClubHouse des Hell's qu'on voit les bikers s'activer sur le parking. Chacun retourne à son poste en m'apercevant. Leurs armes sont chargées et prêtes à défendre leur territoire si je fais le moindre faux pas. Je sors, un large sourire aux lèvres. Comme convenu, Antonio attend dans la voiture et Jimmy et Caleb me suivent en silence. J'ouvre la porte battante et vois le Président du MC sortir du fond du bar. 

— Drake Schwartz, scande t il les bras écartés. Que me vaut cette honneur?

— Luc, je réponds simplement. Derek est là? 

D'un signe de tête il ordonne à son prospect d'aller le chercher et nous invite à nous installer autour d'une table. Nous attendons quelques minutes avant que son Sergent d'Armes ne daigne nous honorer de sa présence. Sans jamais lui accorder un regard, je parle avec son Boss.

— Ton Sergent s'amuse à nous doubler et j'apprécie moyennement.

Luc paraît surpris et interroge Derek du regard, ce dernier ricane avec insolence. 

— Explique, m'invite le Président.

Je lui tends la liste des commerçants qu'il a essayé de récupérer. Luc l'examine avec attention avant de la passer à Derek qui ne prend même pas la peine de poser les yeux dessus. Ils ne me quittent pas une seule seconde, attendant le moindre faux pas de ma part.

— Tu as oublié la petite pute qui s'est installé chez Cohen, s'amuse t il.

—  Nous n'offrons nos services qu'aux commerçants, je rétorque. Pas aux équipes médicales.

— Qu'est ce que tu faisais chez elle il y a 10 jours dans ce cas?

— Je ne savais pas que les Hell's nous avaient mis sous surveillance, je menace Luc les narines frémissantes de rage.

— Ce n'est pas le cas, gronde t il en fusillant son Sergent du regard. Je vais régler ça, Drake. Personne ne s'approchera plus de votre territoire. Tu as ma parole!

— J'espère bien! Il serait dommage de faire brûler un si joli endroit, je conclus en me levant.

Caleb et Jimmy me suivent sans broncher. A l'extérieur, je les entends soupirer, soulagés que ça n'est pas dégénéré. C'était sans compter sur Derek qui nous rattrape au moment où on s'apprête à monter dans la voiture.

— Eh Drake. Dis moi, elle est aussi serrée que son cul est étroit? Je ne sais pas toi mais moi j'ai hâte d'y gouter, vivement ma prochaine visi...

Mon poing s'écrase sur sa gueule de con, l'empêchant de finir sa phrase. Il essuie le filet de sang qui coule de son nez dans sa manche en ricanant.

— Je savais bien que tu n'étais pas venu pour tes commerces à la con, se moque t il. Le grand exécuteur de la Cosa Nostra a une faiblesse particulièrement sexy. Je sens que les prochaines semaines vont être intéressantes.

A bout de bras je le soulève, ma main autour de sa gorge, avant de le plaquer sur le sol. Un gémissement de douleur lui échappe quand son dos rencontre le sol dur. Ses frères d'armes hurlent et me menacent de tirer si je ne le lâche pas. Je sais qu'ils n'en feront rien. Une guerre entre leur petit MC et la mafia Italienne n'est pas envisageable pour leur survie. 

— Drake, il a son compte, intervient leur Président. Baissez vos armes, ordonne t il à ses hommes. Personne ne touchera la Sage Femme, m'assure t il.

Je finis par lâcher l'abruti devenu bleu sous la pression que j'imposais à sa trachée. Il jure en crachant et toussant tout ce qu'il peut.  

— Si l'un d'entre vous pose ne serait ce qu'un œil sur elle, je vous envoie tous brûler dans votre Hell's de merde, je grogne. 

— C'est clair, conclut Luc avec un signe de tête.

Dans la voiture, un silence de mort nous englobe. Je vois Antonio et Jimmy échanger des regards sans jamais ouvrir la bouche. La pression n'est pas redescendue. Mes doigts frappent le volant à un rythme effréné et je grille tous les feux rouges, mon pied enfoncé sur l'accélérateur sans faire attention à ce qui se passe autour.

— Drake, commence Jimmy.

— Ta gueule!, je le coupe.

Caleb soupire avant de me tapoter l'épaule. Je ralentis et me gare. Ma respiration ne se calme pas, mon cœur bat toujours aussi vite. Je sors de l'habitacle et commence à marcher sur la promenade qui longe la plage. Je sais que Caleb me suit. Jimmy a une trop grande bouche et sait qu'il est préférable pour lui de se tenir à l'écart le temps que je me calme. Je me suis foutue dans la merde et je l'ai entrainé dans mon sillage malgré moi. Tout ça risque de vite dégénéré. Je ne suis pas sûr que Luc tienne son chien de garde en laisse. 

— J'ai merdé, hein?, je marmonne.

Caleb hoche la tête et je lâche un soupir avant de m'asseoir sur un banc. Ma tête entre mes mains, je tente de remettre mes idées en place pour trouver une solution. C'est le gamin qui me tire de mes pensées.

— Je pourrais installer un système de vidéos surveillance avec détection de mouvements. Tu aurais accès aux caméras H24 et serait informé à la moindre intrusion. Je doute que Derek vienne lui rendre visite pendant ses journées de consultations. 

Son idée est plutôt bonne mais ...

— Elle n'acceptera jamais!

— Depuis quand tu demandes l'avis des autres?, me rembarre Jimmy.

Il n'a pas tord! Mon cerveau est complétement cramé par son poison, putain de plante toxique! Je demande à Antonio de rassembler tout le matériel nécessaire, on lui rendra visite ce soir. Mes amis me jettent des regards en coin mais je les ignore et retourne à ma voiture.