Chapitre 4

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— Bah c'est malin, maintenant il a le nez de travers, m'engueule Jimmy.

Je penche la tête sur le côté pour vérifier et effectivement son nez à un angle bizarre. Je hausse les épaules et le redresse faisant hurler Antonio de douleur.

— C'est fou ce que tu es sensible, je me marre. 

La sage femme me regarde les yeux ronds comme si j'étais un psychopathe. Bon, c'est peut être le cas, allez savoir... 

— Ramenez le dans la voiture, il faut qu'on nettoie, je leur demande.

Jimmy et Caleb s'exécutent pendant que je commence à ramasser les compresses souillées qui jonchent le sol. Le petit lutin n'a toujours pas bougé et m'observe en silence. Agacé par son inspection, je me redresse brusquement.

— Quoi?!

Elle sursaute face à mon ton cassant avant de croiser ses bras sur sa poitrine et froncer ses sourcils.

— Tu mets du sang partout, je ne vois pas comment tu peux nettoyer si tu ne me laisses pas te recoudre. 

— Tu insistes toujours autant pour soigner tes ravisseurs?

— Tu as raison, débrouille toi, crache t elle avant de ranger son matériel. 

Je la regarde jeter ses instruments souillés avec un peu trop de vigueur et suis presque amusé par sa bouderie ridicule.

— C'est bon Belladone, plante ton aiguille, je lui lance en tendant mon bras devant elle. 

— C'est Livia!, râle t elle en appuyant sur ma plaie.

Je grimace quand elle palpe les bords de ma blessure. Ses lèvres se pincent et je suis presque sûr qu'elle s'amuse à tenter de me faire mal. Je finis pas m'asseoir sur un tabouret face à elle, mon bras posé sur la table où se trouvait le gamin quelques minutes plus tôt.

— Tu veux que je fasse une anesthésie locale? Je peux peut être mettre mon poing sur ton nez moi aussi?, propose t elle tout sourire.

— Essaye qu'on rigole. 

— Va pour la suture à vif, tant que tu as mal, ça me va.

Pour conclure sa phrase, elle plante son aiguille sous ma peau. Elle me jette un coup d'œil pour jauger ma réaction mais je ne bouge pas et lui souris avec insolence. Ses yeux roulent dans ses orbites et elle se reconcentre sur sa tâche. Caleb s'active autour de nous et fait disparaître toutes traces de notre passage. Livia se tend à chaque fois qu'il l'approche, même s'il reste à bonne distance. Une fois qu'il a terminé, il sort et nous laisse seuls. Livia nettoie mon bras avant de le bander.

— Il faudra changer le pansement demain, ton ami aussi d'ailleurs. 

— C'est noté Belladone. La Cosa Nostra vous remercie pour votre aide et se retiendra de vous égorger tant que vous la fermerez, je chantonne en me levant.

— La Cosa Nostra?! Des siciliens, génial, râle t elle.

— Un problème avec les italiens?

— Les Italiens, les Russes, les Irlandais... il n'y en a pas un pour rattraper l'autre! 

— On a la meilleure bouffe, ça compte dans la balance, non?, je me marre.

Un léger sourire étire ses lèvres et mon cœur loupe un battement. Comment un geste aussi insignifiant peut il avoir un effet pareil? 

— Tu n'es pas italien, déclare t elle après m'avoir examiné les yeux plissés.

— Dieu seul le sait Livia.

Elle trésaille en entendant son nom. Je sors avant de faire une connerie. Cette fille est bien plus dangereuse qu'une plante toxique. Je dépose Antonio chez lui, les gars l'aident à descendre et se proposent de le surveiller pour la nuit. Moi, je file en direction du bureau de Cyriak. Je l'ai prévenu tout à l'heure de l'embuscade et j'ai besoin de faire le point avec lui. Les Russes nous ont piégé et je vais devoir faire des heures supp' les jours à venir! 

Je frappe à sa porte et entre quand il m'y invite. Je me fige en découvrant Dimitri, le parrain des Russes, et son bras droit, Sacha. Cyriak m'invite à m'asseoir. 

— Nous aussi nous avons fait une rencontre ... houleuse, m'explique Dimitri.

— C'est pour ça que vous n'étiez pas à l'entrepôt, je conclus alors qu'il hoche la tête.

— Qu'as tu vu des hommes qui s'en sont pris à vous?

— Quelques tatouages ridicules, rien de significatif. Ils portaient tous un blouson de cuir, sans patch.

— Hmmm, ça ne me plaît pas Cyriak. Nous avons eue à faire au même type d'homme. Quelqu'un veut nous monter les uns contre les autres.

— Peut être une taupe?, suggère Sacha.

— Les Serbes, je rétorque.

Vu le regard de Cyriak, je pense qu'il aurait préféré que je la ferme, tant pis. Sous les interrogations de Dimitri, mon Boss finit par lui expliquer notre découverte de ce matin. Nous avons perdu 1/4 de nos commerçants en l'espace d'un mois, tout ça à cause de ces abrutis qui se croient tout permis et qui nous dérobent notre marché. 

— Quel intérêt auraient ils à vous doubler? s'inquiète le Russe.

— Peut être que les filles ne leur suffisent plus... Nous avions un accord avec eux, ils avaient le monopole avec leurs filles sur notre territoire, en échange pas de deal chez nous. Apparemment cela ne semble plus leur convenir. Il va falloir que je parle avec eux, enchaîne Cyriak.

Après une bonne heure de discussions, les Russes finissent par partir. Cyriak me demande un peu plus de détail sur notre soirée et je lui explique donc ce qu'il s'est passé à l'entrepôt et après.

— Comment va t il?

— Bien. Jimmy et Caleb restent avec lui pour la nuit, il a toujours sa perfusion et se sentait déjà mieux quand on est reparti de chez la sage femme.

— J'avais entendu dire que le Dr Cohen voulait prendre sa retraite, je ne savais pas que le cabinet avait été racheté. Tu lui as proposé notre protection?

— Ce n'est pas un commerce, je ne vois pas pourquoi j'aurais fait ça.

Ses yeux noirs me sondent en silence mais je ne baisse pas le regard. Cyriak déteste les faibles et les menteurs et je ne suis ni l'un ni l'autre, ce qui explique notre entente depuis tant d'années. 

— Très bien, finit il par dire. Va te reposer, nous reparlerons de tout ça demain, quand j'aurais vu Antonio.

La Cerise du DiableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant