Ses pleurs ne tarissent pas et je reste immobile derrière elle sans savoir quoi faire. Pourquoi elle réagit comme ça? Quand elle se rend compte de ma présence, elle se redresse et essuie ses larmes.
— Tu as finit?, demande t elle en reniflant.
— Oui.
— Alors va t'en.
— Ce n'est qu'un appartement, je lui fais remarquer.
— Oui, mais c'était le mien et tu n'avais rien à y faire, s'énerve t elle.
— Ravi que mon aide te fasse plaisir, je raille.
— Je croyais que tu ne m'aidais pas?! Va t'en, je ne veux pas te voir.
Ses rejets successifs me font l'effet d'un uppercut. Habituellement je réplique. Toujours rendre plus de coups que l'on en a encaissé, c'est ma règle d'or. Mais elle... Sa détresse me paralyse et je reste complètement coi devant sa réaction. Je ne comprends pas et ne suis pas sur de vouloir ou même de le pouvoir. Je ne suis pas un Homme lambda. Ma vie tourne autour de la mort et personne n'y entre jamais. La preuve, une simple erreur de ma part ce matin et sa vie ne tient plus qu'à un fil. Je suis le Danger, parce que je suis le prédateur et parce qu'on devient une proie à mon contact.
Je passe la soirée à la regarder nettoyer sa salle d'examen de fond en comble. Quand elle s'apprête à rejoindre son appartement, elle exécute une danse ridicule en chantant dans le couloir. Je n'ai pas le son mais j'imagine très bien qu'elle genre de musique elle a mis. Je rigole tout seul dans mon lit quand elle fait une révérence à la caméra et lève son majeur avant de disparaître dans les escaliers. Finalement, elle ne m'en veut peut être pas tant que ça..
Les jours qui suivent sont relativement calmes. Je rentre chez moi dès que j'ai terminé et passe mon temps à la regarder déambuler dans son couloir. C'est malsain de l'observer ainsi mais je ne peux pas m'en empêcher et il est préférable pour tout le monde que je reste à distance. Quoi que je fasse, je n'arrive plus à me la sortir de la tête. Même pendant mes exécutions, je revois l'expression d'horreur que je lui ai inspiré et me flagelle intérieurement pour ce que je suis devenu.
— Tu ne m'écoutes pas Drake!
Je relève la tête vers le Boss qui plisse son front mécontent. Aryos m'observe en silence alors que Jimmy secoue la tête. Je n'ai absolument aucune idée du sujet de discussion en cours.
— Désolé, je marmonne. Tu disais?
— Sortez, demande t il aux autres.
Une fois seuls, il cale son dos contre le dossier de son fauteuil et croise ses doigts sous son menton.
— Qu'est ce qui t'arrive?
— Rien, tout va bien, je mens.
— Tout va bien? C'est pour ça que tu débarques chez les Hell's en fracassant leur Sergent d'Armes pour une Sage Femme?
Je blêmis avant de me reprendre.
— Juste un mal entendu.
— Arrête de te foutre de moi Drake! S'il y a un problème, je veux être au courant!, s'énerve t il.
— Il n'y a pas de problème, je l'ai réglé, je lui assure.
— Drake, j'ai besoin d'être certain de pouvoir compter sur toi, sinon je change d'exécuteur et...
— Le problème est réglé, je m'emporte en envoyant ma chaise valser contre le mur.
Debout face à lui, mes poings serrés, je fais grincer mes dents sous la pression. Cyriak secoue la tête avant de me demander de sortir d'un geste de la main. On ne quitte pas la Cosa Nostra, jamais. Une fois qu'on a mis le pied dedans, on y reste jusqu'à ce que notre cœur ait cessé de battre. Sa menace à peine voilée me broie les tripes, pas parce que j'ai peur de lui mais plutôt parce que j'ai peur de la suite. Elle me rend fou, je ne me reconnais plus et tout ça sans la voir, sans lui parler. C'est peut être ça la solution, d'ailleurs. Passer du temps avec elle, me rendre compte qu'elle est stupide et inintéressante.
Il est encore tôt mais je conduis tout de même jusqu'à son cabinet. Sur le chemin Jimmy me propose de les rejoindre plus tard au Milano. Je ne réponds pas et me gare devant chez elle. Deux autres voitures sont là, j'entre et patiente dans la petite salle d'attente. Lorsqu'elle entend la sonnerie de sa porte d'entrée, Livia sort de sa salle pastelle avec un sourire commerciale sur les lèvres. Quand elle m'aperçoit, elle se fige et me fixe les yeux ronds. Derrière elle, j'aperçois deux jeunes femmes aux ventres aussi ronds qu'une pastèque qu'elles ne peuvent s'empêcher de caresser. Je n'arrive pas à la regarder, elle. Parce que je ne veux pas revoir cette terreur dans ses yeux, parce que je ne pas revoir ce dégoût sur son visage. Alors je baisse la tête et fixe mes pieds, mes avant bras sur mes cuisses.
— J'en ai pour une grosse demi heure encore, m'apprend elle.
Je hoche la tête mais reste silencieux.
— Tu ... tu veux venir avec nous?
Je ricane face à sa proposition. Moi, entouré de femmes enceintes à les écouter se plaindre de je ne sais quelle connerie, non merci! Elle n'insiste pas et retourne auprès de ses patientes. J'attends patiemment la fin de sa consultation, mes pensées tournent en boucle. Je commence à être à cran quand les trois femmes sortent enfin de là. Elle raccompagne ses patientes jusqu'à la porte. Les deux jeunes femmes me jettent des regards apeurés et demande à Livia si tout va bien. Celle ci les rassure en leur disant que je suis un ami et finit par verrouiller la porte derrière elles. Quand elle se tourne vers moi, je suis bien obligé de croisé son océan de cendres et mon cœur loupe un nouveau battement. A force, il va finir par ne plus battre du tout, au moins mon problème avec Cyriak sera réglé.
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La Cerise du Diable
RomanceQue se passe t il lorsque l'exécuteur principal de la Costa Nostra rencontre la seule personne sur Terre capable de lui tenir tête? Drake va découvrir les eaux tumultueuses de la vie réelle. Tout les oppose, elle aide à donner la vie, il adore donn...