Chapitre 17

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*Kimiko*

Ai-je perdu le seul homme avec qui j'ai envie d'être ? Il est possible que j'aie imaginé ses cicatrices. Jimmy a raison, je n'aurais pas dû arrêter les séances avec la psy. Je suis tellement obsédé par Dix Mille que ma réalité est certainement altérée. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive. Lors de mon premier rendez-vous avec le docteur Grève-Fond, elle avait posé un nom sur mon trouble : stress post-traumatique.

J'ai besoin de parler, de lâcher du lest, de m'ouvrir à quelqu'un qui me comprend. Je sors mon portable de ma poche et compose le numéro de mon frère avant de me raviser. Je ne tente même pas avec Jess qui a déserté la maison.

Je frappe violemment sur mon volant puis contacte Lucas, mon meilleur ami. Depuis mon carnage capillaire bleu et ma rencontre avec Matt, je ne l'ai pas rappelé, alors qu'on devait se voir dans la semaine. Quelle pote pitoyable je fais ! Je l'appelle, tombe sur son répondeur puis lui laisse un message pour l'informer que je passe.

Sur le parking de sa résidence, je coupe le moteur et attends quelques minutes que les battements de mon cœur cessent de faire n'importe quoi. La culpabilité m'envahit. Je ne devrais pas me plaindre auprès de lui. Quand je me décide enfin à franchir le seuil, je suis acceuillis par une douce odeur fruité et de linge propre. La dernière aide-ménagère était une sale garce. Il est arrivé à s'en débarrasser et depuis peu une nouvelle a pris le relai. Il n'en a pas vraiment besoin, étant donné qu'avec Jimmy on lui rend visite, mais cette femme parvenue à le faire rire et ça n'a pas de prix. S'il n'avait pas perdu la vue, il l'aurait sans aucun doute reluqué et dragué lourdement.

— Lucas, c'est Kim ?

— Rentre ma belle, pas la peine de t'annoncer je reconnaitrais ta démarche parmi des centaines de filles.

Je souris.

Lucas n'avait pas pu retrouver une vie normale comme nous. Il n'est sorti du centre de rééducation que l'année dernière. Ça n'a pas été simple tous les jours. Sa compagne s'est barrée, sa mère nous a quittés peu de temps après et il vit seul accompagné de son chien Titan qui avait pris sa retraite en même temps que lui.

— Comment tu vas ?

— Comme un infirme, grommelle-t-il.

Je l'embrasse sur la joue et il me presse les poignets d'un geste doux.

— Ne dis pas ça, tu es toujours le même.

Il souffle un instant avant que le malinois ne vienne se frotter contre mes jambes.

— À l'intérieur peut-être. Pas à l'extérieur.

Ma main atterrit sur son front. Le claquement sourd fait japper Titan.

— Tu sors un peu de cette maison t'es tout pâle ?

Un rictus étire ses lèvres avant de me faire un salut militaire.

— Oui mon colonel.

Je lui emboîte le pas dans le salon et nous nous vautrons dans son magnifique canapé en cuir noir.

— Comment va ton frère ?

— Le père de Marc n'est pas souple avec lui, mais ça lui fait les pieds et ces temps-ci il s'est pris d'affection pour une de ses recrues. Il joue à Pascal le grand frère.

— Et avec Marie, toujours au point mort ?

— Toujours, maugréé-je.

Il ricane puis me pousse gentiment. Il glisse ensuite ses mains dans mes cheveux, puis sur mon visage pour les arrêter contre ma gorge qu'il presse de deux doigts.

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