Chapitre 5

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*Matt*

Debout au comptoir du Patio, je regarde mon verre, puis mes amis qui se moquent de ceux qui dansent sur la piste. Ça fait une éternité que je ne suis pas sorti en boite. J'ai beau n'avoir que la trentaine, je me sens comme un daron au milieu d'une garderie. À une époque, j'aurais été excité par toutes ces filles qui me convoitent et se pressent contre moi. Mais aujourd'hui, je n'ai plus la tête à ça. Kimiko n'a pas répondu à mes messages depuis qu'elle est partie du salon. Je ne sais pas ce qui s'est passé dans sa vie, mais j'ai comme un besoin viscéral de la protéger. Une femme s'avance vers moi. Elle est clairement plus jeune que moi. Est-elle seulement majeure ?

— Salut, je peux t'offrir un verre ?

Je lève un sourcil me retenant de rire. Bordel, elle a quel âge ? Je la reluque et inconsciemment je me mets à la place de son père. Sunny n'aurait jamais eu le droit de sortir dans cette tenue. Parfois, je me demande ce que font les parents. Il en va de même pour ceux qui acceptent que leur gosse au collège se fasse tatouer. La fille me fait le coup du regard, pose sa main sur mon avant-bras et mes yeux dérivent sur sa poitrine volumineuse. Je serre les dents pour ne pas paraitre mal poli.

— Dégage, il est à moi, tonne une voix étouffée par la musique.

Je me redresse incrédule, puis j'aperçois une Kim, éméchée, tenant tout juste sur ses jambes. La jeune femme qui me draguait recherche mon soutien. Mais je n'ai pas le temps de réagir que Kim attrape le haut de ma chemise, se dresse sur la pointe de ses pieds et plaque ses lèvres contre les miennes. Je reste interdit une seconde avant de céder avec beaucoup moins de retenue.

Je sais qu'elle n'aime pas être touchée, cependant, je me risque à l'attirer encore plus près de moi. À son haleine goût vodka, j'imagine sans peine qu'elle n'est plus tout à fait elle et une vague de culpabilité m'envahit quand ma main passe dans ses cheveux. Je prends ce qu'elle me donne, car je doute que cela se reproduise.

Quand elle se recule à bout de souffle, ses yeux s'agrandissent de panique. Elle fait un pas en arrière troublé tandis que la nana au décolleté rougit. Kim semble d'un coup mesurer ce qu'elle fait là.

— Tu devrais me remercier, je suis certaine qu'elle a douze ans, ricane-t-elle tout en demandant au serveur un autre verre.

L'homme d'une cinquantaine d'années la toise et secoue la tête.

— Kim, ce n'est pas une bonne idée, lui répond-il.

— Greg, je viens de sauver Monsieur Jonson d'un séjour en prison ! Alors, offre-moi une tournée.

Il nous dévisage à tour de rôle, avant de capituler.

— C'est le dernier, beauté. Faut que tu te calmes avec la boisson.

Elle lui sourit et saisit son breuvage qu'elle avale cul sec. Je lui attrape le poignet pour renifler le liquide transparent. C'est de la vodka pure. Au contact avec ma peau, elle se raidit.

— Qui te dit que j'avais besoin d'aide, lui glissai-je à l'oreille.

— Votre langage corporel, monsieur Jonson.

— Et il raconte quoi mon langage corporel ?

— Jambes serrées, pour qu'elle ne s'approche pas plus près. Buste reculé pour plus de distance et main en avant prêt à l'arrêter, s'il lui venait à l'idée d'enfourner sa langue au fond de ton gosier.

Je grimace de dégout.

— J'ai dit tout ça ?

— Pas que ! renchérit-elle en levant l'index. Mâchoire contractée, lèvres pincées et à aucun moment tes pupilles ne se sont dilatées.

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