18 | Douce mélancolie

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Mention TCA


Je mords l'intérieur de mes joues pour me calmer. J'ai besoin de partir, de respirer... Je regarde Sullivan pour lui demander d'arrêter son petit manège psychothérapeutique et elle soupire, fermant son cahier. Mais elle n'abandonne pas tout autant, déterminée à déterrer mes traumatismes.

— Passons à autre chose, nous referons l'exercice lors de notre prochaine rencontre, sûrement après le voyage aux Etats-Unis.

Je me relève lentement, et lorsque je suis enfin calmée, me rassois en face d'elle. Je la regarde dans le blanc des yeux attendant qu'elle parle, de n'importe quel sujet qui pourrait enlever le blanc entre nous qui s'installe peu à peu.

— Quand est-il de vos problèmes de nourritures ? Vos TCA, murmure t-elle en remettant une de ses mèches de cheveux derrière l'oreille.

Je pince mon bras. Pour oublier. Passons de sujet sensible numéro 1 à sujet sensible numéro 2. Elle fera un rapport à maman dans tout les cas, quoi que je dise je me ferais sermonner. Il n'y a pas de bonnes réponses car si je dis que ça va mieux, maman me répétera que je devrais encore perdre du poids. Et si je lui avoue que ça ne va toujours pas, que je sombre encore et encore elle me dira seulement que je la répugne.

Mais 54 kilos, c'est beaucoup trop pas vrai Logan ? Maman ?

— Je... J'arrive à m'en sortir, lui mens-je en continuant à exercer une pression sur mon bras.

Elle tente de déchiffrer la vérité à mon expression, sans rien obtenir. Mes entraînements psychologiques pour rivaliser avec de possibles enlèvements et tortures me sont bien utiles dans ce cas là.

— Vous prenez toujours vos compléments alimentaires ? Daisy ? Vous m'écoutez ?

Non. Je ne veux plus parler de moi.

— Et vos médicaments alors ? Daisy il faut que vous parliez... Je suis là pour ça.

Mais je ne veux pas parler. A personne ! A quoi est-ce que ça sert ? Ce n'est pas en parlant de mes Troubles du Comportements Alimentaires qu'ils vont s'en aller comme par magie ! Ni ma pseudo-dépression, d'après mon ancien psy. Je veux juste oublier... est-ce que c'est trop demander ? Oui, bien sûr que oui Daisy, à quoi tu pensais ? Jamais tu ne pourras l'oublier : tu as tué ton père.

Je lui ai ôté la vie, pourquoi devrais-je vivre ? Pour lui ? On est pas dans un film à l'eau de rose. Ironique de vivre pour une personne morte.

Et de toute façon j'ai oubliée la suite de cette soirée. Maman est en dépression à cause de sa mort et elle refoule sa haine, sa peur, sa tristesse sur moi mais je le mérite alors j'accepte tout gentiment.

— ... Je les prends toujours.

Ma voix est à peine audible et je doute qu'elle ai entendu quoi que ce soit. Mais elle l'a très bien entendue. Elle s'approche de moi, ses talons tapant sur le tapis gris au centre. Et elle pose sa main sur mon poignet.

Respire Daisy.

Je retire aussitôt ma main. Surprise, elle me demande si tout va bien. J'ai l'air d'aller bien honnêtement ?? On me rappelle de force mes traumatismes et je suis censée faire comme si de rien n'était ?

Tu le mérites alors tais-toi et souffre en silence.

C'est à ce moment précis que le directeur, monsieur Winchest entre dans la pièce. Sullivan se lève en un bond pour l'accueillir et je me mets à l'observer depuis ma place.

— Vous êtes ensemble ? Je demande d'un ton neutre.

— Excuse-moi Daisy ?

— Vous êtes bronzé monsieur, tout comme Sullivan. De plus ses pupilles se sont dilatés lorsqu'elle vous a aperçus. Je lui explique calmement.

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