SOULMATES

26 | Sordide addiction

LIAM

Sa voix reste dans mon esprit toute la soirée. Je sens encore le poids de son corps sur le mien. Mais étrangement, ce n'était pas une chose désagréable... et c'est ça qui me fait le plus peur.

Plus une chose est belle, plus elle est dangereuse.

Je mentirais si je disais qu'elle n'étais pas belle et c'est bien là le problème. Avant même de penser à ma mission, je cours à sa rescousse. Dans cette putain de chambre d'hôtel, ce que je voulais c'était comprendre sa souffrance, quand elle s'est faite violer par son ex, son état me préoccupait. Réellement. J'ai eu peur, j'avais une putain de boule dans le ventre.

J'ai une mission merde ! Je dois la briser, la manipuler ! Alors pourquoi ?! Pourquoi avant même de penser aux avantages que chacune de ses confessions qu'elle m'avoue m'apporte, je cherche à l'aider ?! 

Mais je vais la briser.

En mille morceaux si il le faut. Je le jure, après tout c'est ma nouvelle addiction, et les addictions il faut bien les chasser un jour. J'avale une dernière gorgée de mon verre avant de me lever pour aller dans ma chambre. Celle d'Ethan est ouverte et je ne l'ai pas vu entrer dans la salle de bain commune.

Ses éclats de rires résonnent avec ceux de Reyes dans sa chambre. Au moins y'en a qui pensent à rien. Et si j'allais fumer sur le toit ? Les images de mon enlèvement me reviennent en pleine face et mon estomac se retourne. Ma peau brûle et les traces de cette femme abattu plus tôt, hantent mon corps jour et nuit.

Même après toutes ces années, j'ai l'impression d'être son pantin.

C'est le message de James qui me sort de mon cauchemar, et je le remercie pour ça... jusqu'à ce que je vois pourquoi il me l'a envoyé.

Mon cœur se soulève et ma respiration reste en apnée jusqu'à ce que j'ouvre sa chambre lentement. Les murs blanc n'ont pas changés et le peu de meubles également. Il est assis en tailleur, dans un recoin, le torse découvert. Rempli de marque rougeâtres.

On s'est fait une promesse tous les trois après qu'on se soit fait tatouer nos initiales respectives : si l'un de nous risquait de sombrer, il appellerait à l'aide aux autres.

D'un côté je suis content qu'il m'ait envoyé un message mais de l'autre... je sais ce qui va s'ensuivre.

Sa crise n'est pas trop violente mais dans ses iris marrons j'arrive à y déceler toute sa tristesse mais aussi une colère indéterminable.

Cette résidence abrite tous les cœurs meurtris, en morceaux de la fac.

— Je suis là, chuchoté-je. Tu vois ? Allez respire, calmement. Tu peux faire ça ?

Il hoche péniblement la tête. Il repense à la tragédie qui lui a ôté sa petite sœur. Elle n'avait que sept ans. Une noyade, et quant à lui il en avait 14, c'est arrivé peu après nous avoir rencontrés Ethan et moi.

— Désolé... Liam... pourquoi Rose me regarde comme ça ? Elle m'en veut... je ne l'ai pas sauvée...

Sa voix se brise et ses mains grattent sa poitrine dans un dernier réflexe de secours.

— Elle ne t'en veux pas mec, c'est une hallucination.

Quand il le comprend, il hoche la tête et ses grattages incessants meurtrissant sa peau cessent. Je prends place à ses côtés comprenant sa souffrance. Si jamais j'avais perdue Sienna quand on s'est fait enlevés, je crois que j'aurai pété les plombs, enfermé dans un asile psychiatrique.

Je lui propose d'appeler Ethan et même si d'ordinaire il accepte, cette fois il refuse. Il ne veux pas gâcher la soirée de son meilleur pote, où, même si c'est avec Daisy, elle pourrait lui faire oublier tous ses malheurs à lui. Putain de merde. Il est beaucoup trop gentil. Ça me rappelle à quel point je suis égoïste. Je crois qu'à sa place, je l'es aurai appelé tous les deux quitte à ce que leur soirée vire au cauchemar à mes côtés.