Voria - Le Cycle du Vortex, T2

Chapitre 5

Deux jours plus tard, Claée sortit de l'ultralux. Le voyage n'avait été agréable pour personne : l'un des stabilisateurs ultraluminiques hâtivement réparés lors du dernier voyage avait lâché, et tous les résidents de la zone impactée avaient instantanément sombré dans l'inconscience. Heureusement, les systèmes de survie avaient pris le relais, empêchant que la Station tout entière ne se disloque dans cette dimension, où il était impossible aux organiques de survivre sans protection...

On comptait une quinzaine de fractures, pas mal de bosses, et même un début d'incendie heureusement maîtrisé par les robots de sécurité, mais c'était un vrai miracle qu'il n'y ait pas plus de blessés ni même de morts, car cela s'était produit en pleine journée, quand chacun vaquait à ses occupations.

Les dérivateurs avaient parfaitement fonctionné. Il avait suffi d'à peine quelques minutes pour qu'il soit possible aux équipes de secours de rentrer dans la zone, pour porter assistance aux victimes. Des fluctuations de gravité résiduelle restaient sensibles dans le secteur impacté, mais la plupart des habitants avaient repris conscience tout seuls, quand les systèmes avaient réussi à compenser le stabilisateur défaillant.

Inutile de préciser que Claire avait été atrocement malade, encore plus que d'habitude.

Je ne suis vraiment pas faite pour la vie dans l'Espace !

Il était désormais évident pour tous que Claée ne pourrait pas continuer ses errances dans l'ultralux sans une révision très sérieuse et complète dans un chantier orbital correctement équipé. Les ingénieurs ne garantissaient leurs réparations d'urgence que pour un temps et un nombre de sauts limités. Il allait falloir rapidement trouver un bassin de radoub approprié, et cette épineuse question n'était pas encore tranchée.

Une dizaine d'heures plus tard après la sortie de Claée, les cargos légers survivants de la bataille arrivèrent à leur tour, bientôt suivis par les croiseurs. Le système de sécurité mis en place après les premières attaques définissait un point de rendez-vous pour les chasseurs, à seulement quelques heures d'ultralux, qui n'était pas celui de la destination finale de Claée. Cela permettait d'éviter que la véritable localisation ne soit interceptée par les communications ennemies pendant le combat. Plusieurs croiseurs lourds les attendaient alors au point de rendez-vous, permettant d'embarquer la totalité des chasseurs pour leur permettre une traversée d'ultralux plus confortable vers le nouvel emplacement de Claée, déterminé aléatoirement par les ordinateurs selon une liste de paramètres définis à l'avance par le Haut Commandement.

Camyl et Claire, tout juste remise, coururent jusqu'au hangar où devaient accoster Marc et Giles. Le contrebandier fut le premier à aborder : il avait effectué tout le voyage dans son vaisseau, se contentant de récupérer les coordonnées de Claée au point de transit, alors que Marc avait apponté son chasseur sur le Vaillant et passé le reste du voyage sur le croiseur. Ce dernier débarqua donc une demi-heure plus tard, soulagé de les retrouver tous en bonne forme.

*

— C'est complètement ridicule, soupira Marc quelques temps plus tard, alors qu'ils profitaient de leurs retrouvailles dans l'un des salons privés du principal espace de restauration de la Station.

Le jeune Wardom goba quelques golfishes fumants, son péché mignon, mais même son plat préféré ne parvint pas à effacer la mine contrariée qu'il arborait depuis qu'il avait appris les accusations de Det et l'ambiance délétère qui régnait depuis lors.

Les paroles du Chef de la Sécurité n'étaient pas restées celées dans la salle de commandement. Depuis deux jours, les rumeurs avaient enflé. Certaines personnes refusaient de regarder Claire quand elles la croisaient, et même chez celles qui ne voulaient pas croire qu'elle ait quoi que ce soit à voir avec les attaques, comme Fil Vegville, il n'était pas difficile de percevoir leurs doutes.