Chapitre 9

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La première vision que Claire eut de Margnez fut assez contrastée – entre franche déception et éblouissement total.

Elle ne savait pas vraiment à quoi s'attendre, quand ils sortirent de l'ultralux à proximité de la planète, après une décade d'un voyage sans histoires. Bien sûr, elle avait étudié la planète dans l'Atlas, elle avait vu des holofilms qui parlaient de Margnez – surtout à l'époque du Premier Contact, entre les Margnerals et les Humains des planètes-sœurs Kivilis et Boutae, qui marquait le début du calendrier du Quadrant – mais lorsqu'ils se furent suffisamment approchés du berceau des sages non-hums, dépassant les orbites de ses trois lunes, ce fut pour le découvrir presqu'entièrement recouvert de nuages. Les fameuses Forêts Pourpres, qui recouvraient une grande partie des continents de l'hémisphère nord, disparaissaient sous une épaisse couche de brume, et elle ne retrouva pas le scintillement rubis qu'on lui avait tant vanté.

Cependant, la déception initiale fut vite nuancée lorsqu'ils approchèrent la planète. Margnez était en effet entourée d'une ceinture de stations spatiales, une véritable ceinture, solide, faite de millions d'unités de vie, de hangars, d'usines et de chantiers navals, assemblés les uns aux autres en un gigantesque et fin anneau qui l'entourait au niveau de l'équateur. Et de chaque côté de l'immense anneau, tout autour de la planète, on voyait miroiter un scintillement rougeâtre : un bouclier planétaire.

— Incroyable ! siffla doucement Giles entre ses dents. Je ne pensais pas que ce genre de truc existait encore...

— Tu n'es jamais venu sur Margnez ? s'étonna Camyl depuis le fauteuil du copilote.

— Ce n'était pas trop notre secteur, expliqua le grand jeune homme alors que le vaisseau approchait la ceinture. Sérieusement ! Ces grands escogriffes à oreilles ne font décidément pas dans la simplicité !

— Margnez est l'une des trois planètes de la République à posséder un bouclier planétaire intégral, pontifia alors Met-Ahne, alors que Claire, depuis le fauteuil situé derrière le pilote, demandait :

— Pourquoi ça ? Qu'est-ce que ça a de compliqué ?

Elle affectait d'avoir l'air blasé, même si la vision de la ceinture qui grossissait petit à petit sous leurs yeux, emplissant peu à peu leur champ de vision, lui donnait l'impression de se sentir minuscule – encore plus que d'habitude, dans l'espace.

— Tu n'imagines pas l'énergie qu'il faut pour maintenir un bouclier planétaire de ce genre, expliqua le pilote. Si on essayait de passer outre, on s'écraserait tranquillement sur le bouclier, plus sûrement encore que sur le sol.

— C'est certain ! confirma Met-Ahne. Je peux vous dire que je ne m'y risquerais pas ! Ni vous ni moi n'y survivrions !

— Merci de la précision, Met-Ahne. Je te rassure, ce n'est pas du tout dans nos intentions. Et regardez-moi ça, ajouta-t-il d'un air écœuré : tous les points de passage sont centralisés au niveau de la ceinture orbitale. Bonjour le trafic !

Effectivement, plus ils avançaient, plus la circulation était dense. Alors qu'ils se rapprochaient de la ceinture, ils distinguèrent bientôt qu'elle était doublée d'une fine ligne de métal – enfin, fine, c'était relatif, car ladite ligne faisait probablement un ou deux kilomètres de large. Entre la ceinture proprement dite et cet anneau supplémentaire, relié à la structure principale par une série de pontons régulièrement espacés, un espace d'une vingtaine de kilomètres, guère plus, permettait le passage des vaisseaux vers la surface. L'espace rougeâtre entre les innombrables « barreaux » de cette gigantesque échelle clignotait frénétiquement, lorsque le bouclier dans un de ces secteurs était désactivé pour permettre le passage, vaisseau par vaisseau.

Voria - Le Cycle du Vortex, T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant