Chapitre 6

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Quelques jours plus tard, Camyl reçut un message.

Marc et Claire étaient en train de s'entraîner, comme tous les jours, et Giles était venu leur tenir compagnie. Le contrebandier espérait un rapport des espions Libertans concernant le transfert de prisonniers de Depinthil, et en attendant, comme à chacune de ses visites, il tournait en rond sur Claée.

C'est pourquoi dans ces moments-là il avait pris l'habitude de rejoindre les deux Wardoms dans la salle d'entraînement qu'ils utilisaient, dans l'ancienne zone de loisir de la station, convertie depuis peu en quartiers de casernements. Malgré la surpopulation et le manque de place, quelques espaces sportifs avaient été préservés, pour permettre aux personnes entassées sur Claée de pratiquer un peu d'exercice physique, et les deux jeunes gens avaient réservé l'une des plus petites pour pouvoir s'entraîner quelques heures au calme chaque jour. C'était là un privilège que bien peu de personnes à bord possédaient, l'intimité étant devenu une notion toute relative au fur et à mesure que l'espace vital sur Claée s'amenuisait.

Les premières fois où Giles s'était invité à leurs séances, Claire avait craint d'être mal à l'aise, connaissant le caractère caustique du contrebandier. Mais elle s'était vite rendue compte qu'aucune remarque que pouvait faire Giles ne serait pire que les commentaires bougons du Lieutenant Saulnier ou les observations sarcastiques de Leftarm... Au contraire, c'était même plutôt rafraîchissant.

Si le pilote se contentait de les observer quand ils travaillaient leur poeïr, acceptant simplement, sans jalousie, d'en être totalement dépourvu – il considérait cela comme un gadget, et plus qu'un fardeau – il se joignait souvent à eux lors que l'entraînement devenait purement physique. Il avait une approche brutale et pragmatique du combat à main nue, issue d'années de rixes dans les bas-fonds du Quadrant, qui manquait cruellement à Marc. Du fait de son entraînement à Bhénak, Claire était mieux lotie, de ce côté-là, que le jeune Wardom, mais Giles réussit cependant à la surprendre plusieurs fois par quelques coups bas qui amenèrent alors un sourire de triomphe sur le visage sardonique du contrebandier.

Ce jour-là, Claire et Marc travaillaient sur leurs barrières mentales, et l'exercice était difficile. Giles avait amené l'un des compensateurs d'inertie du cargo et bricolait dans un coin, les observant du coin de l'œil.

— Des barrières mentales ? C'est quoi ? demanda-t-il alors que les deux jeunes gens s'installaient, face-à-face, Claire tenant le bayni de Marc dans ses mains.

— Ça permet d'éviter de se faire submerger le cerveau par une vague de poeïr, expliqua Marc. Imagine ça comme résister à une décharge électrique, ou à un raz-de-marée.

— Et vous ne savez pas déjà faire ça ? Je veux dire, à Armora, c'est bien ce que le Vieux a essayé de faire, non ? Et vous avez bien résisté, non ?

Giles se refusait à appeler Leftarm autrement que « le Vieux ».

— Marc a failli y rester, rappela Claire. Leftarm est très puissant.

— Oui, j'ai vu, merci ! Mais dans ce cas pourquoi ce n'est pas Marc qui s'entraîne à renforcer ses barrières ? Toi, il me semble que tu t'en es plutôt bien sortie...

— Parce qu'il y a deux types de barrières, répondit Marc. Claire sait effectivement très bien contrer la puissance brute. Mais elle protège mal ses pensées... tu penses bien que Leftarm s'est bien gardé de lui enseigner sérieusement comment lui cacher des choses !

— Je vois.

— Mais si ça peut te rassurer, termina Marc, j'ai pas mal progressé aussi, coté puissance brute. Leftarm aurait plus de mal à m'assommer, maintenant, qu'à l'époque.

Voria - Le Cycle du Vortex, T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant