Chapitre 14

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Depuis le croisement derrière elles, les soldats surgirent et commencèrent à balayer le couloir d'un feu nourri. Des rayons verts, nota Claire, presque avec détachement, des rayons paralysants : ils les voulaient vivantes !

De l'autre côté, la porte commença alors à s'ouvrir, très lentement.

Un refuge ? Non, ça m'étonnerait !

Maintenant, la jeune fille percevait la froide détermination de ceux qui les attendaient de l'autre côté. Mâtinée d'impatience, car les portes d'apparat coulissaient avec une lenteur majestueuse, cérémonielle, qui n'avait manifestement pas été prévue par leur comité d'accueil, à en juger par l'exaspération qu'elle sentait monter de l'autre côté...

Si la porte s'était ouverte quelques secondes plus tôt, elles n'auraient pas eu le temps de s'abriter. Prises en tenaille, elles n'auraient eu aucune chance. Heureusement, la coordination des équipes n'avait pas été absolument parfaite, leur laissant quelques secondes pour se mettre à l'abri avant que les deux équipes ne se rejoignent.

Malgré tout, elles étaient prises au piège.

Reprenant immédiatement ses esprit, Camyl tenta d'ouvrir la fenêtre derrière elles. Verrouillée ! Après l'échec de la première rafale, sensée les prendre par surprise, les tirs cessèrent, et Claire entendit les soldats qui arrivaient par derrière se déployer dans le couloir. Ils ignoraient si elles étaient armées, et préféraient avancer à couvert.

Je savais que nous aurions dû amener au moins un pistolaser ! Je n'aurais pas dû écouter Camyl !

Quand Claire avait glissé son pistolaser dans la poche de cuisse de son pantalon, la spatione s'était récriée. Hors de question d'apporter une arme au Sanctuaire, l'Ile du Conseil était sacrée !

— Et en ce qui concerne une attaque sur le trajet, c'est pour cela que nous avons une escorte ! Arrête donc de t'inquiéter !

Claire avait hésité, tentée d'ignorer les ordres et d'emporter l'arme en cachette. Mais elle n'avait finalement pas osé : si elle était découverte, si cela créait un incident diplomatique, ou pire ?

Et maintenant, il était trop tard !

De l'autre côté, la porte du Conseil continuait sa lente ouverture. Encore quelques secondes, et l'espace serait assez large pour laisser passage aux soldats qui se pressaient de l'autre côté....

Claire saisit le flambeau stylisé, juste au-dessus de leurs têtes, et l'arracha de son support. Faisant signe à Camyl de se protéger le visage, elle banda son pouvoir et projeta le lourd artefact de métal contre le système de fermeture de la fenêtre. Avec ses forces décuplées par le poeïr, l'antique loquet vola en éclat et le battant s'ouvrit.

Les deux filles sautèrent dans l'allée couverte puis se ruèrent maladroitement dans le jardin aux arbustes soigneusement taillés, entravées par leurs tenues incommodes. Derrière elles, des cris et des ordres retentirent alors que les soldats voyaient brusquement leurs proies leur échapper.

- Là ! cria Camyl, désignant une plante grimpante dont les ramures, s'enroulant autour des colonnes, montaient jusqu'au toit du cloître, cinq ou six mètres plus haut.

Sans attendre, elle se précipita et commença son escalade. Mais ses lourdes robes s'accrochaient aux branches, gênant sa progression. Elle marcha sur son ourlet, glissa, se rattrapant de justesse. Claire lança alors le poeïr, poussant de toutes ses forces vers le haut. La spatione, comme propulsée, réussit à se hisser sur le toit de la galerie, et Claire, retroussant sa jupe heureusement plus légère dans sa ceinture, se hâta à sa suite.

Voria - Le Cycle du Vortex, T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant