Voria - Le Cycle du Vortex, T2

Chapitre 3

Alors qu'elle rejoignait le turbolift qui menait à la Salle de Commandement, sur les talons de Camyl, qui n'avait pas décroché une parole depuis qu'elles avaient quitté les deux garçons, l'alarme se remit à sonner. D'une tonalité plus urgente encore : celle qui signalait que la flotte ennemie était sortie de l'ultralux.

La voix suave de Claée retentit dans la coursive :

Appareils ennemis en vue. Temps avant franchissement de la Limite : huit minutes.

La bataille commençait.

La Salle de Commandement était bondée. Officiers, techniciens et observateurs habilités se pressaient sur les gradins et derrière les consoles tactiques, dans une agitation parfaitement maîtrisée. En bas, au centre de l'amphithéâtre, un immense hologramme représentait Claée et l'espace environnant. Ici, l'alarme avait été coupée, et l'air bruissait des conversations assourdies des techniciens, entrecoupées des ordres lancés par les officiers.

Elles se dirigèrent vers Yavad Det, le Chef de la Sécurité, et Fil Vegville, l'Officier Technique en Chef, qui se tenaient debout derrière le Coordinateur Spatial. Fil Vegville les salua d'un signe de tête amical, mais Yavad Det leur jeta un bref coup d'œil et son visage se ferma. Il hocha rapidement la tête à l'intention de Camyl, mais ignora délibérément Claire, se penchant par-dessus l'opérateur en lui glissant un commentaire et indiquant une zone sur son écran avec son stylet.

Claire observa l'écran tactique, et sentit son estomac se nouer. La situation n'était pas bonne. La flotte ennemie avait surgi dans le secteur inférieur du quadrant, près, très près de Claée. Claire comptait vingt, non, vingt-deux bâtiments de guerre ennemis, en train de se déployer pour les encercler. S'ils réussissaient leur manœuvre d'enfermement, le passage dans l'ultralux serait impossible.

Les Libertans possédaient quant à eux une demi-douzaine de vaisseaux lourds, des croiseurs de classe B, pour la plupart, et deux bâtiments plus imposants, capables de rivaliser avec les plus gros vaisseaux de Kivilis : le Vaillant, commandé par Ernst Maqalisterr, et le Suprême, sous le commandement de Scheid Decrenn.

Ces deux croiseurs, et leurs amiraux, étaient tout ce qui restait de la flotte de la Confédération VainHiceYeuzane. Les systèmes de Vain, Hice et Yeu, très proches, s'étaient fédérés et regroupés depuis des centaines d'années en une entité commercialement et politiquement très unie, qui s'était intégrée à la Del sans jamais renoncer à une certaine indépendance. Sa neutralité était légendaire, jusqu'à ce que Kivilis exige de contrôler sa flotte, comme toutes celles des autres systèmes, quand la loi d'Urgence Planétaire avait été votée par le Concile Dynastial, six ans auparavant.

Les combats avaient été féroces, et extrêmement meurtriers. Désormais, la Confédération n'existait plus, totalement assimilée, ainsi que ses ressources, par Kivilis. Il existait encore un Dynaste VainHiceYeuzan, mais il ne siégeait plus que pour la forme, totalement aux ordres de Déneterr.

Les deux bâtiments de Classe A, seuls survivants d'une flotte qui en comptait jadis quinze, avaient rejoint les Libertans et la clandestinité quand leurs amiraux avaient refusé de déposer les armes. C'était une aide inestimable, les vaisseaux les plus puissants de la flotte insurgée... mais malheureusement, ils n'étaient que deux, bien insuffisants pour rivaliser avec la force de frappe de leurs opposants...

Les vaisseaux ennemis se maintenaient à distance de la Station, ne tenant pas à se mesurer à son armement redoutable, même pour eux, mais trois d'entre eux étaient dangereusement proches du Suprême. Des nuages de points holographiques s'étaient échappés des bâtiments de Kivilis et se précipitaient à la rencontre de plusieurs autres nuages de points, qui partaient de Claée, du Vaillant et du Suprême, et tentaient de rester en formation. Les chasseurs adverses étaient petits et agiles, difficiles à atteindre avec les grands canons de la Station ou ceux plus petits des croiseurs. Mais ils étaient bien plus nombreux que les chasseurs Libertans, et leurs armes pouvaient faire beaucoup de dégâts.