Voria - Le Cycle du Vortex, T2

Chapitre 4

Ils avaient passé la Limite.

Et ça n'avait pas été agréable.

Dans la Salle de Commandement, l'on reprenait peu à peu ses esprits. Alors que dans l'assistance, chacun commençait à se relever, prudemment, précautionneusement, des gémissements s'élevaient çà et là. Des bruits sonores indiquaient un peu partout que beaucoup avaient mal supporté le passage de la Limite et les brusques changements de gravité.

Claire elle-même se sentait affreusement barbouillée, mais elle avait l'habitude. Par miracle, cela mis à part, elle n'avait aucune blessure autre que quelques ecchymoses.

Quelques minutes plus tard, les équipes médicales – certaines en guère meilleur état que l'assistance - commencèrent à arriver, et prirent en charge les plus mal-en-point, ceux qui n'avaient pas eu le temps de s'accrocher à quelque chose avant la brusque inversion de gravité. De la fumée venue des équipements endommagés obscurcissait l'air, que peinait à renouveler les extracteurs. Les rapports d'avaries défilaient sur les écrans, s'accumulant, dessinant un tableau peu glorieux. Cette fois, Claée avait vraiment souffert. Il était peu probable qu'elle réussisse à soutenir un assaut de plus.

Claire aida Camyl à s'asseoir. La jeune femme était blessée, un filet de sang coulait le long de sa tempe, mais elle refusa que Claire la conduise au Centre Médical.

— Il y a des gens en pire état que moi ! Je veux savoir quelles sont les avaries.

Fil Vegville s'approcha en boitant, un bayni ouvert à la main. Le petit homme d'habitude débonnaire affichait un air sombre.

— Ce n'est pas joyeux ! Les Zones Sept à Dix ont souffert. J'attends les rapports des équipes de maintenance, mais il faut s'attendre à ce que plusieurs soient inhabitables pour le moment.

— Rapport des pertes ?

— Je n'ai pas encore tous les chiffres, mais au moins cinq personnes ont péri dans une dépressurisation, dans un couloir de la Zone 8FG. Sans compter tous les blessés dus à la panne gravifique.

— Nous nous en sommes tirés de justesse, coupa une voix dure derrière eux. Nous ne pourrons pas continuer à jouer à ce jeu beaucoup plus longtemps. Et vous le savez !

Yavad Det arborait une expression encore plus sinistre que d'habitude. Claire éprouva un long frisson. Il était rarement chaleureux avec elle, mais elle n'aimait pas du tout la façon dont il la regardait présentement.

— Que pouvons-nous faire de plus ? protesta Camyl. Nous avons revu toutes les procédures. L'emplacement de Claée est désormais déterminé par un algorithme aléatoire, aucun de nous ne sait à l'avance à quel endroit se passera le prochain Saut. Nous avons totalement revu les chaînes d'approvisionnement et de commandement, pour éviter toutes les fuites.

— Et pourtant, c'est la cinquième fois que Kivilis nous trouve en quelques mois. Auparavant, nos ennemis nous repéraient quand nous restions trop longtemps au même endroit, mais on comptait alors en mois ! Maintenant, c'est en jours ! Il y a autre chose, et vous le savez parfaitement.

— Qu'est-ce que vous sous-entendez ? demanda Claire, sentant la moutarde lui monter au nez.

Det lui retourna son regard.

— Vous savez parfaitement de quoi je parle, jayn.

— Ecoutez, Yavad, nous en avons déjà parlé, les interrompit Camyl. Je me porte garante de Claire, et Marc aussi. Vos soupçons sont sans objet !

— Je suis Chef de la Sécurité, Camyl. En tant que tel, je vous indique quelles sont les menaces qui pèsent sur la Station. Et votre amie est tout en haut de la liste.