"Alors ouais on s'est blessé, on s'est fait du mal puisqu'aucun de nous n'est parfait. Tout le monde peut reprocher quelque chose à tout le monde. Peut-être que tout le monde doit quelque chose à tout le monde, c'est comme ça dans une famille. La haine est une pauvreté que l'indulgence habille, on s'aime donc on s'pardonne."
Je dépose mes affaires, je me change, rattrape mes prières... Je vais dans la cuisine, c'est comme un automatisme depuis le décès de yemma la cuisine est devenue mon refuge, j'y laisse parfois couler des larmes en pensant à toutes ces fois où nous avions cuisiné de bons petits plats ensemble, où nous les avions dégusté tous ensemble autour d'une même table nous racontant nos journées... Mais ce temps est révolue, notre famille n'en est plus une, mes frères découchent, mon père ne mange plus.
J'en peux plus de cette situation, faut vraiment que je mette les choses à plat avec elle.
- Moi : KHADIJA VIENS LA STP !!!
- Khadija : Qu'est ce qui t'arrive ? Pourquoi t'hurles mon blaze ?
Bon je vais essayer de n' pas m'enerver, si c'était pas la plus grande y'a longtemps que j'l'aurais mise K.O, mais le respect l'emporte sur l'irritation du moment.
- Moi : Qu'est ce qui m'arrive ? T'es sérieuse là ?
- Khadija : Oh oh oh tout doux l'agneau, baisse d'un ton pour commencer. T'as trop cru que j'étais ta pote à la compote toi !
- Moi : Laisse moi rire, justement je suis pas ta "pote", je suis ta petite soeur et toi t'es censée être la "grande" !
BAM !
Elle vient de m'envoyer une rafale en pleine tête, juste assez forte, pour que mon corps embrasse le sol.
- Khadija : Avise toi de me reparler comme tu viens de le faire ne serait-ce qu'une miniscule fois j'te monte en l'air p'tite merdeuse !
Toute la haine et la rançoeur, que je contenais en moi, je vais lui cracher à la gueule.
- Moi (en me redressant) : Pour qui je me prend ? Pour qui je me prend moi ? Et toi, pour qui tu te prend ? Vas-y,explique moi, tu crois que c'est à moi d'assumer la famille ? C'est à moi de montrer l'exemple ? Nan, ça c'est ton taff et non le mien. T'es supposé nous montrer le chemin à tous et nous aider à ce sortir de cette fichue galère. Yemma, elle a jamais posé la main sur nous ! Tu me dégoûtes, tu penses qu'à ta petite personne, ton propre bien être ! Et nous, dans tout ça, on est où ? Ouvre les yeux et regarde autour de toi. Tu vois pas tes frères ? Ils sont en train de virer paro, Baba il mange plus, il dort plus, c'est à peine si il vie. Et les jumelles, dans tout ça, elles réalisent même pas ce qui nous arrive, mais elles ressentent bien qui y'a un mal aise.
Mes hurlements ont attiré mon père dans la cuisine
- Baba (sereinement) : Benti, qu'est-ce qui ce passe ? Pourquoi vous criez comme ça ?
- Khadija : Tu comprend rien, vient pas m'apprendre ce qu'est la vie, pisseuse. J'te laisse faire vu que t'es une grande fille qui aime bien donner des leçons de vie.
Elle me laisse là, plantée et s'en va. Elle a dit ça avec un calme impassible, d'un flegme qui annonce son abandon. Elle a renoncé, baissé les bras comme si elle déclinait toute responsabilité, j'y comprend plus rien. C'est pas la grande soeur que je connais...Nan, elle à complétement changé depuis la mort de notre mére. Khadija a toujours été une fille discrète, présente pour la famille. Elle a même arrêté les cours pour aider mes parents à payer les factures. Mais là, elle ne travaille plus et passe le plus claire de son temps devant la télé ou à vagabonder, on ne sait où. Ce n'est plus la même fille.
- Moi (à mon père) : C'est rien Baba, juste une petite dispute de filles. T'inquiètes pas, je suis désolée d'avoir crier. Je vais préparer le repas et faire le ménage, vas te reposer, je t'apelle quand c'est prêt.
- Lui (en partant vers le salon) : C'est pas grave, c'est pas grave.
Mon pére, lui, ne comprend pas grand chose à la situation ou plutôt je pense qu'il s'est tellement renfermé sur lui même qu'il a placé des oeillères devant ses yeux pour éviter de souffir. Une plaie béante recouvre son coeur et pour survivre à celle-ci, il a bâtit un mur qui le sépare de la réalité et bloque instinctivement les sentiments qui essayent de l'atteindre.
Ma famille est rongée par cette souffrance, la perte de notre socle nous a fait déscendre de notre pied d'estal et à provoquer des dommages colatéraux irréversibles. La vie tue avant la mort ! C'est décidé, je vais tout faire pour pallier au manque qui hante mes proches, les faire s'évader et guérir le mal-être qui les plonge dans la noirceur de la vie. Je ferai tout pour que mes frères ne plongent pas dans l'illicite, je ne les laisserai pas se faire broyer par la rue, elle en a engrainé plus d'un, en les berçant avec sa douce symphonie, l'apat du gain... Pff, je la hais ! Je ferai tout pour que ma grande soeur redevienne comme avant, en faisant taire sa souffrance. Je ferais tout pour que mes petits bijoux ne grandissent pas dans cette atmosphère pesante qui innonde les miens. Je ferais tout pour que mon pére retrouve la joie de vivre qui submergeait son visage. C'est une promesse que je me suis faite. Je finis par faire le ménage et préparer le diner.
- Sofya : Ness, Ness regarde ce que j'ai fais !
Mon petit amour est en train de me montrer un joli dessin.
- Moi : Waouh ! C'est jolie, c'est toi qui l'a fais toute seule ?
- Sofya : Bah, en fait, c'est Nahla et moi mais c'est plus moi.
Mes soeurs, elles sont trop craquantes, elles font tout ensemble, elles se complètent. Dés qu'il y en a une en difficulté, c'est l'autre qui fait à sa place. Et là il y avait un jolie coeur dessiné et je sais que Sofya a du mal à en faire
- Moi : Mdr, mon bébé il est beau votre dessin, il est pour qui ?
- Sofya : Moi, je veux qui soit pour toi mais Nahla elle veut qui soit pour mama, elle veut lui envoyer au paradis mais on connait pas l'adresse du paradis, alors on sait pas !
- Moi : C'est gentil ça, si vous voulez je peux l'envoyer, je connais l'adresse du paradis.
- Sofya : C'est vrai ? Chouette je vais le dire à Nahla elle va être contente ! T'es la meilleure (elle me fais un bisou)
- Moi : Au passage, dis à Nahla que c'est l'heure de manger et appelle Yass et Redouane.
Elle s'éloigne le sourire aux lèvres, un sourire qui a, depuis longtemps, quitté les miennes. Je dois avouer que les jumelles sont les seules encore capables de me chauffer le cœur.
Celui qui respecte les liens de parente n'est pas celui qui rend le bien par le bien, c'est celui qui continue a respecter ses liens même si ses proches les rompent. Rapporte par Al bokhari.
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Chronique de Nessma : Ma vie en kilodrames
Romance« On s'enlace tendrement. Nous venions de nous promettre la vie, de signer pour un amour éternel. Aujourd'hui on écrit notre histoire... »