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"La réalité c'est un cauchemar pour ceux qui rêve..."

La distance qu'il met entre lui et mon cœur me tue. Je le vois s'éloigner, songer à me quitter pour aller à des milliers de kilomètres de moi...

Serais-je égoïste, de lui demander de rester ? Dans le fond, oui. Je ne peux pas l'empêcher de suivre sa mère, si j'avais encore la possibilité de suivre la mienne je la suivrais au bout du monde et voire plus. Alors pourquoi ces doutes me font si mal? Je devrais le forcer à partir, je devrais le pousser à ne pas abandonner sa famille, à les suivre au-delà des mers, des océans, car c'est ce que je ferais a sa place...

Assise sur mon lit je cogite, je pense, j'imagine ma vie sans Jalil. Mes larmes s'échappent furtivement pour glisser et tomber sur une photo de nous deux que je tenais fermement dans mes mains. Je regarde cette photo, moi dans le creux de tes bras, mon visage presque imperceptible, ton sourire et tes petits yeux se plissant à force de joie...

Je ne pourrais jamais me résigner à l'abandonner, mes journées sont dictées par nos conversations, mes nuits sont bercées par sa voix cassée, nos rendez-vous me rappellent que sans lui je suis incomplète. J'ai perdu ma mère. Néanmoins, le voir partir serait m'amputer de la partie restante de mon cœur...

*****************

Des semaines passent sans que nous reparlions de sa volonté de rester, c'était devenu un sujet tabou, un sujet à ne pas aborder. Mais je ne pouvais plus faire semblant que la situation ne me dérangeait pas, je ne pouvais plus le voir se ronger les sangs en pensant à sa mère rentrée au pays...

Sa mère c'est toute sa vie, sa reine comme il l'appelle et par ma faute il devrait vivre loin d'elle ? Je ne peux pas être la cause de leur séparation, parce que dans le fond je le sais que s'il reste c'est pour moi, notre histoire...

-Moi : Jalil ?

-Jalil : Oui.

-Moi : Non oublie on a dit qu'on devait plus en parler, donc on en parle pas. Laisse tomber.

-Jalil : Non dis ce que t'as à dire.

-Moi : Je pense que tu devrais y aller.

Il m'avait raconté la façon dont il s'était fâché avec sa mère pour pouvoir rester. Il était triste de la voir faire ses bagages, de la voir pleurer de par leur séparation. Il me disait souvent "le prince a perdu sa couronne, sa reine elle se barre au pays". J'avais mal, je culpabilisais d'être là, de le pousser implicitement à rester au nom de "nous", de notre histoire qui peut être n'aboutirait pas. Si on me demandait de quitter mon père je ne le ferais pas, je n'ai pas sa force à Jalil, ni son courage de penser à un lendemain sans son pilier central...

Son regard s'est transformé. Moi qui aurais dû y voir le soulagement, la compréhension j'y ai vue l'incompréhension et la haine...

-Jalil : T'es sah (*sérieuse*) là ? J'ai tout fait pour n'pas me barrer et t'laisser et toi tu me balance normal qu'il faudrait que je parte ?

-Moi : Non mais c'est pas ça Jalil. J'aurais aimé suivre ma mère à l'autre bout du monde et Dieu seul sait que si j'en avais l'occasion je le ferais... Toi tu as cette occasion donc ce serait égoïste de ne pas te laisser partir.

-Jalil : T'sais quoi? On en parle plus. J'ai pris ma décision Khlass (*c'est fini*).

-Moi : D'accord.

Mon cœur se broyait, je le voyais perdre son sang-froid. Je m'en voulais, je m'en veux de m'immiscer entre lui et sa mère. Sa décision il l'a prise pour rester avec moi, pour ne pas m'abandonner mais dans le fond j'étais heureuse qu'il reste avec moi. Parce que sans lui, mes journées seraient vide de sens, amère. Le voir s'éloigner en étant présent me rendait malade alors imaginer qu'il soit au-delà de la méditerranée m'asphyxiait. J'en perds le souffle, je crois que Jalil est devenu mon ombre, tellement important pour moi que son absence me brise les os, m'étrangle a force d'amour...

Chronique de Nessma : Ma vie en kilodramesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant