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« Le monde sur mesure existe dans un coin du cerveau ... »

Par la suite, je leur ai expliqué tout : Du cancer, au Maroc, à son décès, à notre situation familiale. A mon récit, s'est mêlé de douces larmes. De tristesse de me remémorer tout ça, ne me faisait pas du bien mais c'est un travail de mémoire. J'ai pris conscience ce jour-là qu'en parler m'éviter d'oublier. Et de joie, la joie d'avoir enfin trouver des épaules attentives à mes pleures.

Quelques minutes plus tard, Soumaya a dû retourner en cours et nous a donc laissé seuls, Omran et moi. Nous avions discuté de tout et de rien et là, il s'est approché de moi furtivement. Il se trouvait vraiment à quelques centimètres de mon visage, une très faible distance nous séparait, ce qui m'a rendu mal à l'aise.

- Omran : Ils sont chelou tes yeux

- Moi (gênée) : Hein ?

- Omran : Bah ouais. Mate, d'habitude ils sont clairs et là ils sont foncés un truc de fou. Ils s'ambiancent tout seuls, tout dépend de ton humeur du moment en fait ?

En même temps, il faisait des allés-retour devant mon visage avec son doigt.

J'ai laissé apparaître un sourire inconscient à ce qu'il venait de dire. Je suis là, à lui dévoiler mes peines et lui, il me sort une hypothèse concernant la déclinaison de couleur qu'ont mes yeux ! Je pense qu'il voulait détendre l'atmosphère.

- Moi : C'est toi qui est chelou, Omran ! J'ai pleuré, c'est normal qu'ils soient plus foncés là. C'est pas une question d'humeur

- Omran : Ah, enfin un sourire ! Même si je vois pas trop pourquoi tu rigoles ?

- Moi : Obligé avec toi, j'crois tu fais une fixette sur mes yeux, t'en parles toujours !

- Omran : Recommence pas à faire la re-sta, j'te l'ai déjà dis, t'es pas Beyonce ma sœur !

- Moi : N'importe quoi ! Déjà est-ce qu'on s'ressemble, elle et moi ? Nan, donc stop poto. C'est toi qui me sors une théorie absurde sur la couleur de mes yeux

- Omran : Tes larmes, elles ont dues embrumé ton cerveau, c'est pas possible ! WAllah que tes yeux, ils sont explicites, cherches pas à faire une antithèse ma grosse. Quand t'es contente, ils sont clairs, voire presque transparents mais quand t'es triste, ils sont plus sombres. Ton regard, c'est le reflet de ton humeur. Papapa comme j'me suis gavé al ! C'est qui le patron !?

Il était trop fier de lui et il s'est mis à danser mais fallait voir cette action. C'est pas il dansait normalement comme tout l'monde... Non, lui il faisait des pas à l'ancienne.

Vous voyiez Will Smith dans le Prince de Bel Air ? Bah il dansait de la même manière.

Pour tous ceux qui connaisse pas, je vous mets le lien, regardez bien à 0:10, c'est Sou et Omran (Rien qu'ils kiffaient cette série ces deux-là) http://www.youtube.com/watch?v=ZfswUJmqMnA&feature=related

Moi, j'en pouvais plus, j'étais pliée de rire à cause de ses conneries. Il m'a sorti tous les pas de danse : le canard, le moon-wolk ... Un sketch à lui tout seul. Des gens passaient et le regardaient bizarrement mais, lui, ça ne l'a pas stoppé, il était à fond !

- Moi (les larmes aux yeux) : Omran... Steuplaît... Arrêtes... WAllah t'es ridicule !

Il a arrêté de swinguer.

- Omran : Avoues t'as keafé ?

Bon, j'ai enfin réussit à calmer mon fou rire.

- Moi : Merci Omran

- Omran : T'inquiètes même pas, tonton Omran il est là !

J'étais toujours assise par terre, alors je me suis redressée et là, il a fait un truc auquel je ne m'attendais pas du tout.

Il m'a pris dans ses bras, cela a duré un court instant mais ça m'a fait un bien fou. Grâce à lui, j'ai retrouvé le sourire, pas seulement sur mon faciès. Il a réussit à faire apparaître une once de gaité dans mes battements de cœur.

- Moi (en me retirant de ses bras) : On y va ?

- Omran : Quand on rentre, tu calcules pas le PD. S'il te redit un seul truc, j'lui péta sa gueule de toubab !

J'ai juste acquiescé d'un mouvement de tête et on a finit par retourner en cours.

La journée s'est finit tranquillement, aucune remarque, ni même un regard de travers de la part de Philippe. Je ne sais pas trop ce que Sou lui a dit mais ça a marché.

Je ne saurais comment remercier Sou et Omran, après tout ce qu'ils ont fait pour moi en si peu de temps.

Mais ce que je sais, c'est qu'ils m'ont montré que je pouvais avoir une totale confiance en eux. Jamais ils n'ont essayé de me poser des questions ou même d'en savoir plus sur mon passé. Ils ont toujours attendu que je fasse le premier pas, un espèce de respect du silence.

De plus, ils n'attendent rien en retour et ne réclament rien de moi... C'est très rare de trouver des gens comme ça.

Personne n'a jamais agit comme eux l'ont fait avec moi, ils m'ont enseigné la vraie signification du mot « amitié ». Ce n'est pas une amitié erronée comme celle que je pouvais entretenir avec Souheïla par le passé...

Après tous les évènements qui viennent de se produire, j'ai changé... Je ne suis plus la même personne. Je me suis faite une promesse, celle de ne plus verser une seule larme.

Ces épreuves m'ont beaucoup appris. Elles m'ont, en quelque sorte, obligé à me façonner une espèce de carapace inattaquable. Une armure d'acier s'est formée autour de mon cœur, elle a remplacé mon péricarde bien trop faible pour supporter le poids de la vie. Et, de façon constante, elle l'empêche d'éprouver les tumultes qui pourraient l'atteindre en filtrant chaque saveur amère qui voudrait le faire souffrir.

J'ai fini par quitter mes acolytes, les Soumran et je suis rentrée chez moi.

Mon père et les jumelles sont partis chez de la famille au sud pour le week-end. Un gros vide se fait ressentir dans la maison sans leur présences. Ils me manquent énormément mais c'est mieux pour eux.

Là-bas la joie de vivre se fait ressentir et ils ont besoin de ça. Nous sommes très proches de notre famille du sud et malgré la distance qui nous sépare les uns des autres, nous essayons de nous voir le plus souvent possible. Ils ont tous été très présents lors du décès de Yemma.

Ma tante était la meilleure amie de Yemma, toujours fourrées au téléphone ses deux-là. Aucun lien de sang ne les liait (c'est la femme du frère de mon père) et, pourtant, on aurait dit des sœurs jumelles...

Chaque été, on se retrouve tous au bled et on passe des vacances de fou. C'est l'évasion totale auprès d'eux.

Quand j'ai ouvert la porte de ma chambre, j'y ai trouvé Khadija en pleure.

Elle était recroquevillée sur elle-même... Sur son visage se dessinait le désespoir et la fatigue d'avoir versé toutes les larmes de son être.

- Moi : Khadija, qu'est ce qui s'passe ?

Je me disais bien que le bonheur ne pouvait pas durer. Il a à peine eu le temps de faire une apparition éclaire que son double maléfique, la peine a surgit pour laisser place à la souffrance qui hante les miens chaque jour, de plus en plus.

Notre bien-aimé Prophète (صلى الله عليه و سلم) nous exhorte à être vigilant dans le choix de ceux qui partagent notre vie, car ils influent sur notre Foi.

L'Envoyé d'Allah (صلى الله عليه و سلم) a dit : « L'individu partage la Foi de son ami. Aussi chacun de vous se doit de réfléchir en choisissant ses amis. »(Rapporté par Abou Daoud)

Chronique de Nessma : Ma vie en kilodramesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant