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« 24 ans mais je n'suis pas à plaindre, avant j'étais à cran dorénavant je suis à craindre »

J'ai placé une barrière à mes larmes, je fais donc baver de l'encre comme antidote. Je suis hantée par la confusion, entre damnation et euphorie, je suis partagée... Entre avouer et cacher la vérité, je suis partagée mais j'ai fait un choix...

- Moi : C'est la première et la seule femme de ma vie... Celle qui ne m'a jamais abandonné, qui m'a appris à être forte face à n'importe quelles situations. C'est ma mère...

- Jihène : Elle est belle franchement ! Elle rentre quand ? Que je puisse rencontrer la maman de ma Nessbatata

Mon silence est similaire au trou béant tapi au fond de mon cœur... Quels mots dois-je mettre sur ma souffrance, sur mon mal-être, sur son absence mettant chaque m² de mon corps en transe ?

- Moi : Tu ne la rencontreras pas, elle est au Maroc, auprès de ses parents

- Jihène (étonnée de ma passivité) : Elle te manque pas ?

- Moi : Si... Chaque jour que Dieu fait son absence me blesse un peu plus, elle me manque terriblement, si tu savais...

Je prends le cadre dans les mains de Jihène et j'observe cette photo... Elle était si belle, ses yeux étaient à jamais tatoués sur mon visage, m'empêchant ainsi d'oublier son existence, d'oublier tout l'amour que recèle mon cœur...

- Moi : Mon cœur est au delà de la Méditerranée et je peux rien y faire. Je suis condamnée à accepter cette situation. J'aimerais vivre à ses cotés, j'aimerais faire ce que toutes les filles font avec leur mère tous les jours, une journée shopping, qu'elle m'apprenne à faire la cuisine à sa façon...

J'essayais tant bien que mal de garder au fond des yeux mes larmes... Une phrase de plus et je ne serais plus maître de mon anatomie...

- Jihène : Relax Nessbatata, elle va revenir, te mets pas dans un état pareil...

- Moi : Non justement, elle ne reviendra pas, elle ne reviendra jamais ! J'arrive pas à le dire. Les mots veulent pas sortir putain ! J'arrive pas, j'arrive pas... Ton relax... Ton relax tu te le gardes...

BOUM ! ...

Le cadre a quitté mes mains pour s'éclater contre le mur...Yemma pardonnes-moi, pardonnes-moi si je n'ai pas su garder mon calme, si ton souvenir s'est abattu violemment contre le mur, à la façon de mon cœur contre la paroi de ma poitrine qui bat à l'unisson !

Jihène gardait son silence, son regard avait changé... Je craignais tellement la mutation de leur œillade, la pitié quittant leur rétine pour se refléter sur mon être. Cette situation m'est insupportable, ma force est fragilisée à tel point que des larmes salées s'expatrient de mes yeux. Je pleure à chaudes larmes, mon cœur tressaille, mon cœur frémit... Jihène ne savait même plus où se mettre, ni même quelle attitude adopter face à ma colère, à ma tristesse...

- Jihène : Je... Je... Je savais pas, désolée ma chérie...

- Moi : ...

Elle resserra un peu plus son étreinte, étranglant ma peine.

Elle s'efforça de me changer les idées durant toute la soirée, multipliant les blagues, multipliant ses récits de vie...

* * * * * * * * * * * * * * * * * * * *

Les jours disparaissaient définitivement, ma bonne humeur avait laisser place à une dépression sans aucune chaleur. Cet événement avait réouvert la blessure balafrant mon organe, incisant mes cicatrices...

Chronique de Nessma : Ma vie en kilodramesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant