« Me parler pas d'amitié, il n'y a que les gardiens de but qui se font sauvés par leurs poteaux »
Ce jour-là, j'avais fini les cours assez tard et j'en étais contente pour une fois. Pourquoi ? Et bien, je n'avais pas envie de retourner à la réalité en retournant dans cette cité. La fac me permet d'oublier pendant un certain temps mes soucis, mes peines. Les paroles que débitent les professeurs deviennent pour moi de douces symphonies qui me permettent de m'évader, loin de cette misère...
La sonnerie de la fac devient mon réveil, je dois ouvrir les yeux pour encore affronter les défis que la vie nous procure, me lever afin de retourner à la réalité et emprunter le chemin qui me mène à la tess.
« Du rêve à la réalité »
En rentrant, Khadija m'informe que Yassine ne risquait rien et que la police comptait le garder jusqu'à demain matin.
Tout en me parlant, je jette un coup d'œil vers le sedari (*fauteuil*) au centre du salon, situé devant la télé, là où se pose Baba tous les soirs en regardant la télé... Du moins, en faisant mine car je le sais, Baba est toujours ailleurs, toujours en train de cogiter, il en oublie même de vivre comme s'il voulait s'empêcher de mener une vie car sa femme n'est plus présente dans ce bas monde.
Ce soir-là, Baba n'était pas à sa place habituelle. Je m'empresse alors de couper Khadija :
- Moi : Khadija, fine (*où est*) Baba ?
- Khadija : Bah... Euh... Surement dans la salle de bain
- Moi : Khadija, je sais quand tu mens ! Dis-moi, où il est, s'il te plait ? J'ai besoin de le voir . Allez !
- Khadija : Arrêtes d'insister hbiba (*ma chérie*). Même si je te dis où il est tu n'iras pas le voir. Va le voir plus tard, c'est mieux.
Je ne lui ai pas répondu car je sais exactement où il se trouve.
J'avance pas à pas vers le long couloir... Que vais-je faire ? Dois-je le faire ou pas ? Ma raison me dit « oui » tandis que mon cœur n'est pas du même avis... J'avance, j'avance dans ce couloir tout en cogitant mais cela ne m'avancera à rien.
J'arrive enfin devant ce lieu, ce lieu que j'ai quitté depuis les vacances d'été. Je n'ai jamais réussi à pénétrer dedans, ne serait-ce qu'y déposer un pied ou même ouvrir cette porte. Pour moi, cette porte est la porte qui fait accélérer mes battements de cœur chaque jour ! Oui car ,chaque matin, en sortant de ma chambre, je suis contrainte de longer le couloir et de passer devant cette porte.
Une grosse boule dans ma gorge prend place ainsi qu'une grosse boule dans mon ventre. Les larmes commencent à monter mais je m'efforce à les retenir mais, au bout d'un certain moment, tellement de larmes se sont accumulées que je vois flou... Mes vertiges reprennent surface... Je suis sur le point de tomber... Sans même réfléchir, je me tiens à la poignée de la porte... La porte s'ouvre. Mais, qu'ai-je fais ?... Mes vertiges ont aussitôt disparu afin de laisser place à la peur. Pourquoi me suis-je tenu à cette poignée ?
Cela fait des mois que je n'ai pas aperçu ce paysage, je ressens une sensation... Inexplicable. Ma grosse boule au ventre ne cessent de gonfler, on dit souvent que le ventre est le « siège des émotions ». J'attends que cette boule explose mais elle continue de gonfler.
Ce paysage n'a pas changé, le seul vide, c'est toi, Yemma. A travers ce lieu, je revis des scènes avec toi comme celle où tu étais posée sur ton lit et, moi, je me trouvais accroupie face à toi.
- Yemma : Benti, la3ziza diali (*Ma fille, ma chérie à moi*)... Nessma, tu sais je t'ai appelé comme ça parce que Nessma, ça veut dire « souffle d'air frais » et toi, benti, tu es mon souffle d'air frais. Avec cet air, j'arrive à respirer mais s'il te plait benti...
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Chronique de Nessma : Ma vie en kilodrames
Romance« On s'enlace tendrement. Nous venions de nous promettre la vie, de signer pour un amour éternel. Aujourd'hui on écrit notre histoire... »