Chapitre 37 - Angélina

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« Ne l'oublie jamais. »

Je tourne dans le canapé, tandis que tout le monde dort après une telle soirée. L'odeur chimique me rappelant brusquement cette nuit m'a suivi malgré la douche que je me suis empressé de prendre pour l'effacer.

Je finis par me redresser, une grimace de douleur déformant mes traits suite à la balle qui m'a pénétré, je me retiens de couiner.

Il est temps que je quitte leur maison avec mon butin. Sans un bruit, je m'avance vers la porte, vérifiant la chambre voisine où dort paisiblement Damon. Cette nuit nous a rapprochés bien plus que je ne l'aurais pensé, cette révélation sur sa mère ainsi que sa maîtrise du crime ne font que confirmer mes doutes.

Nous sommes un danger l'un pour l'autre, ce serait un miracle si l'un de nous survivait sous l'emprise de l'autre.

Je quitte la pièce, marche sur la pointe des pieds puis descends l'escalier. Mes yeux rencontrent ceux de Godzilla, dont la langue pendouille à ma rencontre. Je lui fais signe de se taire, et il s'assoit en silence.

En bas, ma main glisse sur sa truffe. Je marche jusqu'au tiroir où sont rangées les clés et m'empare de la bête qui pourrait mettre fin à cette dette que mon père traîne, comme une ombre.

Je glisse les clés dans la poche du pull à Damon, puis embrasse le museau de Godzilla et quitte la demeure comme une fugitive.

J'ouvre la voiture et me glisse à l'intérieur. Je prends une profonde inspiration, je sais que des l'instant où le moteur grondera, j'aurai intérêt à fuir le plus vite possible.

Mon cœur bat à tout rompre sous l'adrénaline, rappelant la mission suicide. Une peur viscérale, mêlée d'excitation, m'envahit. Chaque battement résonne comme un rappel de ma détermination et de la fine ligne entre la vie et la mort que je frôle chaque jour.

J'enfonce la clé, ma main prête à passer les rapports, mon pied prêt à les enclencher. Les vibrations du moteur s'emparent de mon corps, un sourire se glisse sur mon visage en voyant les lumières éclairer les pièces.

Je m'empresse en marche arrière, braque à toute vitesse, mon corps bascule face à la puissance de mon geste, les graviers volent dans l'air. La gueule de la bête dans le bon sens, je dévale le chemin à toute vitesse puis la route.

J'attrape mon portable et compose le numéro de mon père qui répond aussitôt.

⸺ Angélina, ça va ?

Ma respiration devient saccadée, chaque souffle me rappelant les événements terrifiants de la nuit passée. J'essaie de retrouver mon calme, mais les images continuent de hanter mon esprit, comme des ombres persistantes refusant de s'effacer.

⸺ Papa, trouve-moi quelqu'un qui cherche une Ferrari Portofino v8.

Un silence se forme derrière le haut-parleur.

⸺ Angélina, qu'est-ce que tu as fait ?

Mes doigts se referment férocement sur mon portable.

⸺ Pas le temps de t'expliquer, trouve quelqu'un. Il faut qu'elle parte avant le lever du jour.

Il y a un moment d'hésitation, puis un soupir.

⸺ D'accord, je vais voir ce que je peux faire. Où es-tu ?

⸺ Je suis en route. Je te rejoins au garage. Fais vite, papa.

Je raccroche, mes mains serrant fermement le volant. Les phares de la voiture illuminent la route déserte devant moi, chaque virage, chaque accélération m'éloigne un peu plus des Black's. Mon cœur bat toujours à cent à l'heure, l'excitation mêlée à une pointe de peur.

Angel vs DamonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant