Essence Captive

Chapitre 43 ❇ La bête sortie de sa cage

Au plus profond du sanctuaire, Ezra attendait le retour d'Isaiah. Deux sbires se dressaient à ses côtés, prêts à bondir à la moindre menace. Les entrées faiblement éclairées semblaient vibrer d'une aura mystérieuse, tandis que les cristaux bleus projetaient des ombres dansantes sur les parois couvertes de symboles anciens. Leur lueur fantomatique créait une ambiance sinistre.

Le Siphonneur percevait chaque battement de son cœur s'harmoniser avec les pulsations du Wougo, qui résonnaient de plus en plus fort à l'étage supérieur. Soudain, un son lointain, à peine perceptible, vint troubler ce rythme. Un bruit qui alerta ses sens aiguisés.

Des pas.

Puis, une silhouette apparut enfin au bout du couloir, vague et indistincte, se découpant progressivement dans la faible lumière. Isaiah avançait avec une lenteur délibérée. Ses bottes résonnaient avec une intensité croissante, amplifiée par les murs étroits du corridor.

Enfin, il franchit le seuil, immobile, les bras le long du corps. Sa présence s'imposa dans la pièce avec une force silencieuse. Ezra, les yeux plissés, le jaugeait avec une attention soutenue. Il remarqua un changement notable dans son attitude ; l'inquiétude et l'angoisse qui autrefois marquaient ses traits avaient disparu. Des mèches noir de jais, rebelles, tombaient le long de son visage, accentuant l'air imperturbable qu'il dégageait.

― Te voilà enfin. J'ai failli assena, lança Ezra, comme pour mettre fin au silence oppressant.

Ce fut pourtant ce même silence qu'il obtint en réponse. Depuis son arrivée, le regard du commandant restait obstinément baissé vers le sol, refusant de croiser celui des trois autres occupants de la pièce.

Son aura de quiétude troublante rendait l'atmosphère pesante.

― Où est-elle ?

La voix d'Isaiah, étrangement calme, tranchait l'air avec une douceur déroutante.

Sans le quitter des yeux, Ezra porta son anneau serti de l'Arës à ses lèvres et murmura des mots anciens. La pierre s'illumina d'un éclat bleu intense, et un portail de vortex s'ouvrit sur sa gauche.

Isaiah pivota lentement la tête dans cette direction et lorgna par-delà le portail. Là, à travers le tourbillon luminescent, se perçut Ezelynn, allongée sur le flanc, aux pieds des racines maintenant le cœur du Wougo. Inconsciente, elle gisait tel un chef-d'œuvre défiguré. Les couches de sa peau douce étaient écorchées. Des plaies, béantes comme des portes vers les ténèbres, parsemaient son corps meurtri. Ses mèches bouclées ensanglantées, d'ordinaire soignés et attachés, tombaient en désordre sur son visage tuméfié. Le soldat s'attarda enfin sur son bras, contorsionné dans une direction grotesque, signe évident d'une fracture et rappel brutal de la violence subie.

― Je me suis permis de la renvoyer à la chambre principale, au cas où l'envie de la sauver te traverserait l'esprit. Je dois louer sa ténacité, reconnut Ezra non sans cacher sa prouesse. Malgré mon acharnement, elle s'accroche encore à la vie.

En dépit de l'horreur de la scène, Isaiah demeurait emprisonné dans une bulle de tranquillité insondable.

Le vortex se referma au bon vouloir de son créateur.

― Le Zora... l'as-tu apporté ? Ou devrai-je me tourner vers des mesures plus... radicales pour nourrir l'Arës de l'énergie vitale d'Ezelynn ?

La menace sous-jacente était claire. Isaiah leva son poing fermé devant lui. Puis, d'un geste délibéré, il ouvrit sa main gantée pour révéler l'artefact tant convoité. Le Zora reposait au creux de sa paume, émettant une aura puissante qui pulsait d'une énergie tant terrifiante qu'enivrante.