Essence Captive

Chapitre 44 ❇ Qui suis-je ?

Isaiah gisait parmi les décombres, son corps étendu sur le sol jonché de débris. Son regard, aux iris fendus et d'un bleu électrique, demeurait rivé sur le plafond. Son regard apathique ne trahissait l'urgence des battements de cœur du Wougo. La quiétude demeurait son alliée, indifférent au compte à rebours qui pesait sur sa tête.

Liv l'aurait déjà alerté sur le temps restant avant l'explosion, mais l'IA demeurait muette. Pour cause, le commandant avait coupé toute transmission avec l'intelligence et son unité, après les avoir intimés sans aucune objection de retourner au vaisseau.

Les écorchures sur ses cuisses, son cou et son visage, causées par sa violente chute, se refermaient. Les plaies béantes se recouvraient de peau neuve en un clin d'œil, un processus de guérison instantanée possible grâce au Crisis présent dans son organisme. Les coupures se résorbaient, les ecchymoses disparaissaient, et bientôt, il ne restait plus aucune trace de son combat.

L'Allevardien contemplait le plafond en toute désinvolture. Il baissa sa main vers sa cuisse, l'engouffrant dans le compartiment de son armure pour vérifier la présence du Zora. Il s'y trouvait toujours. S'il l'avait perdu durant sa chute, il s'en contrecarrait à ce stade. L'artéfact passait au second plan. Le brun battit des cils, tentant de se recentrer sur ce qui comptait.

L'image du corps meurtri d'Ezelynn traversa son esprit, rappelant avec brutalité sa principale priorité.

Pris d'une nouvelle montée de colère silencieuse, son poing se serra. Le Crisis circula le long de son bras, par-dessus son armure. Ses veines irradièrent d'une lueur azur visible sur son cou jusqu'au contour de ses paupières. Ses yeux dorés se changèrent aussitôt en un bleu aigue-marine éclatant.

D'un mouvement soudain et puissant, il abattit son poing sur le sol. La terre trembla sous l'impact, envoyant des fissures parcourir la pièce et une onde de choc résonner à travers le sanctuaire. Les battements du cœur du Wougo, de plus en plus intense, semblaient répondre à cet acte de défi.

Ezra, de même affalée dans l'autre pièce, sentit le sol vibrer sous son corps. Il redressa le cou avec urgence en direction du trou béant, une lueur d'inquiétude mêlée de colère déformant son faciès. Isaiah reviendrait sou peu.

Un ricanement mesquin résonna soudain. Émergé du néant, un individu à l'aura malveillante fit irruption. Ses bottes noires dépassèrent le corps d'Ezra et firent halte à quelques pas de lui.

― Eh bien, eh bien ! Quel spectacle fascinant ! s'extasia-t-il d'une voix rauque, ses yeux vairons — l'un marron profond, l'autre rouge perçant — brillant d'une fébrilité presque enfantine en observant le carnage causé par Isaiah.

Ses cheveux châtains, en mèches échevelées, tombaient sur ses épaules. Un long manteau rouge enveloppait son torse nu, révélant une toile vivante de symboles noirs luisants d'énergie obscure.

― Je dois reconnaître, reprit-il, ses boucles d'oreilles cliquetant légèrement, que ce commandant est bien plus intéressant que tu me l'avais décrit. Du Crisis émane de lui, en faible quantité certes, mais suffisante pour en faire une arme redoutable.

Un sourire provocateur, presque maniaque, se dessina sur ses lèvres.

― Ce pouvoir... cette force... Ha ! Il y a longtemps que je n'avais pas ressenti un tel frisson d'excitation. S'il n'était pas aussi ancré dans sa cause perdue, il aurait fait un allié de choix. J'aurais dû miser sur lui, sans vouloir te vexer.

Alors qu'il s'adressait à Ezra par-dessus son épaule, un changement subtil s'opéra soudain dans l'attitude de l'étrange personnage. Comme s'il venait seulement de remarquer la véritable condition du Stormite, son regard vairon détailla enfin les ravages infligés à son corps, ployant sous le poids de la douleur.