𝐁𝐄𝐓𝐖𝐄𝐄𝐍 𝐓𝐇𝐄 𝐋𝐈𝐍𝐄𝐒 ; 𝑎 𝑠𝑜𝑛𝑔 𝑓𝑜𝑟 𝑎𝑛 𝑜𝑡𝘩𝑒𝑟

✦ C H A P I T R E • T R O I S

MARIBEL'S POV

Assise sur mon canapé depuis de longues minutes, je feuillette les deux feuilles que j'ai griffonnées hier. Le soleil blanc de l'après-midi illumine la pièce, projetant des ombres douces sur les pages que je tiens entre mes mains. Il y a quelque chose de presque magique à relire ces mots et ces phrases qui ont enfin trouvé leur place, s'alignant parfaitement pour créer un sens profond et harmonieux ; un sens qui, incontestablement, me correspond.

Plus je lis cette chanson, plus elle grandit dans mon cœur, et plus les commissures de mes lèvres se relèvent en un sourire satisfait. Chaque vers, chaque note résonne en moi avec une clarté et une émotion inattendue, en parfaite adéquation avec ce que je suis et ressens. Cette chanson me met du baume au cœur, elle apaise mon âme tourmentée, souvent accaparée par ces tornades de pensées parasites que je peine à stopper depuis toujours.

Je suis fière de ce qu'elle est devenue, de la magie qu'elle exprime. C'est une part de moi-même, capturée dans des lignes et des mélodies, un témoignage de mes émotions et de mes inspirations les plus profondes. C'est un reflet fidèle de mon essence, une œuvre qui parle de mes luttes, de mes rêves et de mes espoirs, qu'un jour peut-être je partagerai avec le monde.

Mon calme habituel semble avoir duré une éternité, et ce n'est pas pour me déplaire. La tranquillité de l'instant m'enveloppe comme une couverture réconfortante. Je me laisse bercer par cette sérénité rare. Puis, tout à coup, la porte d'entrée s'ouvre brusquement, brisant le silence et ramenant la réalité dans ma bulle de paix.

NARA'S POV

L'air chauffé de la bibliothèque me quitte soudainement, laissant place au froid glacial dès que je franchis la porte. Le vent de février me saisit la peau, me faisant frissonner malgré mon écharpe épaisse et mon manteau. Les bourrasques semblent s'infiltrer à travers chaque couche de tissu, s'attaquant directement à mes os. En resserrant mon écharpe autour de mon cou, je regrette déjà la chaleur et le réconfort de l'intérieur.

Je commence à me lasser de tout ce que l'hiver apporte. Les journées grises et courtes me pèsent, la pluie qui recouvre les trottoirs presque chaque matin est devenu un spectacle lassant, et le besoin constant de superposer les couches de vêtements me fatigue. Je rêve des premiers jours du printemps, où la lumière du soleil réchauffera enfin ma peau et où l'air sera doux et agréable.

L'hiver ne m'enchante que pendant Noël, quand les lumières scintillantes illuminent les rues et la chaleur des fêtes compense le froid glaçant. Mais maintenant, l'euphorie des fêtes est passée, et je ne ressens plus que l'inconfort de cette saison interminable. Chaque pas que je fais sur le trottoir humide semble me rappeler à quel point je désire ardemment le retour des jours plus cléments.

Février, pour moi comme pour beaucoup d'autres, est toujours une période éprouvante. La fatigue s'accumule, les journées se confondent, et le stress devient un compagnon constant. Bien que j'aime mes études et que cela me semble être la vocation la plus logique que j'ai pu choisir, le stress que je m'impose devient presque... écrasant.

Les nuits blanches à réviser, les montagnes de livres et d'articles à lire pèsent lourd sur mes épaules. Je ne faiblis pas, bien au contraire, mais le rythme effréné des révisions commence à virer au surmenage. Chaque essai, chaque examen est une montagne que je dois gravir parfaitement, sans trébucher. La pression de maintenir des performances impeccables est constante et implacable.

Ce n'est pas que je me plains, car c'est ma vocation et je l'ai choisie. Mais je touche une certaine limite. La passion qui m'a poussée vers ce chemin commence à s'éroder sous le poids de l'épuisement. L'enthousiasme initial, la flamme qui me guidait, vacille face à l'accumulation de stress et de fatigue. Pourtant, je persévère, espérant retrouver cette étincelle qui me rappelait pourquoi j'ai choisi cette voie.