✦ C H A P I T R E • V I N G T - H U I T

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SPENCER'S POV


Je suis réveillé depuis des heures, mes yeux rivés sur le plafond, laissant tour à tour la colère ou la douleur me submerger. Par moments, ma vision se brouille, ma gorge se serre, et je lutte pour ne pas laisser les larmes couler. Puis, l'instant d'après, mes poings se crispent et la rage reprend le dessus, brûlante, insatiable. Le côté du lit où elle dormait il y'a à peine deux semaines est froid, glacial, comme si sa chaleur s'était dissipée pour ne jamais revenir.

Mais son odeur est toujours là. Une foutue odeur qui refuse de disparaître. Ça me torture.

Je ne me suis pas résolu à changer les draps. Et quand je le ferai, je ne me contenterai pas de les laver : je les brûlerai. Je veux que tout disparaisse. Elle, ses traces, ses promesses.

Une sensation de malaise me noue l'estomac. Je me redresse brusquement, mes mouvements trahissant cette agitation qui refuse de se taire. Mon regard glisse sur ce foutu bout de papier posé sur ma table de chevet. Une chanson. Sa chanson. Mon cœur cogne violemment dans ma poitrine, comme s'il essayait de briser une cage. Brisé ou furieux, peu importe : il bat. Pas parce que je suis vivant, mais parce que je suis en train de me noyer.

Je tends la main et attrape la feuille, mes doigts tremblants. Les mots griffonnés me sautent aux yeux, cruellement familiers. Comment est-ce que j'en suis arrivé là ? Après tout ce qu'on a vécu, tout ce que j'ai osé lui dire, comment elle a pu partir comme ça ?

La vérité, c'est que c'est ça qui me détruit le plus. Je lui ai ouvert les portes de mon âme, je lui ai dit combien je me suis toujours senti invisible, insuffisant. Combien je n'avais jamais eu de place quelque part. Et elle, d'un simple revers de main, elle me montre que j'avais raison. Que je n'ai jamais compté. Que je ne compte toujours pas.

Le petit Spencer Hart, celui qui essaie toujours d'être suffisant, assez bon, assez fort... Ce gosse-là n'est rien. Juste une putain de blague. Et pour couronner le tout, c'est encore une femme qui me réduit en miettes.

Mes yeux restent fixés sur ces mots. Ces putains de mots. Chaque ligne m'écorche un peu plus, chaque syllabe résonne comme un coup de poignard. Rien de ce qu'elle aurait pu dire ou écrire n'excusera la manière dont elle est partie. Une chanson. Une putain de chanson. Du jour au lendemain. Ni plus, ni moins.

When the sun rises, I think of you
In the spaces between, where dreams come true
But in the silence, a call so clear
A dream I've held, for so many years

Between the lines, I lose my way
Love and ambition pulling me each day
I love you more than words can show
But this path, I must follow

Je sens ma respiration s'accélérer, ma mâchoire se contractent. C'est plus fort que moi. La colère monte en moi comme une vague, prête à tout ravageur. Mais au fond de cette rage brûlante, il y a quelque chose de plus sombre. Une trahison si profonde qu'elle me fait vaciller.

Je me sens trahi comme jamais je ne l'ai été. Pourtant, des trahisons, j'en ai connue. Mais ça ? Ça dépasse tout.

Je passe une main tremblante sur mon visage, mais ça ne sert à rien. Rien ne dissipe cette foutue douleur qui m'enserre. Je suis comme un gamin perdu dans une foule, à la recherche de quelque chose – quelqu'un – qui ne reviendra jamais.

Je me lève brusquement, le papier toujours dans ma main, chiffonné par ma colère. Je ressens le besoin de bouger, de faire quelque chose pour évacuer cette rage qui grandit en moi. J'ai envie de hurler, de pleurer. Comment a-t-elle pu, au juste ? Je savais que parfois elle agissait par impulsion, mais jamais je n'aurais imaginé que ça puisse faire partie de ces impulsions là.

𝐁𝐄𝐓𝐖𝐄𝐄𝐍 𝐓𝐇𝐄 𝐋𝐈𝐍𝐄𝐒 ; 𝑎 𝑠𝑜𝑛𝑔 𝑓𝑜𝑟 𝑎𝑛 𝑜𝑡𝘩𝑒𝑟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant