𝐁𝐄𝐓𝐖𝐄𝐄𝐍 𝐓𝐇𝐄 𝐋𝐈𝐍𝐄𝐒 ; 𝑎 𝑠𝑜𝑛𝑔 𝑓𝑜𝑟 𝑎𝑛 𝑜𝑡𝘩𝑒𝑟

✦ C H A P I T R E • Q U A T O R Z E

MARIBEL'S POV

Mon réveil sonne, m'arrachant brutalement à mes rêves. Ce bruit strident... ce que je le déteste. Il coupe net le fil fragile du sommeil, laissant derrière lui un vide désorientant. Pendant un instant, je fixe le plafond, cherchant un point d'ancrage, un repère. La lumière, que j'ai allumée d'un geste automatique, m'éblouit, et mes paupières papillonnent sous l'agression lumineuse. Mes yeux tentent de s'adapter, mais ce n'est pas seulement la lumière qui me brûle... c'est cette boule au ventre, cette tension sourde qui refuse de se dissiper.

Je parais vraiment calme, là ? Parce qu'en vérité, mon estomac est en vrac. Un mélange de papillons d'excitation et de nœuds d'angoisse. Suis-je vraiment prête pour cette nouvelle aventure musicale ? Chanter devant Spencer, enregistrer notre musique... c'était déjà sincèrement énorme. Un défi que j'avais toujours cru impossible à relever avant de le faire. Et maintenant, il me pousse encore plus loin. C'est une opportunité incroyable, mais... bon sang, ça me fait peur.

Je me traîne vers la salle de bain, mes mouvements sont presque mécaniques, comme si mon corps ne suivait pas le rythme effréné de mon esprit. L'eau chaude glisse sur ma peau sous la douche, mais elle n'atteint pas ce tourbillon de pensées qui me traverse. La journée d'hier me revient en flashs : la cabine d'enregistrement, la voix de Spencer guidant chaque accord, chaque nuance, comme s'il voyait en moi ce que je refuse encore de voir. Une partie de moi a l'impression de toucher quelque chose d'immense, d'effrayant et de beau à la fois.

Chaque goutte d'eau amplifie ces souvenirs, comme si l'intensité de ces moments s'insinuait sous ma peau, refusant de s'estomper. Je me revois là, debout devant le micro, les écouteurs couvrant mes oreilles, le cœur battant si fort que j'ai cru qu'il exploserait. Les conseils de Spencer résonnent encore en moi, sa voix calme, rassurante, mais pleine d'une exigence que je n'arrive pas toujours à satisfaire. Cette pression douce mais constante, cette promesse tacite qu'il y a quelque chose de plus grand à atteindre... ensemble.

Je prends une grande inspiration, essayant d'apaiser les battements frénétiques de mon cœur. Mais la peur... la peur est bien là. Tenace. Elle me tient, m'enserre, m'attire autant qu'elle me repousse. Une part de moi crève d'envie de foncer, de me jeter corps et âme dans cette aventure, mais une autre voudrait juste fuir. Mais fuir ? Je ne peux plus me le permettre. Pas maintenant. Pas après tout ça.

Je me tiens devant le miroir, les cheveux encore humides, dégoulinant de l'eau qui ruisselle doucement le long de mon cou. Je me force à sourire, même si ce sourire me paraît fragile, presque forcé. C'est ce qu'on dit, non ? Sourire jusqu'à ce que ça devienne vrai. Le reflet dans le miroir me renvoie un sourire incertain, un peu tremblant, mais... c'est un début. Je glisse une main dans mes cheveux, essayant de les démêler comme je tente de démêler cette tempête qui gronde en moi. Peut-être qu'en soignant les apparences, je pourrai trouver un peu de calme au milieu du chaos.

Je pense à Spencer, à ses encouragements, à ce regard qu'il pose sur moi. Il y a dans ses yeux une confiance presque palpable, une foi en moi que je ne suis pas encore certaine de mériter. Il croit en moi. Peut-être même plus que je ne crois en moi-même. C'est étrange, cette manière qu'il a de voir quelque chose en moi, une étincelle, un potentiel que j'ai encore du mal à déceler. Son soutien, sa foi, c'est comme une main tendue dans l'obscurité, un fil invisible qui m'empêche de sombrer totalement dans mes doutes. Ça m'aide à repousser mes peurs, à envisager l'avenir avec un peu plus de sérénité. Juste un peu.

Mais... Avec moi, il y a toujours un "mais". Une ombre, une hésitation. Est-ce que j'ai ce qu'il faut, vraiment ? La question s'infiltre dans mon esprit, sournoise, insidieuse, et refuse de me laisser en paix. Je la repousse, encore et encore, mais elle revient, chaque fois plus forte. J'ai tellement peur de décevoir. Pas seulement moi, mais aussi ma famille, mes amis... et lui. Lui, surtout. Cette peur m'enserre le cœur comme une main froide et invisible, un poids qui me tire vers le bas. Peut-être que je ne suis pas à la hauteur. Peut-être que je ne serai jamais celle qu'il voit en moi.