MARIBEL'S POV
Trempés par la pluie torrentielle que ni Spencer ni moi n'avions anticipée, nous entrons dans le studio d'enregistrement, le souffle encore un peu saccadé. Mes vêtements, collés à ma peau glacée, semblent me rappeler la morsure de l'averse, et chaque pas laisse une trace humide sur le sol lisse. La porte se referme derrière nous dans un claquement sourd, coupant net le fracas de la pluie et plongeant l'espace dans un silence quasi absolu, seulement troublé par nos respirations irrégulières.
Je jette un coup d'œil à Spencer, les gouttes de pluie encore accrochées à ses mèches sombres, et détourne rapidement le regard, soudain consciente de la chaleur qui monte en moi malgré le froid qui me mord la peau. Sans un mot, je serre les bras autour de moi, comme pour me protéger de quelque chose de plus intense que l'humidité de mes vêtements.
Spencer, les cheveux dégoulinants, secoue la tête et envoie des gouttelettes tout autour de lui. Les petites éclaboussures m'arrachent un frisson, mais je ne peux m'empêcher de rire en voyant sa mine—il ressemble à un chien trempé, un peu ridicule et adorable, essayant de se sécher sans succès. Mon rire résonne dans l'espace feutré du studio, brisant la tension sourde que je n'avais même pas réalisée. En un instant, la pression qui pesait sur mes épaules s'allège, et l'atmosphère de ce lieu, qui d'ordinaire m'intimide, semble soudain plus accueillante, presque chaleureuse.
Je me frotte les bras pour chasser les frissons persistants, et je glisse un regard vers Spencer, qui me fixe, un sourire en coin, malicieux mais aussi rassurant. Il retire sa veste trempée, la secoue légèrement avant de la balance négligemment sur une chaise, laissant des gouttes perler sur le sol. Le studio, avec ses murs insonorisés et ses équipements étincelants, parait étrangement chaleureux malgré l'humidité ambiante que nous avons apportée avec nous. Le contraste entre le chaos humide de l'extérieur et cet espace presque sacré où la musique prend vie me frappe, et une onde d'excitation me parcourt la colonne vertébrale.
Ce n'est pas seulement un studio. C'est l'endroit où chaque rêve musical que nous partageons peut devenir réalité, où ce qui n'existe que dans nos têtes peut enfin prendre forme.
— Bon sang, on ne pouvait pas prévoir ça, râle-t-il en passant une main sur son visage mouillé, tentant en vain de sécher ses joues avec sa manche.
Je sens mes cheveux trempés dégouliner sur mon visage, mes vêtements collés à la peau, alourdis par l'eau glacée. Pourtant, cet inconfort ne m'ébranle pas. Au contraire, un rire s'échappe de moi, vibrant, libre, comme si cette pluie avait emporté avec elle mes doutes et mes réserves, me laissant simplement profiter du moment.
— C'est juste un peu d'eau, on va s'en remettre, Spence, dis-je en lui lançant un regard taquin.
Il me regarde, mi-amusé, mi-exaspéré, avant de lâcher un rire nerveux en attrapant son pull trempé, qu'il essore machinalement. Une véritable flaque d'eau s'écoule de son vêtement, déferlant sur le sol en un petit torrent inattendu. Mes yeux s'arrondissent devant la scène, et un sourire me monte aux lèvres.
— Un peu d'eau ? reprend-il en haussant un sourcil, mais son ton est léger, presque joueur.
L'instant suivant, la pièce retrouve son calme. La lumière tamisée des néons projette une ambiance douce, presque intime. Je me sens étrangement sereine, malgré l'inconfort des vêtements mouillés qui me collent à la peau. Il y a quelque chose dans cette tranquillité partagée qui me fait oublier l'humidité, qui adoucit l'écho de la pluie toujours présente en arrière-plan. Spencer m'observe, un sourire flottant sur ses lèvres, une lueur de malice dans ses yeux.
— Allez, viens, dit-il en se dirigeant vers une armoire dans un coin de la pièce. On doit bien avoir quelques serviettes par ici.
Je le suis, sentant l'eau qui ruisselle de mes vêtements tracer des lignes sombres sur la moquette. Spencer fouille dans l'armoire quelques instants, avant d'en sortir deux serviettes blanches impeccables. Il m'en tend une, un sourire en coin.
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𝐁𝐄𝐓𝐖𝐄𝐄𝐍 𝐓𝐇𝐄 𝐋𝐈𝐍𝐄𝐒 ; 𝑎 𝑠𝑜𝑛𝑔 𝑓𝑜𝑟 𝑎𝑛 𝑜𝑡𝘩𝑒𝑟
Romance𝑩𝑬𝑻𝑾𝑬𝑬𝑵 𝑻𝑯𝑬 𝑳𝑰𝑵𝑬𝑺 Maribel n'a jamais connu l'amour, sauf celui de la musique. En tant que compositrice passionnée, elle trouve son bonheur à composer des ballades, sa voix souvent comparée à celle d'un ange. Accompagn...