✦ C H A P I T R E • V I N G T - T R O I S

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MARIBEL'S POV


Nous sommes dimanche matin, et, croyez-moi, il est trop tôt pour être déjà debout, et pourtant... me voilà, incapable de retrouver le sommeil. Ah... les joies d'un esprit toujours en éveil, même lorsque le reste du monde semble enfin au repos. Je reste allongée un instant, les yeux rivés au plafond, tandis que les souvenirs de la veille me submergent. La chaleur de la main de Spencer sur la mienne, la douceur rassurante de sa paume sur ma cuisse, ce baiser qui flotte encore dans l'air comme une promesse. Et puis, le regard taquin de Nara dans le rétroviseur, presque complice. Tout revient, en vagues. Chaque détail s'ancre en moi. Et rien de tout ça ne me déplaît. Absolument rien.

Je finis par me redresser, encore enveloppée dans cette douce confusion entre rêve et réalité. Mes pieds nus touchent le sol froid, et je frissonne légèrement avant de me diriger, à moitié somnolente, vers la cuisine.

Là, je la trouve déjà. Nara est assise à la table, entourée de fiches de révisions, de livres ouverts, et d'un mug à moitié vide. Ses cheveux sont en bataille, et ses yeux fatigués témoignent d'une nuit écourtée. Elle ressemble à une guerrière dans la tourmente d'une bataille qu'elle affronte seule.

Voir Nara dans cet état deux fois par an, à chaque période d'examens, ça m'arrache toujours un pincement au cœur. Elle donne tout, elle s'oublie presque, et moi, je me tiens là, impuissante face à son épuisement. Parce que des mots ne suffisent pas.

En passant derrière elle, je laisse ma main effleurer doucement son dos, un geste instinctif, un soutien silencieux.

– Tu es incroyable, murmuré-je, même si je ne suis pas sûr qu'elle m'entende vraiment.

Je me sers une tasse de café, le parfum corsé envahissant mes narines, tandis que je m'appuie contre le comptoir pour l'observer, un mélange d'admiration et d'inquiétude au fond de moi.

– Tu veux que je t'aide un peu ? finis-je par lui demander en m'asseyant à côté d'elle, après avoir attrapé une de ses fiches éparpillées sur la table.

Nara lève les yeux de ses notes, pousse un long soupir – pas de fatigue cette fois, mais plutôt de soulagement – ​​et esquisse un sourire.

– Ça m'aiderait, oui. J'ai l'impression de stagner...

Je fronce les sourcils en tentant de déchiffrer les petits caractères serrés sur la fiche que je tiens. "Droits civiques et constitutionnels". Ça, c'est tout un programme...

– Ok, alors... explique-moi la différence entre le Quatorzième Amendement et le Dix-neuvième Amendement.

Nara s'anime instantanément, comme si un interrupteur venait d'être activé. L'épuisement se dissipe légèrement, remplacé par cette passion qui la caractérise.

– Le Quatorzième Amendement, adopté en 1868, garantit la citoyenneté à toutes les personnes nées ou naturalisées aux États-Unis et assure une protection égale des lois. Il a été conçu pour protéger les droits des anciens esclaves après la guerre de Sécession. Le Dix-neuvième, lui, est arrivé bien plus tard, en 1920, et il garantit le droit de vote aux femmes. Une étape majeure pour les droits civiques féminins.

Elle continue, son explication ponctuée de détails historiques et de petites anecdotes. Je l'écoute attentivement, impressionnée par sa clarté. Parce qu'elle parvient à tout me faire comprendre.

– D'accord, mais... comment ces amendements ont-ils été utilisés dans des affaires juridiques importantes ? demandé-je, curieuse de voir jusqu'où elle peut aller.

Nara sourit, visiblement ravie de ma question, son enthousiasme presque contagieux.

– Par exemple, "Brown v. Board of Education", en 1954. La Cour suprême s'est appuyée sur le Quatorzième Amendement pour déclarer la ségrégation dans les écoles publiques inconstitutionnelle. Et pour le Dix-neuvième... il y'a "Leser v. Garnett", en 1922, qui a confirmé que les femmes avaient bien le droit de vote.

𝐁𝐄𝐓𝐖𝐄𝐄𝐍 𝐓𝐇𝐄 𝐋𝐈𝐍𝐄𝐒 ; 𝑎 𝑠𝑜𝑛𝑔 𝑓𝑜𝑟 𝑎𝑛 𝑜𝑡𝘩𝑒𝑟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant