. . . E P I L O G U E

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MARIBEL'S POV

La nuit est tombée depuis longtemps sur la ville, enveloppant les rues d'un calme presque oppressant. Au loin, le rayonnement sourd des voitures semble appartenir à un autre monde, un monde vibrant et plein de vie que je ne parviens plus à toucher. Mon appartement, spacieux mais glacial, n'est qu'un reflet de ce que je ressens. Chaque pièce est plongée dans une ombre statique, immobile, comme figée dans un temps qui ne m'appartient plus.

Je déteste ça.

Les murs blancs, lisses et froids, me renvoient une version aseptisée de moi-même, dépouillée de tout ce qui faisait ma chaleur. La lumière froide de la lune traverse les immenses baies vitrées, projetant des ombres pâles sur les planchers de bois impeccables. La vue imprenable sur les gratte-ciel éclairés de Chicago aurait pu, autrefois, me fasciner. Maintenant, elle me donne l'impression d'être un spectateur, à l'écart de cette ville qui pulse et respire, comme si je ne faisais plus partie de rien.

Assise sur le bord de mon lit, je tiens ce ruban en satin rose dans ma paume ouverte. Ce simple morceau de tissu, d'apparence insignifiante, pèse dans ma main comme un aveu. Les bords soyeux glissent entre mes doigts, et je me souviens du jour où je l'ai choisi. C'était un geste si innocent, si sincère, un symbole de quelque chose que je croyais inébranlable. J'ai donné le même à Spencer, un geste qui devait signifier tout, mais qui aujourd'hui ne signifie plus rien.

Ou peut-être que si. Peut-être que tout est encore là, caché dans les plis de ce ruban.

Une promesse. La promesse que mon amour pourrait tout porter, tout affronter. Mais ce n'est pas vrai. La musique l'a emporté, comme elle le fait toujours. Mon amour n'a pas été suffisant. Je n'ai pas été suffisante.

J'ai été égoïste.

Pourquoi ai-je fait ce choix ? Pourquoi ai-je pensé, même un instant, que je pourrais tout avoir sans rien sacrifier ? Mon regard reste fixé sur le ruban, mais ma vision se trouble, des larmes voilant mes yeux jusqu'à ce que tout devienne flou, indistinct. Une goutte tombe, éclatant silencieusement sur ma paume, mouillant le satin. Je ne me donne même pas la peine de l'essuyer. Qu'est-ce que ça changeait ?

Le silence de l'appartement m'enveloppe comme un reproche muet. Chaque détail me rappelle ce que j'ai perdu. Le canapé où je m'asseyais avec lui, riant de tout et de rien. La table où il laissait parfois traîner ses carnets de notes, les pages griffonnées de chansons inachevées. Tout est en ordre maintenant, parfaitement rangé. Et pourtant, rien n'a jamais été aussi chaotique dans ma tête.

C'est étrange de voir Spencer ici, de l'imaginer dans cette espace, alors qu'il n'a jamais mis les pieds chez moi.

Tout est de ma faute.

Je le sais, au fond. C'est moi qui ai choisi ce chemin. Moi qui ai pensé qu'aimer n'impliquait pas d'abandonner une part de soi. Mais je me suis trompée. Et maintenant, il ne reste que des morceaux épars de ce que j'étais, de ce que nous étions. Et ce ruban... Ce ruban est la seule chose tangible qui me lie encore à lui.

Je ferme les yeux et inspire profondément, mais cela ne chasse pas le poids dans ma poitrine. La douleur est là, brutale, impitoyable, une amie intime qui refuse de partir. Je serre le ruban entre mes doigts, le tissu se froisse sous la pression. Si je pouvais seulement revenir en arrière... refaire les choses autrement. Mais c'est impossible. Alors, je reste là, figée, incapable d'avancer mais terrifiée à l'idée de rester ici.

Je suis seule. Et c'est tout ce que j'ai mérité.

Flashback

𝐁𝐄𝐓𝐖𝐄𝐄𝐍 𝐓𝐇𝐄 𝐋𝐈𝐍𝐄𝐒 ; 𝑎 𝑠𝑜𝑛𝑔 𝑓𝑜𝑟 𝑎𝑛 𝑜𝑡𝘩𝑒𝑟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant