✦ C H A P I T R E • C I N Q

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MARIBEL'S POV


Le soleil décline lentement, projetant des ombres dorées à travers les vitres du Brew & Beans. Je jette un coup d'œil autour de moi, contemplant les tables vides et les chaises éparpillées, vestiges d'une journée intense.

Mes muscles sont tendus, la fatigue s'est accumulée, mais une satisfaction subtile m'envahit à l'idée des nombreux clients que j'ai servis aujourd'hui. Le tintement léger de la caisse enregistreuse m'accompagne alors que je fais les comptes, ajoutant une mélodie discrète à cette fin de journée.

Un sourire étire mes lèvres alors que je réalise avoir réussi à rester concentrée, sans trop me laisser distraire par ce musicien qui hante souvent mes pensées. Un soupir de soulagement m'échappe, et je me sens fière. Pourtant, je ne peux pas nier que mes pensées ont souvent dérivé vers la musique... Et en ce moment, la musique, c'est lui.

"Play My Part" est écrite, une page se tourne.

Je ne prétends pas composer une chanson chaque semaine, je ne me force jamais. J'attends le bon moment, les bons mots. Certains pourraient trouver mes chansons moins authentiques, mais pour moi, une chanson sans réflexion n'est pas une vraie chanson. J'ai beaucoup réfléchi pour écrire celle-ci, peut-être trop, mais je suis satisfaite de mon travail, et finalement, c'est tout ce qui compte.

Zoey passe à côté de moi alors que je chantonne l'air de cette mélodie, celle qui m'a obsédée pendant des jours. Elle me sourit, partageant silencieusement ce moment de calme. Son sourire me fait réaliser que, malgré toutes mes inquiétudes et réflexions, il y a une magie indéniable dans le fait de créer quelque chose d'unique, quelque chose qui vient vraiment de moi.

— Tu as l'air bien heureuse toi, depuis ce matin, me confie-t-elle. Qu'est-ce qui se passe ?

— Je pensais l'être toute l'année... blagué-je.

— Oui, mais, c'est vrai que tu as l'air beaucoup moins distraite que samedi dernier, ajoute Colin, la voix souriante. Tu as rencontré quelqu'un, ou quoi ?

Je sens une chaleur subtile envahir mes joues, trahissant ma gêne et ma timidité.

— Non, pas vraiment, dis-je en secouant la tête. Je passe juste une bonne semaine.

Ils me fixent tous les deux un instant, avant de pouffer en même temps.

— Oh, allez Bella, insiste-t-elle en jouant des sourcils. On est de vraies tombes, Colin et moi, on dira rien.

— Sauf que je n'ai vraiment rencontré personne, haussé-je les épaules avant de changer de sujet. Vous avez prévu des projets pour ce week-end ?

Je ris doucement : Colin s'étonne que je ne lui pose cette question qu'un mercredi, mais je suis sûre que cette journée est prévue depuis des semaines.

— Tu nous demandes ça un mercredi ? rigole Colin. Je vais assister à une conférence sur l'histoire locale, au musée. Je pensais passer à la bibliothèque pour m'avancer un peu. Les examens vont arriver vite maintenant.

— Et moi, je vais me cloitrer dans mon appartement à rien faire. Rien de bien passionnant, quoi...

Nous discutons encore quelques instants, savourant la fin de la journée, avant de finalement fermer les portes du café. Je ne tarde pas à me diriger vers le métro. Mars approche, et les températures commencent à se radoucir – très lentement, certes, mais suffisamment pour que le givre ai complètement disparu des trottoirs et que l'air soit moins mordant. Ce changement rend mon trajet un peu plus agréable.

Assise à ma place habituelle, juste en face de la porte et près de la vitre, je laisse mes pensées vagabonder, submergée par mon subconscient. Les lumières et les ombres qui défilent à l'extérieur se mêlent à mes réflexions, m'emportant dans une contemplation silencieuse. Les visages flous des passagers qui montent et descendent à chaque station ajoutent une texture à mes pensées, comme des personnages éphémères dans le film de ma vie.

𝐁𝐄𝐓𝐖𝐄𝐄𝐍 𝐓𝐇𝐄 𝐋𝐈𝐍𝐄𝐒 ; 𝑎 𝑠𝑜𝑛𝑔 𝑓𝑜𝑟 𝑎𝑛 𝑜𝑡𝘩𝑒𝑟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant