✦ C H A P I T R E • D E U X

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MARIBEL'S POV


Comparée à la journée chargée d'hier, il pourrait sembler impensable que je dise cela, mais... on s'ennuie presque aujourd'hui. Hier, l'ambiance était tellement bruyante que je me suis endormie avec un léger bourdonnement dans les oreilles. Les éclats de rire des clients, la cloche de la porte d'entrée qui tintait sans cesse, et les machines à café qui ronronnaient inlassablement semblaient ne jamais s'arrêter, même dans mon sommeil. C'était comme revenir d'un parc d'attractions et sentir encore les mouvements des manèges en essayant de s'endormir, ou encore sentir les vagues de la mer.

Aujourd'hui, l'ambiance est paisible, et la douce lumière du soleil contribue sans doute à cette sensation de tranquillité. Les rayons filtrent à travers les grandes fenêtres, caressant délicatement chaque table, chaque chaise, et même les plantes qui bordent le café, ajoutant une touche de chaleur et de réconfort à l'atmosphère. Il y a quelque chose de presque magique dans la façon dont la lumière danse sur les surfaces, créant des motifs éphémères et apaisants.

Je ne sais pas si je préfère les journées bien remplies comme celle d'hier ou les journées calmes comme celle d'aujourd'hui. J'apprécie la satisfaction d'avoir accompli mon travail avec rigueur, même si cela me laisse parfois l'impression d'avoir vécu une bataille acharnée. Il y a un sentiment de victoire, de mission accomplie, qui est profondément gratifiant. Mais j'aime aussi savourer ces moments où j'ai le temps de discuter avec mes clients favoris.

Ces échanges sont souvent des petites perles de bonheur dans ma journée. Ils me rappellent que, au-delà du simple service de boissons, je fais partie d'une communauté, d'un réseau de vies qui s'entrelacent brièvement mais significativement.  C'est d'ailleurs dans ces moments que je réalise à quel point ce lieu fait partie de moi, autant que j'en fais partie. C'est un équilibre délicat entre le chaos et la sérénité de ma vie.

Le silence reste tout de même relatif : un vieil homme assis au fond du café tourne les pages de son journal avec des gestes lents, ponctués de quelques grognements, tandis que le bourdonnement sourd des machines en marche à faible régime emplit l'air d'une présence continue. Cette quiétude me permet de réfléchir, de laisser mon esprit vagabonder. En même temps, elle me donne l'occasion de respirer et de me reconnecter à moi-même, de retrouver ce calme intérieur que les journées tumultueuses viennent souvent perturber.

Positionnée derrière le comptoir, je nettoie le plan de travail et range les quelques tasses sèches. La cloche de la porte tinte alors, brisant délicatement le silence. C'est Monsieur Johnson, un de nos clients réguliers. Il affiche un sourire poli en me voyant et s'installe au comptoir.

— Bonjour ! Comment allez-vous aujourd'hui ? lui souris-je en rangeant la tasse que j'avais dans les mains.

— Bonjour, Maribel. Je vais très bien, merci. Et vous ?

— Ça va, ça va ! Que voulez-vous, ce matin ? Votre cappuccino habituel ?

Il semble réfléchir une seconde.

— Oui, s'il vous plaît. Avec une touche de cannelle, cette fois.

Ce matin, j'ai eu le temps de m'entraîner avec La Diva, notre nouvelle machine à café aussi capricieuse qu'une star de l'opéra. Les premiers jours, elle m'intimidait un peu, avec ses nombreux boutons et réglages. Mais aujourd'hui, croyez-le ou non, je commence tout juste à m'y habituer, même si c'est encore un peu difficile. La complexité de ses réglages exige une précision chirurgicale, chaque détail comptant pour obtenir la perfection dans chaque tasse.

Je fais mousser le lait de Monsieur Johnson à la perfection, exactement comme il l'aime : une mousse légère, aérienne, presque soyeuse. Pendant que la vapeur siffle doucement, j'observe attentivement la texture du lait, veillant à ce qu'il atteigne cette consistance parfaite.

𝐁𝐄𝐓𝐖𝐄𝐄𝐍 𝐓𝐇𝐄 𝐋𝐈𝐍𝐄𝐒 ; 𝑎 𝑠𝑜𝑛𝑔 𝑓𝑜𝑟 𝑎𝑛 𝑜𝑡𝘩𝑒𝑟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant