𝐁𝐄𝐓𝐖𝐄𝐄𝐍 𝐓𝐇𝐄 𝐋𝐈𝐍𝐄𝐒 ; 𝑎 𝑠𝑜𝑛𝑔 𝑓𝑜𝑟 𝑎𝑛 𝑜𝑡𝘩𝑒𝑟

✦ C H A P I T R E • Q U I N Z E

MARIBEL'S POV

Je me regarde dans le miroir de ma chambre, constatant à quel point mon reflet trahit toutes mes incertitudes. Mon reflet ne ment pas, il expose sans fard toutes mes hésitations, et chaque ligne de mon visage semble porter le poids des questions que je tente de refouler. Pourquoi ai-je dit oui ? Est-ce que je suis vraiment prête pour ça ? Mes pensées s'emballent, tournent en rond comme des feuilles mortes emportées par un vent capricieux. Chaque coup de brosse dans mes cheveux agite un peu plus ce tourbillon d'anxiété.

Je prends une profonde inspiration, espérant calmer cette tempête intérieure. Mais rien n'y fait. Les doutes sont toujours là, lourds et inébranlables, comme un fardeau que je ne parviens pas à déposer. Ils me suivent, comme une ombre, me rappelant sans cesse tout ce qui pourrait mal tourner. Je veux chanter avec Spencer, vraiment, de tout mon cœur. Mais les "et si" me paralysent. Et si je me trompais ? Et si je n'étais pas à la hauteur ? Et si, en me lançant, je découvrais que je n'ai jamais eu ce qu'il faut pour réaliser ce rêve ? La peur de l'échec est un monstre que je connais bien, un monstre plus grand que je ne veux bien l'admettre.

Je repose ma brosse sur la coiffeuse, et remarque que mes mains tremblent légèrement. Ce ne sont que des petites secousses, presque imperceptibles, mais suffisantes pour trahir mon état d'esprit. Enrouler cette dernière mèche de cheveux autour du bigoudi me donne une étrange sensation de finalité, malgré la difficulté que m'imposent mes mains. C'est comme si, à partir de ce moment précis, il n'y avait plus de retour en arrière possible. Comme si, en prenant cette décision, j'avais scellé mon sort.

Je ferme les yeux un instant, cherchant à puiser dans une force intérieure qui semble de plus en plus difficile à trouver. J'inspire profondément, essayant de me rappeler pourquoi j'ai dit oui en premier lieu. Pourquoi je me suis embarquée dans cette aventure, malgré toutes mes peurs. La musique, bien sûr. Cette passion inextinguible qui me consume, qui m'a toujours poussée à m'exprimer de cette manière, même quand les mots manquaient.

Et puis il y a cette connexion inexplicable avec Spencer, cette alchimie créative que nous partageons, qui me donne l'impression d'être capable de tout. C'est aussi ce désir profond de sortir de ma zone de confort, de découvrir qui je suis vraiment au-delà des murs que je me suis construits. Un peu comme si au-delà de savoir écrire et composer, je voulais m'assurer d'être également capable de chanter.

Je me dirige vers la salle de bain, mes pas lourds comme si chaque mouvement nécessitait un effort considérable. L'eau froide qui coule sur mes mains tremblantes me fait gentiment frissonner, un choc glacé qui ramène mon esprit dans le présent, le temps d'un instant. Je lève les yeux vers le miroir, fixant mon propre regard. Je cherche désespérément une lueur de courage dans mes yeux, quelque chose à quoi m'accrocher. Mais tout ce que je vois, c'est une jeune femme en proie aux doutes, une femme qui tente de se convaincre qu'elle peut surmonter ses peurs, malgré tout ce qui la retient en arrière.

Je reste là, un instant, le souffle coupé, essayant de calmer le chaos en moi. Ce n'est qu'un moment de faiblesse. Juste une étape avant de franchir le pas. Peut-être que ce n'est pas le courage que je cherche, mais la simple capacité de continuer, de mettre un pied devant l'autre malgré la peur. Parce qu'au fond, n'est-ce pas ça, le véritable courage ? Pas l'absence de peur, mais la volonté d'avancer malgré elle.

—Tu peux le faire, Bella, murmuré-je. Tu l'as déjà fait devant une seule personne, pourquoi pas une centaine ?

Bon, j'avoue, ce n'est pas très rassurant.

Mon cœur s'emballe à nouveau, tambourinant contre ma poitrine comme pour me rappeler que je suis sur le point de me jeter dans l'inconnu. Je m'essuie les mains sur mon t-shirt de pyjama, essayant de calmer ce léger tremblement qui trahit terriblement mon anxiété. Puis, je me déshabille, prête à enfiler cette tenue élégante que j'ai passé des jours à planifier, comme si elle pouvait être mon armure ce soir.