✦ C H A P I T R E • V I N G T - Q U A T R E

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MARIBEL'S POV


Silencieuse, mon dos appuyé contre l'épaule de Spencer, je laisse mes yeux explorer son appartement avec un regard plus attentif qu'à mon arrivée. C'est étrange, presque déconcertant : à part sa guitare posée dans un coin, rien ne semble vraiment lui appartenir, ici. Pas de posters, pas de cadres, rien qui raconte une histoire. Tout est si parfaitement ordonné, sans qu'un seul objet ne dépasse, que ça en devient presque froid.

Je me redresse légèrement, détaillant plus sérieusement chaque recoin, ou plutôt l'absence de détails. Même la cuisine, avec ses surfaces impeccables et ses placards hermétiquement fermés, semble désespérément vide. Comme un lieu où il habite, mais pas où il vit vraiment. Une coquille fonctionnelle, sans chaleur ni traces de souvenirs.

— C'est marrant, commencé-je doucement en jouant distraitement avec une de ses bagues. T'habites ici, mais on dirait presque que... c'est pas chez toi.

Spencer tourne légèrement la tête vers moi. Son sourire en coin est là, mais il est discret, presque comme si ça le tourmentait depuis déjà un moment.

— Ouais, je sais, murmure-t-il. J'ai jamais vraiment pris le temps de m'approprier l'espace... Ça a toujours été plus un refuge qu'un véritable chez-moi.

Je continue de faire tourner sa bague entre mes doigts, mes pensées s'alignant sur ses mots. Ce qu'il dit en dit tellement sur lui. Ce besoin de tout garder en surface, de ne jamais vraiment s'attacher, même à un lieu qui pourrait être un havre de paix pour lui. Il est là, mais à moitié, comme s'il n'osait pas s'y ancrer.

— Peut-être que tu devrais essayer de le rendre plus... toi, proposé-je doucement, en levant les yeux vers lui. Ajouter des trucs qui te ressemblent vraiment. Ça pourrait t'aider à te sentir mieux, non ?

Ses yeux, d'un brun intense, se perdent dans les miens, comme s'il cherchait quelque chose dans mes pensées, dans mes mots. Ça me prend un instant, je me sens presque déstabilisée par cette intensité qui fait fondre mes défenses. Il capte chaque micro-expression, chaque nuance dans ma voix, et j'ai l'impression qu'il lit tout ce que je sens. Après un silence qui me semble durer une éternité, il hoche doucement la tête, comme s'il avait pris une décision. Un léger sourire se forme sur ses lèvres, celui-là même qu'il garde pour les moments où il est le plus vrai, le plus sincère.

— Tu as peut-être raison, fini-il par admettre. Je n'y ai jamais vraiment pensé. Mais... c'est difficile de savoir par où commencer.

Je pose ma main sur la sienne, mes doigts se refermant doucement autour des siens. La chaleur de sa peau me traverse, et cette simple pression m'envoie un frisson léger. C'est un geste simple, mais dans la tendresse de ce contact, je sens tout le poids de mes pensées et de mes intentions se transmettre, sans un mot. Mon cœur bat un peu plus fort, une sorte de connexion qui me semble plus intime que tout ce que j'avais imaginé. Je veux qu'il ressente ma présence, qu'il sache, à travers ce toucher, que je suis là. Ce n'est pas juste pour le moment, mais pour lui. Pour qu'il sache qu'il a un « chez-lui », pas seulement dans cet appartement, mais peut-être en lui-même aussi. Et alors que je sens ses doigts réagir, légèrement, je me dis que ce simple contact est tout ce dont nous avons besoin, à cet instant.

— On pourrait commencer par des petites choses, suggèré-je. Des photos, des souvenirs, des trucs qui te rappellent de bons moments. Et si tu veux, je peux même t'aider.

Il me regarde, laissant une petite étincelle s'installer dans ses yeux.

— J'aimerais beaucoup, Bella. Merci.

Un sourire complice se dessine sur mes lèvres tandis que le silence s'installe doucement entre nous. Ce n'est pas un silence pesant, mais celui de deux âmes qui se comprennent sans avoir besoin de mots. Comme toujours. C'est un de ces moments rares, presque suspendus, où tout semble à sa place.

𝐁𝐄𝐓𝐖𝐄𝐄𝐍 𝐓𝐇𝐄 𝐋𝐈𝐍𝐄𝐒 ; 𝑎 𝑠𝑜𝑛𝑔 𝑓𝑜𝑟 𝑎𝑛 𝑜𝑡𝘩𝑒𝑟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant