Chapitre 2

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            Assise dans le long corridor du centre, j'attendais en compagnie d'une demi-douzaine de filles, toutes âgées entre seize et dix-sept ans. Les plus grandes, les cas sérieux c'est à dire, étaient passées depuis longtemps. Si j'étais la plus jeune, personne ne semblait remettre ma présence en question. 

La porte métallique s'ouvrit et la robuste Marlee McKenna en sortit.

- R, c'est à toi.

Erinie, une jeune fille de seize ans menue et agile rentra d'un air nerveux en tordant ses longs doigts fins. La porte claqua derrière elle, la coupant du mon de extérieur. L'isolation sonore était irréprochable.

Moins d'une heure plus tard j'étais la dernière dans le couloir. Impatiente, fatiguée, je passais ma langue machinalement sur ma canine supérieure gauche dans laquelle était incrusté un saphir. Ma marque de fabrique, cadeau de Mère pour mon entrée au centre, à dix ans. Bien plus que je n'aurais jamais eu à un anniversaire.

Une fille sortit d'un air maussade et grogna en m'adressant un signe de tête. J'essuyais mes paumes devenues moites et entrais. La baie vitrée au dessus de notre salle d'entrainement était pleine de vainqueurs. Endormis, ennuyés, intrigués. Pour la plupart, ils me connaissaient depuis ma naissance. Dans un coin, Zeke me leva un pouce d'encouragement discret. Sans perdre le temps de me présenter, je me saisis du sabre le plus long et revenais au centre des quatre mannequins.

Tournoyant à droite, je tranchais le bras du premier et le repoussais d'un coup de pied, décapitais le second, pivotais en sens inverse pour planter le troisième. Je ployais les genoux, tranchant les deux jambes du dernier puis transperçais sa poitrine.

Pantelante, je regardais rapidement le chronomètre. Moins d'une minute. Je me dirigeais ensuite vers les poignards. Chacun d'entre eux atteignait sa cible, cœur tête ou gorge. Consciente du temps qui me restais, je maniais l'épieu, puis la hache. J'évitais l'arc et les poids cependant que je maniais avec beaucoup de difficulté en raison de ma petite taille.

Le buzzer sonna et je rangeais précipitamment les armes avant de sortir sans regarder derrière moi. Je ne voulais pas savoir si j'avais réussi ou non. 

Zeke me rattrapa en courant alors que je m'éloignais dans le sens inverse du village des vainqueurs.

-Lèv! Attends moi! Tu n'es pas curieuse de ton résultat?

-Je m'en moque, avouais-je. Ce n'est pas mon tour cette année. C'est celui d'Hunter. Où est-il d'ailleurs?

-Aucune idée. je ne peux pas savoir les résultats de l'autre sélection. Mais tu ne devrais pas partir tout de suite.

-Pourquoi?

-Tu devrais retourner au centre d'abord.


Ma mère et Yin m'attendent déjà, confortablement assises dans le bureau du directeur. Il n'y a pas de siège pour moi alors je reste debout, inconfortablement, vaguement inquiète. Zeke garde une main sur mon épaule pour me rassurer, ce qui contribue à me faire croire que quelque chose ne va pas. Le directeur, un homme rougeaud et massif, m'adresse un sourire derrière sa moustache.

-Félicitations Dehlilah. Leven. Vous avez été choisie par la quasi totalité des vainqueurs.

Perplexe je fronçais les sourcils. Ma mère aussi mais pour une autre raison.

-Quasi-totalité? s'indigne-t-elle.

Et elle jeta un regard assassin au pauvre Zeke qui avait l'air un peu trop coupable. Bizarrement je me sens un peu mieux. Au moins j'ai un ami de mon côté.

Leven Dehlilah : les 85èmes Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant