Le retour dans l'ascenseur est silencieux. De temps en temps je surprends le regard d'Ahren qui nous détaille d'un air anxieux, ou de Saya qui fixe le plancher, absente. C'est la dernière soirée que nous passerons ensemble. ils disent adieu au moins à l'un d'entre nous. Maintenant je sais pourquoi je n'étais pas tant effrayée par la perspective de déblatérer devant Panem tout entier. Ce n'est rien en comparaison de ce qui va commencer demain. J'ai l'impression d'avoir du caoutchouc dans les intestins.
-Vous avez été magnifiques tous les deux, murmure Ahren.
-Vous pensez que les interviews ont augmenté notre nombre de sponsors?
-C'est certain. Et il ne cessera de croître. Plus les jeux avanceront, plus les gens vont réaliser à quel point vous êtes forts.
-Demain à la Corne vous saurez quoi faire. Aucun tribut sain d'esprit n'osera vous affronter directement, du moins le premier jour.-Ce qui veut dire que vous devrez les y forcer.
-Mais on ne vous demande pas d'y réfléchir. Une fois que les jeux seront lancés, tout cela deviendra mécanique.
Malgré tous mes efforts, je n'arrive pas à fermer l'œil. Le réveil indique trois heures du matin, ce qui veut dire que je devrai me lever dans cinq heures, les jeux débutant à dix heures. Juste le temps de manger, d'un dernier conseil de la part de mes mentors ou d'Amalia, et que Morphée me prépare pour l'arène. J'arrête de gigoter entre mes draps pour essayer de me reposer mais c'est encore pire. Dans le silence je peux entendre le moindre de bruit. L'eau qui coule dans les siphons de la salle de bain. La fête qui rugit dans les rues du Capitole, dehors, à l'air libre. Les battements de mon propre cœur.
Exaspérée je repousse les couvertures et sort dans le couloir en silence. Le carrelage glacé soulage la pression dans mes plantes de pieds. Pas un bruit dans la chambre d'Hunter. Lui aussi peut-être veille-t-il. Mais je ne veut pas lui transmettre mes angoisses. Un léger ronflement depuis la chambre d'Amalia me fait sursauter. Celle-là semble bien dormir en revanche, ce qui me fait sourire. Je me promet d'en parler à Hunter si nous survivons tous les deux à demain.
Il y a déjà quelqu'un dans le salon. Face à la baie vitrée, son visage se reflète dans la glace et il sursaute légèrement quand nos regards se croisent.
-Leven tu ne dors pas?
Ahren se retourne vers moi et je remarque que sa chemise blanche est entièrement ouverte, dévoilant un torse musclé à la peau tannée. Plus important, il tient un verre de whisky à moitié vide dans la main. Et à en juger par la bouteille sur la table basse, ce n'est pas son premier verre de la soirée. Je ne commente pas.
-Trop de remue-ménage dans la tête. Et toi?
-Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les matelas du Capitole ne sont pas si confortables.
Ses yeux sont cernés cependant. Visiblement il a fait un cauchemar. Tous les vainqueurs en font et personne n'en parle. Ce qui explique l'alcool.
-Je n'arrête pas de penser...à ce qu'il va se passer demain.
Aussitôt Ahren reprend un air soucieux, endossant son rôle de mentor.
-C'est à dire? Tu doutes de notre stratégie?
-Non!...pas vraiment. Mais je me demande...
J'hésite, je me tais. Je ne parle jamais de cela. Pas à la maison, pas au centre. Ni à ma mère, mi à Yin, ni à aucun vainqueur que je connais, Zeke y compris. Je ne pense pas que ce genre de doute serait bien perçu. Mais Ahren à l'air inquiet maintenant. En tant que mentor, je ne pense pas qu'il ira cafter que j'ai la frousse. Et il attend d'un air patient que je m'explique.
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Leven Dehlilah : les 85èmes Hunger Games
FanfictionDans un pays apocalyptique nommé Panem, les douze districts s'apprêtent à envoyer 24 enfants combattre jusqu'à la mort. Dans le district deux, Leven Dehlilah , fille de vainqueur, s'entraîne depuis toujours pour survivre aux jeux... Que les 85 èmes...