Chapitre 9

7 4 0
                                    

         Ils sont arrivés sans un bruit. Et quand nous nous sommes reveillés il était trop tard. Je n'ai pas eu le temps de crier. De réflechir.

Hunter m'a repoussé lorsqu'Odinah s'est jeté sur lui pour lui trancher la gorge. Thread et Clancy continuaient de se battre dans le noir.

J'avais courru, loin d'Hunter, loin de mon meilleur ami. 

Le canon a sonné, une fois. Boum.

Boum, boum...boum, boum...

Le canon implacable contre le bruit effrené de mon coeur.

Ma vie contre la mort d'Hunter.

La mort d'Hunter. Hunter. Est. Mort.

Nauséeuse je tombais à genoux contre un arbre qui surplombait le lit de la rivière. Je vomis mais l'odeur me surprend. Du sang, pas de la bile. Ma main se pose instinctivement sur mon ventre et une douleur intenable me traverse. Je suis blessée. Quand et comment?

Puis je me rappelle, Odinah, le couteau avant que Hunter ne se jette devant moi...

J'ai un gros trou qui ressort dans le dos. Je vais mourir. Et rejoindre Hunter.

Ce fut la dernière pensée cohérente que je formais. La seconde d'après je basculais tête en avant dans la rivière et le courant m'emporta au loin.



Le centre me paraissait immense la première fois que j'y était entrée. Je venais d'être intégrée dans une équipe de dizaine de gamins, patauds et gauches, tous âgés de dix ans. Je faisais un gros effort pour garder la tête haute, le regard dur. Dans ma bouche, le poids du saphir qu'on vient de m'incruster me paraît lourd, étranger. Il est là pour me rappeller qui j'étais. Et qui j'allais devenir.

La femme qui nous guide adroitement entre les rings et les mannequins, je la connais. Je ne lui jamais vraiment parlé mais c'est une ami de maman. Elle s'appelle Yin et je n'ai pas besoin d'en savoir plus.

Tous les jeunes arrêtent leurs activités sur notre passage pour nous reluquer. Des garçons capables de soulever une petite voiture à mains nues. Des filles qui connaissent vingt manière de tuer avec une épingle. Certains sont curieux, d'autres narquois.

Yin se retourne vers nous au milieu de la salle et nous regarde pour la première fois depuis que nous sommes ici.

-Bien. Dans six mois la moitié d'entre vous si ce n'est plus nous quittera. Cette premièreleçon a pour objectif d'identifier vos talents. On vous demande de faire une démonstration rapide de ce que vous voulez. Leven tu commences.

Oh non, pensais-je en voyant tous les regards, et pas seulement ceux des premières années se tourner vers moi. Heureusement je sais ce que je vais faire. Je me dirige vers les sabres et les épées, situées entre les massues hérissées de pointe et les couteaux effilés. Une petite bande de troisième années, arrogante et bruyante, s'y trouve déjà. Je reconnais deux têtes familières, l'une brune l'autre blonde parmi eux. Zeke et Hunter.

Je leur sourit, m'attendant à ce qu'ils me fassent signe ou m'encouragent, mais Zeke baisse les yeux et Hunter échange un regard amusé avec ses compères. Mon sourire meurt sur mes lèvres. Qu'est ce qui leur prend?

Consciente de l'attnetion générale, je me reconcentre et choisis un sabre.

-Tu es sûre petite, fait la voix d'Hunter. Une voix méchante, étrangère. Il faudrait que tu saches soulever ce genre de truc.

Des ricanements parcourrent les jeunes. Yin reste impassible mais le rouge, d'agacement, pas de honte, me monte aux joues. Je me met en position devant un mannequin, déciée à ne pas me laisser destabiliser.

Leven Dehlilah : les 85èmes Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant