Chapitre 7

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     Le lendemain, je décide qu'il vaut mieux être un garçon pour participer aux Hunger Games: ils n'ont pas trois heures à passer chez l'esthéticienne ou avec leur hôtesse. Pendant que je m'échine à marcher droit dans des talons de quinze centimètres ou a m'asseoir sans coincer les volants de ma jupe, Hunter peut m'observer parader dans les chaussures d'Amalia. Il s'esclaffe quand je trébuche mais me rattrape avant que je ne m'étale.

-Attends un peu qu'elle mette la main sur toi pour t'enfiler une perruque, menaçais-je.

En effet elle se tourne vers lui et le force à s'asseoir de trente six manières différentes jusqu'à ce qu'il se trompe et s'écroule à côté de la chaise. Au bout de deux heures, Amalia gémit avec exaspération tout en gardant ses lèvres pincées dans un sourire poli, ce qui est un peu effrayant. Heureusement nous nous en sortons mieux pour la partie échange. Ahren et Saya ont décidé que nous devons garder la carte des descendants de vainqueurs dans la manche. C'est ce qui nous a apporté la sympathie du public en premier. En quatre vingt ans,  sept descendants de vainqueurs ont gagné les jeux. Gloss et Cashmere du un ont fondé la "Grandine family" en réitérant l'exploit de leur mère Amber. Céleste, Ahren, Zeke... Toutes ces personnes avaient un avantage initial grâce à la réputation de leurs ancêtres.

Saya et Ahren nous posent quelques questions d'interview pour adapter nos réponses à notre approche commune. Comme toujours nous représentons plus qu'un binôme. Des amis. Je sens que cette honnêteté va nous exploser à la figure une fois dans l'arène.

-Hunter qu'as tu ressenti lorsque Leven a levé la main?

-Leven comment comptes-tu tuer tes adversaires? Ne ressens-tu aucune angoisse à l'idée d'être la plus jeune des carrières?

A la fin de notre session je suis épuisée. Mais il faut encore passer sous les mains des esthéticiens. par miracle j'échappe au vernis et je soupçonne l'intervention de Morphée. En revanche j'écope d'un lourd maquillage qui vient accentuer chaque angle de mon visage, rendant mon profil aussi saillant qu'une lame de couteau. Mes yeux sont noirs comme du charbon, mes lèvres rouges comme du sang. j'ai l'air bien plus âgée, dix-huit ans presque. Personne ne me prendra pour une gamine ce soir. Mes cheveux sont lissés, ce qui les rallonge de cinq bons centimètres. Emilia m'applique une laque parfumée avant que Morphée ne nous rejoigne. Mes escarpins noirs ont des talons de dix centimètres avec lesquels je peux marcher aisément, tant ils sont  confortables.

-Ferme les yeux, me conseille mon styliste avec un sourire mystérieux.

Je m'exécute, et ils m'aident à enfiler ma robe, dont le léger tissu glisse sur mon corps poli. Quand j'ouvre les yeux, j'ai un instant de choc. Pas de paillettes, de strass ou de couleurs chatoyantes pour moi ce soir. Pas même de bleu ou de doré. Ma robe, courte et moulante, retenue par deux fines bretelles, est taillée dans un velours d'un noir d'encre. Une maille transparente couvre mon abdomen à la manière d'un corset. Des gants de cette même fabrique entourent mes mains sans recouvrir mes doigts et remontent jusqu'au dessus de mes coudes. Pas de fioritures. Pas de bijoux. Mon saphir suffit. Je reste époustouflée. J'ai l'air indestructible, dangereuse. Fatale.

-Oh Morphée. Merci.

-Je me suis dit que tout ce noir te donnerait un peu plus confiance en toi. De plus tout le capitole s'attend à te voir débarquer en bleu, comme pour la Parade. Hors de question que tu sois aussi prévisible. Et tu serais assortie à César.

J'éclatais de rire. César Flickerman, le présentateur qui s'occupait des interviews, portait chaque année son inusable costume bleu nuit.

-Hunter? vérifiais-je.

-Assorti bien sur. Vous serez redoutables tous les deux.

Bélisama gloussa derrière moi.

-Avec ça même le bel Ahren sera à tes pieds!

Leven Dehlilah : les 85èmes Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant