Je ne hurle pas. je ne tombe pas de ma chaise en panique. Je tressaille à peine. Les yeux au fond de mon assiette, je serre le manche de ma cuillère jusqu'à sentir l'argent rentrer dans ma chaire. Hunter n'est pas là. Hunter est retourné au deux entre quatre planches. Ils l'ont déjà enterré sans doute. Hunter est mort.
Mort, mort, mort, mort.
Quand je relève la tête mon hallucination a disparue et je continue mon repas comme si tout allait bien. Mais cela ne suffit pas à tromper Ahren.
Dix minutes après être remontée dans ma chambre, j'entends frapper à ma porte. Par réflexe je prends un verre à pied sur mon buffet intérieur et ouvre en restant sur le côté. je ne me détends qu'en reconnaissant la haute silhouette de mon mentor.
-J'ai pensée qu'une visite de courtoisie s'imposait avant la nuit.
Il entre et s'assoie sur un des fauteuils pendant que je referme la porte.
-Assieds-toi.
En voyant que je reste gauchement debout, il insiste.
-Il va falloir réapprendre tout cela. La vie normale. Parler à un ami, faire tes courses, dormir. Je comprends que tu sois effrayée, c'est totalement normal.
-Je ne suis pas traumatisée.
-J'ai des yeux tu sais? Je vois comment tu gardes toujours un objet sur toi pour te défendre.
-Ce n'est pas vrai.
Il lance un coup d'œil à verre dans ma main.
-J'avais soif, me défendis-je.
-S'il te plait Leven. Maintenant dis moi ce que tu as vu au dîner. Je te promets que je ne penserais pas que tu es folle, si c'est ce qui t'effraie. Tous les vainqueurs passent par là. Tu les entends la nuit n'est ce pas?
Lentement, je m'assoie sur le bord du lit. J'aimerais dire ce que je vois, ce que je ressens. Mais alors on ne s'adresserait plus à moi de la même manière. On aura pitié de moi, ma mère aura honte, mon district méprisera la faible vainqueur que je suis devenue.
-La fille de mon district. Et tous ceux que j'ai tué dans l'arène. ce sont eux que je vois dans mes cauchemars.
-Moi...je vois Hunter. Je le vois même quand je ne dors pas.
-Cela peut arriver aussi. Tu apprendras à surmonter ta culpabilité même si ce sera dur, et long.
Ma voix se craquelle, je dois faire un gros effort pour ne pas pleurer.
-Il n'aurait pas du mourir. Il n'aurait pas du se sentir obligé de me laisser gagner.
-Il ne t'a pas "laissée gagner". Il a fait le choix de te protéger et il se réjouirait que tu sois vivante. Je sais que c'est injuste. Mais tu n'es pas responsable de sa mort. Tu n'es pas faible à cause de ce que tu ressens.
-Je ne suis pas sûre de te croire.
-Ce n'est pas grave. Je te le répéterai jour après jour, cent fois s'il le faut, jusqu'à ce que tu le croies toi aussi.
Sa montre émit un bip sonore et il grimaça.
-Aïe je suis en retard.
Je repense soudain à son médaillon, que j'avais gardé sur moi depuis l'interview. Je le retire pour lui rendre.
-Je te l'avais promis. Pour après les Jeux.
Ahren sourit et enfile le bijou.
-Merci. J'en aurais sans doute besoin ce soir. Mais je savais que tu serais capable de tenir cette promesse. Demain c'est le retour au deux. Dors autant que tu peux d'ici là.
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Leven Dehlilah : les 85èmes Hunger Games
Fiksi PenggemarDans un pays apocalyptique nommé Panem, les douze districts s'apprêtent à envoyer 24 enfants combattre jusqu'à la mort. Dans le district deux, Leven Dehlilah , fille de vainqueur, s'entraîne depuis toujours pour survivre aux jeux... Que les 85 èmes...