Chapitre 3

59 4 20
                                    

Assis dans mon lit, je l'attends. J'ai cru qu'il allait se rappeler qu'on devait passer la soirée ensemble mais il n'arrive pas. Il a dû choisir Elin.

Alors que j'allais me lever pour me préparer à sortir, la porte de la chambre s'ouvre sur Henry. 

- Je suis désolé, il dit en posant deux cartons à pizza sur son bureau. J'ai croisé Elin, elle m'a embrouillé, ça m'a retardé. J'espère qu'elle est encore chaude.

Il me tend un des deux cartons. Carton contenant ma pizza préféré. 

- Série ? Film ? Il me demande en sortant son ordinateur et en s'asseyant sur son lit. 

Il tapote la place à côté de lui et je le rejoins. 

- Série, je réponds en prenant ma première part de pizza.

On en choisit une qui nous intéresse tout les deux et on laisse la série défiler, épisode par épisode. Nous nous contentons seulement de manger notre pizza. Quand la première saison se termine, Henry met sur pause, pose sa boite par terre et se tourne vers moi.

- J'ai vraiment été un mauvais pote, hier. Et... Et même plusieurs fois avant. Je suis vraiment désolé, Walt'.

Je lui souris, lui affirmant que je ne lui en veux pas. Et, ne voulant pas l'entendre s'excuser encore plusieurs fois, je change de sujet.

- Pourquoi Elin t'a embrouillé ? je demande.

- Chose merdique. Elle m'a dit qu'on passait pas assez de temps ensemble, qu'elle voulait être plus considérée, un truc du genre. En bref, je passe tout mon temps avec elle mais ça lui suffit pas.

- Cette fille sera ta perte.

- Ouais, mais c'est une fille canon.

J'essaye de ne pas montrer la jalousie qui monte en moi dans ma réponse. Et, bon sang, ce que c'est compliqué.

- La beauté ne fait pas tout, Henry. 

Il souffle et sa tête cogne contre le mur.

- Mais... Elle a que ça ! Sans être méchant, hein. Je l'aime mais... Elle veut tout le temps être avec moi, quitte à ne plus avoir de vie sociale. On parle tout le temps d'elle, elle ne me demande jamais comment je vais. Je... C'est toujours tout pour elle ! Jamais pour moi.

- Elle causera ta perte, je te l'ai dit. Toxique, fuis. 

- Mais je l'aime. C'est ça le problème. 

- Tu seras encore plus mal en restant avec elle qu'en la quittant. 

J'avoue que, au début, je disais ça juste pour pas que mon meilleur ami se sente mal. Puis, plus j'y réfléchis, plus j'aime cette solution. Elin, loin, bien loin d'Henry.

Henry regarde le plafond, perdu dans ses pensées. Pour le faire revenir, je lui balance mon carton à pizza dans la tête.

- Walter ! 

- Bah quoi ? T'avais l'air bien loin, fallait que je te fasse revenir. 

- Je réfléchissais.

- Parce que ça t'arrive de le faire ?

- Ah ah, très drôle. 

Il la relance sur moi, et je l'évite. Nous finissons par gentiment nous battre, nous envoyant les oreillers dessus. Mais nous nous arrêtons rapidement, quand notre position peut devenir gênante. Lui sur moi, entre mes jambes. Entre notre position et la bataille qui nous a fait transpirer, quelqu'un qui rentre dans la pièce peut se demander ce qu'il s'est passé. Mon cerveau tourne à mille à l'heure, cherchant la bonne répartie à sortir, quelque chose pour détendre l'atmosphère. Mais, la seule chose qui vient, c'est sa réaction quand je lui ais dit la réponse que j'avais donné à Elin. Le fait que je lui tienne la bite ne le laisse pas indifférent. Connaissant la réaction que ce genre de pensée a sur mon corps, je me relève rapidement, récupère les deux boites de pizza, marmonne un rapide "je vais à la poubelle", avant de m'enfuir dehors. Une fois devant l'internat, je m'autorise à reprendre mon souffle.

J'ai merdé. Il va se douter de quelque chose là, non ? J'ai fuit. Pourquoi j'ai fuit ?

Je m'assoie contre un mur et récupère mon téléphone dans la poche de mon jean. Rapidement, je compose un numéro que je n'avais pas fait depuis longtemps.

- Walter ? Il est vingt-trois heures, qu'est-ce qu'il y a ?

J'avais oublié comment la voix de Judith est douce et apaisante.

- J'ai merdé, je souffle simplement.

- Merdé ? Avec quoi ?

- J'ai un colloc dans ma chambre et... Bah, je l'aime plutôt bien. Mais je te raconterais tout en détail quand je rentrerais. Enfin, bref. Ce soir, on s'amusait et... On s'est retrouvé dans une position plutôt... Ambiguë. Et j'ai fuit. 

Elle ne dit rien, mais je l'imagine hocher la tête au fur et à mesure.

- Ecoute, Wawa, il est tard. Retourne dans la chambre et couche toi. Je sais que c'est pas le meilleur conseil mais, là, je n'ai rien d'autre qui vient. 

Je souffle. Je m'attendais à mieux, mais je comprends.

- Je... Ouais, ok. 

Elle raccroche. Recommencer une amitié, c'est compliqué. 

Je me relève, balance les cartons de pizza à la poubelle et retourne dans la chambre. Les lumières sont éteintes et Henry est couché. Je n'aurais pas à parler de ma fuite, et ça me rassure. Alors je me couche également, laissant de côté le brossage de dent. Je me mets sous la couette, la fraicheur de l'automne l'obligeant, et commence à m'endormir.

- Walter ? J'entends au loin, alors que je tombe peu à peu dans le sommeil. Je suis désolé. Pour tout. Je suis juste... Putain de perdu.

Henry est perdu ? Perdu dans quoi ? Et...

Mes pensées s'arrêtent et je tombe dans le sommeil.


I don't wanna be your best friends (Walty story)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant