Chapitre 10

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Entre Henry et moi, tout est redevenu comme avant. Nous sommes deux simples meilleurs amis qui faisons des conneries en cours ensemble. Plus les jours passent, plus le sourire sur mon visage devient mensonger, mais tout le monde n'y voit que du feu. Henry fleurte de nouveau avec des filles, me demandant de l'aider pour ses rencards, et je fais de mon mieux pour qu'il plaise à la fille. 

Enfin, tout est redevenu dans l'ordre. A part mon cœur blessé et les larmes qui montent à chaque fois que la lumière s'éteint et que je me couche dans mon lit, à cet endroit même où Henry m'avait dit qu'il voulait me faire sien. Les images de ce soir là reviennent sans cesse, et chaque soir j'ai l'impression que mon cœur se brise un peu plus.

- C'est bien mis comme ça ? Demande Henry en se tournant vers moi. 

Je finis de nouer ma cravate et me tourne vers lui. 

- Nickel. Moi ?

- Nickel aussi. 

Il ouvre la fenêtre et refait en vitesse son lit. Aujourd'hui est la journée des parents, la journée où, chaque seconde qui passera, j'aurais l'impression qu'on m'enterre doucement.

- Prêt ?

- Ouais.

On sort et allons devant l'école, là où les parents arriveront dans quelques minutes. On y retrouve tout le monde, tous un peu stressé.

- Tes parents viennent, cette année ? Demande Stella à Wilhelm.

- Je ne crois pas. Mais, franchement, je ne préfère pas qu'ils viennent.

- ça ne s'était pas améliorer avec ta mère ?

- Si, mais... C'est toujours tendu, parfois.

Les premières voitures arrivent. Stella s'en va, suivit par Fredrika, et je vois celle de mes parents. Je respire un grand coup, me tiens droit, et m'avance vers eux avec un grand sourire.

- Walter ! Mon grand garçon !

Ma mère me prend dans ses bras et me serre fort. Mon père, lui, se contente juste de me taper l'épaule.

- ça va mon grand ? 

- ça va, ça va. A la maison, ça va ?

- Très bien. Juste ta mère qui se plaint que tu n'appelles pas souvent.

Je ris, gêné. 

- Vous savez, ici, on bosse beaucoup.

- Je m'en doute, mon grand. Ton père en fait des tonnes, tu le connais. Donc, tu vas bien ? Rien de casser ?

Elle prend mon menton dans sa main pour inspecter ma tête sous tous ses angles. Après tout ce qui s'est passé l'année dernière, elle s'inquiète un peu pour moi. 

- Notre fils va bien ! Elle s'exclame en se tournant vers mon père. 

- Et si tu nous faisais visiter ? 

J'accepte et leur fait faire un tour d'Hillerska. Je le fais plus par politesse, car ils connaissent déjà l'école par cœur, et par crainte de me retrouver seul dans une pièce avec eux. Ils n'avoueront jamais leur homophobie en public, leur fierté en prendrait un coup, alors ils attendent d'être seul avec moi.

- ça n'a pas beaucoup changé depuis l'année dernière, remarque ma mère.

- Il n'y a eu qu'un an, en même temps.

- Oui, c'est vrai. Montre nous ta chambre. Tu as augmenté de niveau, on verra quelque chose de nouveau.

Je les emmène doucement vers la chambre que je partage avec Henry et toque avant d'entrer, au cas où il serait là avec ses parents. Aucune réponse, j'entre et laisse passer mes parents.

- Tu partages toujours ta chambre ? Me demande mon père.

- Oui. Avec Henry, la même personne que l'année dernière.

Il hoche la tête et fait rapidement le tour.

- Dis nous, tu es toujours dans cette mode bizarre ?

J'hausse un sourcil. Je n'ai jamais suivit de mode, je ne comprends pas de quoi il parle.

- Quelle mode ?

- Le gay, là. Celle d'aimer les garçons.

J'aurais dû m'en douter...

- Ce n'est pas une mode, papa. 

- Si tu insistes. Mais cette phase commence à être longue, Walter.

- Ce n'est pas une phase non plus.

Ma mère m'invite à m'assoir à côté d'elle sur mon lit, ce que je fais. Mon père se met de l'autre côté.

- On a réfléchit avec ton père et... On aimerait que tu ailles voir un psy. Cette rébellion d'adolescence commence à être longue, il pourra surement t'aider.

- Mais quand est-ce que vous allez comprendre que ce n'est ni une mode, ni une phase, ni une rébellion d'adolescence ?! C'est comme ça que je suis, c'est comme ça que je serais toujours ! Pourquoi ça ne vous dérange pas quand c'est les autres mais, quand c'est moi, ça vous dérange autant ?

- ça nous dérange aussi chez les autres, bonhomme, répond mon père. Mais ce n'est pas à nous de faire l'éducation des enfants des autres, alors on ne dit rien. Toi, tu es notre fils. C'est à nous de t'éduquer. 

Je me lève et me dirige vers la fenêtre, voulant m'éloigner d'eux.

- Vous la faites mal, votre éducation. A la place de me soutenir, vous ne faites que me faire me sentir mal. Je n'irais pas voir de psy, il ne changera rien à ce que je suis.

- Walter, ce n'était pas une...

Mon père est coupé par la porte de la chambre qui s'ouvre. Henry entre doucement, suivit pas ses parents.

- On dérange ?

- Non, je réponds. La discussion était finit, de toute façon.

- Absolument pas. On reprend ça plus tard.

Mes deux parents se lèvent et vont serrer la main des parents d'Henry. Le roux, lui, en profite pour s'approcher de moi et me chuchote : 

- Tout va bien ?

- Ouais, ne t'en fais pas. 

Nos parents parlent un peu entre eux, refaisant connaissance comme l'année dernière. Dans leur manière de parler, on a l'impression qu'ils ne se sont pas vu l'année dernière. Le pot d'accueil allant commencer, mes parents me font signe de sortir.

- On en reparlera, me chuchote mon père quand je passe à côté de lui. Tu iras voir un psy pour sortir de cette mode.

Cette phrase me vaut un haussement de sourcil d'Henry, mais je lui fais signe que tout va bien avant de sortir.

Pourquoi je sens que ce n'est que le début du cauchemar ? 

I don't wanna be your best friends (Walty story)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant