J'accroche l'étoile en haut du sapin, sous le visage heureux de ma grand-mère. Nous avons passé la journée à décorer la maison pour les fêtes et, désormais, l'esprit de Noël est présent.
- Tu rentreras chez tes parents pour les fêtes ?
- Je ne sais pas. Je ne sais même pas s'ils ont remarqué mon absence, honnêtement.
Je n'ai pas reçu de message de leur part me demandant où je suis passé, signe qu'ils n'en ont pas grand chose à faire de moi. Les seuls messages que je reçois, c'est ceux d'Henry. Il me fait part de toutes ses avancées dans ses recherches de lui, voulant sûrement me prouver qu'il tient à moi.
- Papa a toujours été comme ça ?
ma grand mère lâche un petit soufflement de nez avant de me répondre.
- Malheureusement, oui. Il a toujours eu les idées bien en place, détestant qu'on le contredise. S'il pensait quelque chose, tout le monde devait aller dans son sens. La seule personne avec qui il n'était pas comme ça, c'était sa mère. Mais tu sais tout comme moi qu'elle a décidé de partir. Il s'est fait encore plus dur, plus sévère. Quand il nous a présenté ta mère pour la première fois, on était soulagé avec ton grand père. On pensait qu'elle le calmerait, qu'elle lui montrerait que chaque individu à des avis différents, elle qui était si douce. Mais ça a été l'inverse. Elle est devenu petit à petit comme lui.
- Et je suis tout ce qu'il n'aime pas. Un pas très bon élève, gay, et qui veut faire du théâtre plutôt que de suivre ses traces.
- Mais tu ne dois pas vivre pour lui, Walter. Vis pour toi, pour tes rêves. Tu deviendras peut être riche et célèbre, un jour. A ce moment là, ta vengeance sonnera. Tu es comme tu es, ce que tu es, et c'est parfait comme ça.
Je lui souris, heureux d'avoir quelqu'un qui me soutient dans mes projets.
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Je pousse la grille en métal. Un gros manteau sur les épaules et un bonnet sur la tête, j'ai froid. La neige a arrêté de tomber mais laisse un magnifique blanc au sol, gardant les traces de mes pas entre les tombes. Chaque nom est une personne morte. Chaque personne avait des gens qui tenait à eux. Et, désormais, ils sont seuls, ici. Un jour, j'en ferais partie.
Je tombe enfin sur son prénom et m'arrête. Dessus, les fleurs sont mortes, ayant pris froid, et la neige recouvre ce qu'il en reste. Je m'accroupie et pose une main sur la pierre. J'ai froid au doigt mais je ne la retire pas.
- Salut papi. Je suis désolé de ne pas être venu à l'enterrement, ton fils n'a pas jugé bon de me mettre au courant que tu n'étais plus de ce monde. Et dire que j'ai passé une journée de cours basique, alors qu'on t'enterré. Enfin, elle était basique jusqu'à ce que je vois la story de Elena, ta petite fils, qui te rendait hommage avec des photos. Oui, c'est comme ça que j'ai su que tu étais mort. En story Instagram. C'est un comble, pour toi qui détestait la technologie.
Je souffle, essayant de retenir tant bien que mal mes larmes.
- Ton fils ne m'aime toujours pas, papi. Je ne sais pas pourquoi ils ont décidé d'avoir un enfant si c'est pour le détester. Je me suis réfugié chez vous, je tiens compagnie à mamie. Je ne sais pas pourquoi papa ne l'a jamais aimé, mamie est tellement gentille. Je comprends pourquoi tu l'aimais.
Je me réinstalle mieux sur mes appuies puis reprend :
- J'ai rencontré un garçon, papi. Je t'en avais déjà parlé, je crois. C'est Henry, je ne sais pas si tu te rappelles de lui. On a commencé à être plus ou moins ensemble mais... Mais ça ne s'est pas très bien terminé. Je l'ai quitté, pour un tas de raison. Une fille, du nom de Lola, s'amuse à dire à tout le monde que elle et Henry sont ensemble. Son ex, Elin, l'a trompé et il est encore blessé. J'ai peur, papi. Peur d'être blessé dans cette relation. Henry ne sait plus quoi faire tellement il a de chose qui lui tombe dessus. Et moi... Moi je voudrais être là pour l'aider ! Je voudrais tellement pouvoir l'aider... Mais j'ai l'impression que ça reviendrait toujours à me blesser. Mais il y a un autre problème, c'est que je l'aime et que la situation dans laquelle on est actuellement me fait mal. J'envie mes amis heureux et ensemble, les couples dans la rue. J'aimerais pouvoir faire tout ce qu'ils font avec lui.
Au loin, les cloches sonnent, m'annonçant que je vais devoir rentrer. Alors je me relève et essuie mon visage dans ma manche. J'ai pleuré...
- Je t'aime papi, j'aurais tellement aimé te raconter tout ça en face. Tu me manques, repose en paix.
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I don't wanna be your best friends (Walty story)
Fiksi PenggemarWalter et Henry se sont toujours décrits comme deux meilleurs amis inséparables. Mais l'un d'eux ment sur ses sentiments. Et si tout cela changeait tout entre eux ?