Chapitre 30

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Boucler ma valise m'a rarement fait autant de mal. Pourtant j'en suis là, à me mordre la lèvre pour ne pas me mettre à chialer. Rassembler toutes mes affaires, m'assurer que je n'ai rien oublié... Cette impression de dire adieu, d'effacer la moindre trace de mon passage ici... C'est un réel crève coeur.

Je souffle longuement tout en récupérant mes affaires et referme la porte de ma chambre. Je dois me tenir encore deux heures. Deux heures avant de me mettre à pleurer. C'est rien deux heures. Et puis avec les litres de larmes que j'ai lâché ces dernières heures, je me dis que forcément, à force la source va être tarie. Non ?

- Tire pas cette gueule Louis ! S'exclame Oli lorsque j'ai enfin rejoint le hall d'entrée. C'est les vacances ! C'est cool !

- Ouais... C'est cool...

Ça aurait été super cool si je n'étais pas déjà en train de regretter ma décision. Heureusement, les arrivées successives de Lizzie, Paul et Diana me permettent de ne pas trop penser. Penser c'est ma perte. Penser c'est ressasser cette putain de soirée avec Harry. Ses lèvres contre les miennes, son souffle sur mon visage, ses mains sur mon corps.

Et ça me tue.

- Monsieur ! De l'aide ? S'exclame Paul en voyant Harry sortir de son ascenseur.

Pour vous la faire courte, il porte Arya contre lui, un sac de voyage sur l'épaule et a une valise dans chaque main. Je ne sais pas comment il fait pour tout porter et je comprends que sa gosse doit vraiment s'accrocher fort pour ne pas tomber.

- Louuuuu !

Voyant qu'elle commence à s'agiter, je me dépêche de la prendre dans mes bras. La proximité avec son père manque de me faire flancher mais je gère. En apparence en tout cas.

- Merci, murmure Harry sans me regarder.

Entre nous ce n'est pas froid, c'est glacial. Même Oli l'a remarqué. Pourtant Oli c'est pas le genre à s'attarder sur ce genre de détail. Mais ce matin, alors que je faisais petit-déjeuner Arya, il m'a demandé s'il s'était passé un truc « avec le boss ». Parce que, je cite : « Putain je vais choper une grippe tellement l'ambiance est gelée quand vous êtes dans la même pièce ! ».

Alors pour te répondre Oli, est-ce qu'il s'est passé un truc ? Hormis le fait qu'il a fourré sa langue dans ma bouche et m'a repoussé ensuite ? Rien. Oh et tu veux savoir pourquoi ? C'est parce que je m'entends bien avec son Gremlins de gosse. Fou hein ? Bienvenue dans ma vie de merde. Et tu veux savoir le plus drôle ? Tiens-toi bien mon pote parce que c'est HILARANT : je lui ai interdit de m'envoyer des messages pendant deux mois alors que je SAIS que je vais en crever de ne pas avoir de ses nouvelles.

Bon bien sûr, je me suis contenté de répondre un « Je ne vois pas de quoi tu parles ». Et comme c'est Oli, il y a cru.

- Lou ? Faim moi. Veux histoire aussi.

- Tu-

- Tu attendras, tranche la voix de Harry d'un ton sec. Tu mangeras dans le jet.

Ah oui et Harry est d'une humeur de chien aussi. Ça m'aide pas vraiment à me sentir serein. Je sens bien le coup que dans deux mois, il me demande de dégager de chez lui. Ça se trouve, il va en profiter pour remettre une annonce dans les journaux afin de me trouver un remplaçant ou une remplaçante plutôt, histoire de faire plaisir à sa belle-famille.

Alors j'essaie juste de me rappeler qu'il m'a remercié pour le travail que je faisais auprès d'Arya, que j'allais manquer à sa fille et qu'il ne voulait pas qu'Arya me perde.

J'avais pourtant eu espoir que notre relation ne pâtisse pas trop de cette soirée. Mais je crois que la nuit ne nous a pas aidé. Harry s'est renfermé et moi... Moi je m'en suis voulu pour mon comportement. J'en ai aussi voulu à Harry pour le sien.

Late Night Talking [Larry]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant