Chapitre 44

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Harry reste silencieux. Il attend que je sois prêt pour continuer mon récit. Je le remercie pour ça. Je le remercie pour cette capacité qu'il a à me mettre en confiance. Je ne me sens pas brusqué et c'est tant mieux.

Cette histoire, c'est la première fois que je la raconte. C'est la première fois que je la revis de manière volontaire. Je sais que c'est nécessaire, que je dois absolument me débarrasser de ce fardeau mais j'ai peur des conséquences. Peur complètement débile mais qui est encore bien ancrée en moi.

Alors j'essaie de gagner du temps. Je crois. Parce que je me mets à lui raconter nos dernières vacances avec Isaac. Il m'avait fait la surprise de m'offrir deux semaines paradisiaques aux Etats-Unis. On avait passé du temps à Los Angeles et j'avais vraiment adoré cette ville. Je ne sais pas pourquoi dans le fond. Peut-être parce que j'étais avec lui, peut-être parce que ça me sortait de ce que j'ai toujours connu à Doncaster.

Mon discours n'a aucun sens pourtant, Harry reste attentif. Il me confie à son tour qu'il a longtemps adoré cette ville. C'est d'ailleurs pour ça qu'il a tatoué sur le biceps « LA », non loin des initiales « NYC » et LDN », les deux villes qu'il adorait quand Jude et lui ont commencé à voyager pour leurs affaires et Londres, leur ville adorée.

- C'est clairement pas les plus réussis, il grimace. Mais à l'époque, je m'en foutais pas mal. Et aujourd'hui, je crois que je les trouve presque attachants. Ils me rappellent de bons souvenirs. Et j'aimais bien me tatouer ces moments marquants. Beaucoup de mes tatouages ont été faits sur un coup de tête.

- Tu en as vraiment beaucoup, je souris.

- Toi même ! Il réplique.

Et la légèreté de sa voix me fait rire. Je le pousse doucement de ma main sur son épaule et retrouve un peu de sérieux.

- Félicité a fait une overdose, ça tu le sais déjà.

Nous avons essayé de la sauver, mes soeurs, mon père et moi. Nous avons tout fait pour essayer de la sauver. A cette époque, Isaac était d'un grand soutien. Du moins, c'était ce que je pensais.

- Quand elle est morte, j'ai eu envie de retrouver les coupables. Ceux qui lui ont vendu cette merde. Ceux qui entretenaient son addiction.

Et quand j'ai compris qui c'était, je crois que je ne me suis jamais senti aussi coupable qu'en cet instant.

- Isaac ? Demande Harry tout bas.

Je secoue négativement de la tête :

- Son père.

Je finis par raconter un peu mieux qui était vraiment Isaac. Qui il a toujours été finalement.

- Isaac Milton est le fils unique de Tobbias Milton.

Harry arque un sourcil et mon coeur se serre :

- Tu connais ?

- De réputation uniquement, me répond le brun. Continue, Lou.

- Comme tu le sais, Tobbias Milton est un des producteurs américains les plus en vogue actuellement.

Ce gars brasse de millions chaque jour, enchainant les gros contrats, les grosses productions et étant décrit comme une des personnes les plus influentes dans le milieu du show-business. Isaac a grandi dans ce milieu ultra friqué, mais a quand même choisi de venir faire ses études à Londres, près de la famille de sa mère.

- Ma soeur rêvait de devenir mannequin, alors... Isaac s'était proposé d'en parler à son père. Moi je trouvais ça adorable de la part d'Isaac. Parce qu'il semblait vraiment le faire de bon coeur. Mais... Tout a un prix visiblement. Félicité n'était pas assez docile pour obéir gentiment aux ordres de mon beau-père. Alors il l'a charmée autrement.

Late Night Talking [Larry]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant