Chapitre 4. Aline.

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Avant de rentrer chez elle, Aline décida d'aller où elle trouvera la paix. Pas l'église, pas le parc, pas le lac mais la bibliothèque. Oui, la bibliothèque, ou plutôt, Aline ne l'appelait comme ça. Pour Aline, ce que les gens appelaient "bibliothèque" elle l'appelait "hôpital des âmes et du ceveau". Dans cet hopital, on se soignait par soi même. Les infirmières étaient les couvertures des livres, l'oxigène était les mots et le docteur était le livre en lui même. Car la seule solution pour échapper de la réallité de ce monde cruel, est de sauter vers un autre. Car il n'y a pas d'amis plus loyal qu'un livre. Si vous le laissez des années, seul, délaissé, vous reviendrez et vous le trouverez toujours là. Toujours présent. Même si vous le quittez, il ne vous quittera pas. Et à chaque fois que vous avez besoin de parler, ouvrez un livre et sans efforts, il parlera pour vous. C'est la magie des livres.
Lorsqu'elle entrebailla la porte, une cloche retentit indiquant son arrivée. Automatiquement, et sans savoir pourquoi, un sourir lumina le visage attristé d'Aline et la paix que tant lui echappait revint enfin. Pendant qu'elle examinai cette place, ou plutôt ce paradis de livres, des yeux, la voix de la dame derrière la caisse la réveillit.
- Bonjour Aline. La salua-t-elle avec un large sourir au lèvres.
- Bonjour Marie.
- Toujours le même rayon ? Demanda-t-elle avec le même sourir.
Madame Marie était la propriétaire de cette bibliothèque. C'était une dame de la quarantaine à peu près. Tellement Aline venait chaque jour ici, qu'elle finit par apprendre ses goûts littéraires.
- Non, au fait je viens vous demander un service.
- En quoi puis je t'aider ma fille?
- La dernière fois vous avez dit que vous avez besoin de quelqu'un pour ranger les anciens livres dans les cartons et mettre en ordre les nouveaux.
Un silence, la dame la regardait avec incompréhension et elle continua :
- Je suis là pour ça. Je veux travailler avec vous, si vous me le permettez.
Aline jouait avec ses doigts tout en parlant car elle avait peur qu'elle refuse. Or, la seule solution pour ne plus penser négativement à sa vie était ce poste dans cet endroit. Ça vie en dépendait.
- Eh bein, Miss Aline, bienvenue parmis nous. Déclara enfin Dame Marie.
L'euphorie et l'extase flomboyaient dans les yeux de miel de la jeune fille se tenant devant elle. Et, emportée par ce sublime sentiment, elle fit un calin à la dame derrière la caisse et murmura un dernier "merci".
- Chaque jour aprés l'école tu viendras pour m'aider. Le weekend tu viens le matin avant l'ouverture. Biensûr, tu pourras lire toute la journée comme tu le faisais depuis des mois déjà. Je te paierai et tu pourras emprunter le livre que tu veux sans payer.
Aline perdit vraiment les mots. Cette nouvelle était si belle et si relaxante qu'elle évapora tous ses maux et douleurs. Elle se décala de la dame et sortit. Elle marcha chez elle et une fois arrivée, quand elle ouvrit la porte de sa demeure, des cris l'accueillirent et son sourir s'éclipsa comme s'il n'avait jamais existé. Toute la joie s'envola libérant tout l'espace de son coeur à l'angoisse et la peur.
- Je suis là. Murmura-t-elle.
Elle vit sa mère passer tel un tonnerre les larmes aux yeux et son frère passer rageusement une main dans ses cheveux. Elle n'eut même pas le temps de repliquer que sa mère claqua la porte derrière elle et sortit.
Aline perdit sa voix. Pourquoi sa mère était comme ça ? Dans cet état ? Que s'était-il passé ?
- Dy...Dylan ? Bégaya-t-elle.
Son frère s'assit sur un des sofas et mit sa tête entre ses mains. La jeune fille, le corps tremblant, s'assit a coté de lui et passa une main sur son épaul. Elle savait que ce n'était pas le bon moment de lui parler donc elle mit sa tête dans le creux de son cou et il passa son bras autour d'elle.
Un moment après, sa mère entra, enleva son manteau et monta les escaliers sans dire le moindre mot. Mais Aline l'arrêta au milieux des marches et demanda :
- Maman, qu'est ce qu'il s'est passé ?
- Eh bien maman veut voyager pour une semaine avec l'inspecteur pour soit disant trouver papa. Répondit Dylan limite en colère.
- Oui mais je vais aller chercher votre père. Il va revenir et vivre avec nous. Il ne vous a pas manqué ? Il est en vie et il va revenir.
La mère essayait de dissuader ses enfants que leur père, son mari, est en vie et va revenir pour chauffer la maison après l'hiver de son absence.
Mais, en effet, au profondeur de son âme, c'était plutôt elle même qu'elle essayait de convaincre.
Dylan soupira bruyament pour refluer une nouvelle fois sa rage et s'écroula sur un canapé. Sa mère s'assit à côté de lui et dit calmement :
- Je vais ramener votre père. Pourquoi tu ne veux pas qu'il revienne Dylan ?
- Ce n'est pas que je ne veux pas, maman. Mais je sais qu'il ne reviendra pas car la mort est un voyage sans retour. Depuis trois ans tu repettes la même chose. Depuis trois ans je te vois souffrir d'un espoir qui peut être n'existe pas. C'est pour toi que je m'inquiète, maman. Répondit le jeune fils.
- Sache bien jeune homme que ton père n'est pas mort. Et même si je dois attendre l'éternité, je le ferai. Il a promit de revenir. Il y tiendra. C'était une promesse.
Par contre, ce que sa mere ignorait, c'est que toute promesse donnée ou prise, un jour, se brisera.
Sur ce, Aline se leva et entra à sa chambre. Elle s'allongea sur son lit et ouvrit son téléporteur magique, son livre.
L'entrebaillement de la porte de sa chambre la fit tressaillir car la scène qu'elle lisait était effrayante et elle crut pour un moment que le criminelle enfuyé de l'histoire qu'elle lisait avait attérit chez elle.
- Aline ? Je te fait peur ? Demanda sa mère sur le pas de la porte.
- Non non. Répondit elle en se redressant.
- Il est presque minuit ma fille, dors et pose ce livre.
Elle hocha la tête et rangea son livre. Quand sa mère sortit, elle se pencha vers sa table de nuit et le reprit.
- Non jeune fille. Au lit. Revint sa mère.
Elle sursauta une seconde fois et fit semblant de dormir. Le claquement de la porte de la chambre de sa génétrice lui garantie qu'elle ne reviendra pas donc elle re ouvrit le livre et plongea à nouveau dans son monde imaginaire.
Oui, certaines habitudes ne changent jamais, et dès que vous commencez un livre, les mots se transforment en drogue et vous devenez addicte. Comme les toxicos ont besoin de la drogue, les lecteurs ont besoin d'un livre.

Behind the walls of lifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant