XXI - PESADILLA

174 10 11
                                    








NILAJA

Ma vie n'a pas toujours été qu'une succession de malchance. Je dois avouer qu'à partir de ma seizième année, Dieu s'est souvenu de moi en me comblant de ses grâces.

D'une part en mettant sur mon chemin un garçon d'une bonté extrême, avec un cœur si large que j'ai eu la grâce de pouvoir y loger toute ma vie. Un homme qui a su m'aimer, moi, avec toutes mes qualités en plus de mes défauts. Ce même homme qui m'a traité telle une princesse durant de multiples années en me rappelant ma valeur.

D'autre part, Il m'a fait don d'une troisième famille, toujours par le biais de celui qui est devenu plus tard mon fiancé. J'ignore pourquoi, mais avant même que nous soyons ensemble, l'amour que Lakhdar me portait été si grand qu'il a menacé son père de refuser la vie de rêve qu'il lui avait promis si je n'en faisais pas partie.

Mon amour pour la psychologie ne lui était pas inconnu, au point de demander à ses parents de financer mes études dans la même ville que lui, dans la cas contraire, notre fugue serait inévitable.

Mon foyer représentait tout sauf une safe place pour ma santé mentale. Les répercussions se manifestaient autant physiquement que mentalement sur ma personne,  mon petit ami ne supportait pas de me voir me ronger de l'intérieur.

Malgré mes supplications, le fils Rahim n'a accepté aucun refus de ma part et a réussi à convaincre ses parents de m'emmener avec eux en Californie.

Une adolescente, raide dingue de son copain, qui se retrouve à plus de mille kilomètres de sa propre famille. Et de la prison qu'elle représentait.

Et finalement lorsque nous avons eu l'âge pour prendre notre indépendance, la petite ville de Marrero nous a ouvert les bras.

Donc non, ma vie n'a pas toujours été une partie de malheur, je suis mauvaise langue sur ce coup-là.

« Allez, Nilaja, tu devrais te réouvrir. »

« Peut-être que cet homme est fait pour toi »

« Laisse-moi ma chance »

Comment tenir alors que la personne presque parfaite n'est plus là auprès de moi ?

Les gens ne comprennent que je ne suis prête à rencontrer personne, parce qu'aucun autre homme n'aura la capacité de me rendre ce que l'on m'a pris.

Mes pensées sont interrompues par la fumée de cigarette que crache mon supérieur sur mon visage.

Déjà que partager le même air que cet individu est compliqué, il doit en plus le pomper de son poison buccale.

— J'ignore pourquoi tu te retrouves encore là, je ne reviendrai pas sur ma décision. D'ailleurs, je ne te laisse même pas le choix.

Voilà plusieurs jours que je rôde autour d'Alexander, cherchant désespérément à le faire revenir sur sa position.

Mais ce serait mal le connaître de penser que moi, Lawal, j'arriverai à le faire changer d'avis.

Un soupir m'échappe lorsque je pose mes coudes sur le bureau — bien trop petit —  qui nous sépare.

— Pourquoi, moi ? je me plains à court d'arguments.

— Pourquoi pas toi ? se moque-t-il en imitant ma position.

Un petit sourire se dessine sur son visage lorsqu'il apporte sa cigarette au coin de sa bouche.

—  En plus, tu n'auras plus aucune excuse pour pouvoir le voir un t-shirt en moins.

Mes joues s'empourprent de gêne, il me faut puiser dans toute la force que j'ai en moi pour ne pas lui en coller une.

VOLVER A AMAROù les histoires vivent. Découvrez maintenant