XXIV - FOBIA

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NILAJA

L'automne laisse doucement place à la saison voisine. Le mois de novembre touche à sa fin, le moins qu'on puisse dire, c'est que ça n'a pas été le mois le plus court de l'année.

Le mois de novembre clôture avec la fameuse fête qu'organise Camélia tous les ans, à laquelle je n'aime vraiment pas participer. Le fait que sa maison soit rempli de milliard d'inconnus m'angoisse, et cette année, je n'ai pas Lakhdar derrière qui me cacher.

Mais après les protestations de mes meilleures amies, je n'ai pas eu la chance de refuser l'invitation à la « soirée de l'année ».

Etant donné que mon supérieur n'a pas pointé le bout de son nez après l'accident de la semaine dernière, je me suis permise de quitter le travail un peu plus tôt, histoire d'avoir le temps de me préparer pour l'occasion.

Alors que je rassemble mes affaires, des grincements se muent derrière ma porte. Curieuse, je l'ouvre et je crus que mon corps allait lâcher de mille étages.

— Putain de merde, c'est une blague ?! je peste en reculant de plusieurs mètres.

Aussitôt que la poignée cogne contre le mur, quatre chats bicolores pénètrent dans mon bureau. Le premier qui frole mon tibia me laisse frissonner au contact de son poil épais avant de sauter sur mon canapé et de s'y installer confortablement.

Les autres comptes à eux sautent sur mon bureau ou devrais-je dire la pile de documents empilés sur le coin de la table qui chutent à leur passage.

C'est un cirque, dites-moi que ce n'est qu'un songe.

Affolée, je me précipite vers les couloirs à la recherche de quelqu'un qui souhaiterait bien me venir en aide. Bizarrement, le rez-de-chaussée est complètement vide.

Comme par hasard.

Mais c'est lorsque je décide de m'abattre sur les cuisiniers, un homme en blouse traverse rapidement le couloir sans jeter un coup d'oeil dans ma direction.

— S'il vous plaît ! je crie en lui emboîtant le pas.

Plus la distance entre nous se réduit, plus je me rends compte qu'il s'agît du docteur Fitzgerald.

Merde. J'aurai mieux fait de me taire.

Lentement, il se freine, tournant doucement son buste vers le mien. J'étouffe un cri de stupeur en voyant son visage rougi des égratignures et son oeil au beurre noir.

— Mais, qu'est-ce qui vous est arrivé ?

Mon doigt pointe la partie gonflée de son visage avec retenue par peur de le mettre mal à l'aise.

Contrairement à lui, je pense au confort de mon interlocuteur.

— Bonsoir... Oh, ça, ce n'est qu'un accident domestique que m'a fait subir l'un de vos patients, la semaine dernière.

Enos ?

— L'un de mes patients ? je répète, incrédule. Qui ça ? Et pourquoi ?

Ses yeux se lèvent par dessus ma tête, d'un mouvement de recul, il commence à me tourner le dos.

Mais qu'est-ce que vous avez tous à me parler sans finir aucune conversation ?

— Oh, et au fait... reprend-t-il, veuillez excuser mon manque de professionnalisme. Je n'aurai jamais dû rouvrir vos blessures du passé. Encore moins devant un inconnu.

Sur ces mots, Fitzgerald se retire, les mains dans les poches dans l'obscurité du couloir.

Déboussolée, mes pieds restent figés au sol, aucune réaction de ma part au point d'en oublier mon objectif premier.

VOLVER A AMAROù les histoires vivent. Découvrez maintenant